(BFM Bourse) - Hier jeudi, en dépit du caractère férié du jour (l'Ascension), le marché parisien ouvrait, et ce dans des conditions habituelles d'horaires et de cotation. Dans des volumes logiquement faibles en raison de l'absence d'une grande frange d'opérateurs, l'indice phare parisien, le CAC 40, a finalement clôturé en baisse (-1,15% à 4 445 points) une séance nerveuse et hésitante, marquée par une batterie de publications macroéconomiques de part et d'autre de l'Atlantique, sur fond de craintes d'un envenimement incontrôlable des tensions diplomatiques entre Washington et Pékin.
Côté chiffres macroéconomiques, les opérateurs ont pris connaissance des indicateurs d'activités (PMI, enquêtes auprès des directeurs d'achats). Pour les données synthétiques à l'échelle de l'ensemble de la Zone Euro, les premières estimations pour le mois en cours sont naturellement très largement sous la barre des 50 points, mais un un peu au-dessus des attentes: 39.5 pour l'industrie et 28.7 pour les services. Pour rappel, les scores pour avril sont ressortis respectivement à 33.4 et 12.0... IHS Markit précise: "L'économie de la Zone Euro est restée engluée dans son ralentissement le plus profond jamais enregistré en raison de mesures de confinement prises pour contrôler l'épidémie de COVID-19. Cependant, le taux de déclin s'est atténué, certaines franges de l'économie ayant commencé à sortir des blocages." Même son de cloche pour des indicateurs équivalents publiés aux Etats-Unis, respectivement à 39.8 et 36.9.
Les inscriptions hebdomadaires aux allocations chômage aux Etats-Unis, pour la semaine du 11 au 17 mai, sont ressorties à un niveau supérieur au consensus, à 2 438 000 nouvelles inscriptions. Déception également significative pour le Philly Fed (indice manufacturier de la Fed de Philadelphie). Le baromètre s'est enfoncé à -43.1, contre une cible à -40.0 et un point bas le mois dernier à -56.6.
Concernant les tensions entre Washington et Pékin, le président américain Donald Trump a encore haussé le ton mercredi sur la gestion du coronavirus par la Chine, affirmant qu'elle portait la responsabilité d'une "tuerie de masse mondiale"... Les derniers "pics" en date, de plus en plus provocateurs, de l'administration Trump laissent planer la menace d'un arrêt des activités de sous-traitance d'entreprises chinoises utilisant des composants de conception américaine, et la menace de nouvelles règles restrictives pour les investissements américains dans les sociétés chinoises dont les actions cotent aux Etats-Unis. Autre source potentiel d'accroissement des tensions, et non des moindres : l'annonce par la Chine d'un projet de loi de "sécurité nationale" sur Hong Kong, contre le pouvoir exécutif local, après les mouvements sociaux de 2019.
Sur la question de la pandémie proprement dite, qui est loin d'être derrière nous, l'OMS alertait jeudi sur un nombre record de nouveaux cas en 24h à l'échelle mondiale. Par ailleurs, l'attitude irresponsable de Trump, qui se targue de prendre un traitement d'hydroxycoloquine en prévention, et celle non moins irresponsable de J. Bolsonaro, qui laisse s'enfoncer son pays, le Brésil, dans une crise sanitaire profonde, font peur. Deux ministres brésiliens de la Santé ont successivement claqué la porte en quelques jours, face à un Président qui laisse le Nordeste à son sort, et qui fait de la cloroquine, comme son homologue américain, un remède miracle... Le 18 mai, l'éditorial du Monde commençait ainsi: Il y a, à n'en pas douter, quelque chose de pourri au royaume du Brésil, où le président, Jair Bolsonaro, peut affirmer sans barguigner que le coronavirus est une « grippette » ou une « hystérie » née de l'« imagination » des médias.
Le nombre de personne contaminées à travers le monde a franchi le seuil des 5 millions, pour plus de 330 000 morts, dont près de 95 000 rien qu'aux Etats-Unis.
Côté valeurs jeudi, quelques dossiers à fort effet d'amplification actuel perdaient en clôture un terrain très significatif, à l'image d'Eramet (-4,23% à 28,96 euros), Publicis (-4,82% à 24,28 euros), TechnipFMC (-4,84% à 6,526 euros), et surtout Natixis (-7,99% à 1,8310 euros). A l'inverse, Saint Gobain a gagné 4,87% à 26,07 euros, le spécialiste de la transformation de matériaux ayant redémarré son haut fourneau dans l'usine de Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle) mercredi. Renault (-1,52% à 17,706 euros), sera sous haute surveillance ce vendredi après les déclarations du Ministre de l'Economie et des Finances, B Le Maire, qui attend des engagements forts de la part du constructeur automobile avant de signer un prêt historique de 5 milliards d'euros.
De l'autre côté de l'Atlantique, les principaux indices sur actions ont clôturé la séance de jeudi dans le rouge, à l'image du Dow Jones (-0,41% à 24 474 points) ou du Nasdaq Composite (-0,97% à 9 284 points). Le S&P 500, baromètre de référence de l'appétit pour le risque aux yeux des gérants de fonds, s'est contracté de 0,78% à 2 948 points.
Un point sur les autres classes d'actifs à risque: vers 08h00 ce matin sur le marché des changes, la monnaie unique se traite à un niveau proche des 1.0930$. Le baril de WTI, l'un baromètre de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers, s'échangeait autour de 31,85$.
À l'agenda statistique ce vendredi, à suivre en priorité le compte-rendu de politique monétaire de la Banque Centrale Européenne (BCE) à 13h30.
A noter, pour les détenteurs de positions au RD: la liquidation mensuelle interviendra à la clôture de la séance du mardi 26 mai.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
L'indice phare parisien a dépassé les 5% de hausse lundi, avec une mobilisation du camp acheteur tout au long de la séance. Pour autant, aucun signal positif durable n'est à signaler. Cette mobilisation n'a pas signifié fédération. Les volumes sont restés finalement discrets et les secteurs ne se sont pas rassemblés d'une seule voix. La séance de mardi l'a parfaitement confirmé, avec une inflexion baissière précoce, dans des volumes nourris. L'indice hexagonal a réintégré avec franchise, une zone de travail entre 4 357 points, qui regagne ses galons de support, et les 4 600 qui eux, restent une résistance sérieuse. Au sein de cette figure va continuer de se tracer une figure chartiste symétrique peu avenante. Avis négatif proposé, avec une zone de danger identifié sous 4 330, et surtout sous les 4 120.
PREVISION
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnées, notre avis est négatif sur l'indice CAC 40 à court terme.
Ce scénario baissier est valable tant que l'indice CAC 40 cote en dessous de la résistance à 4600.00 points.

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