(BFM Bourse) - L'humeur était plutôt bonne lundi, à l'aube d'une semaine à fort enjeu (à haut risque disons-le !) sur le marché parisien, avec de nombreux rendez-vous majeurs, sur les fronts sanitaires, politiques, micro et macroéconomiques, et monétaires. Premier rendez-vous majeur: Edouard Philippe doit annoncer cette après-midi devant les Parlementaires les premières mesures encadrant la sortie de confinement. Le CAC 40 (+2,55% à 4 505 points hier) est attendu à l'ouverture sur une note neutre, avec la contrariété provoquée par une nouvelle rechute des cours du brut. Le baril de brut léger texan était rejeté direction des 10$, à un peu plus de 11$ en matinée.
"En effet les capacités de stockage sont pleins à environ 85% à travers le monde et la demande ne redécolle pas encore, ce qui met les producteurs indépendants sous pression, notamment aux Etats-Unis", commente Vincent Boy, analyste de marché chez IG France. "Un bon nombre de ces sociétés pourraient ne pas être en mesure de faire face à ses obligations financières et pourraient mettre le secteur financier et d’autres secteurs sous pression", prévient le spécialiste.
Le bilan du coronavirus SARS Cov-2, responsable de l'épidémie de Covid19 est désormais, à l'échelle mondiale, de plus de 3 050 000 de cas confirmés, et de plus de 211 000 morts, selon les données compilées par l'Université Johns Hopkins, qui fait autorité en la matière. La propagation incontrôlable du virus à l'échelle de la planète rend encore indéchiffrable les conséquences sur l'activité économique. Les quatre principales puissances économiques de la Zone Euro (Allemagne, France, Italie, Espagne) sont particulièrement touchées. En particulier, 26 977 décès sont à déplorer en Italie, 23 521 en Espagne et 23 293 en France.
L'épicentre est toujours centrée actuellement sur les Etats-Unis, où près de 990 000 cas sont confirmés. Plus de 56 000 décès ont été recensés sur le sol américain, dont plus de 17 500 pour la seule ville de New York. L'inquiétude est d'autant plus forte que le système de santé, observé à l'aune de la puissance économique des Etats-Unis, est finalement fragile.
Les marchés vont chercher toutefois des raisons d'espérer, en attendant les diagnostics des grandes banques centrales (mercredi pour la Fed et jeudi pour la BCE) et avec les premiers résultats prometteurs d'une étude sur l'efficacité du tocilizumab sur le Covid-19. Le médicament agirait comme un frein puissant à la tempête immunitaire qui fait basculer dans une forme sévère de la maladie. Des médecins de l'APHP ont mené une étude sur 129 patients hospitalisés en raison d’une infection moyenne ou sévère au Covid-19. Parmi eux, 65 ont reçu un traitement comprenant du tocilizumab qui semble "améliorer significativement leur pronostic". Il s’agit d’un médicament habituellement utilisé pour son action immunosuppressive dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde.
Au chapitre statistique, rien de consistant à se mettre sous la dent hier. Soit un peu de répit bienvenu après la cascade catastrophique de rendez-vous macroéconomiques la semaine passée, en particulier les indices d'activité (baromètre PMI par IHS Markit).
Côté valeurs, le secteur automobile a bénéficié d'une chasse aux bonnes affaires, qui a particulièrement porté Renault (+9,86% à 17,58 euros) alors que l'État français envisage de garantir un prêt bancaire d'environ 5 milliards d'euros pour aider le groupe automobile ainsi que Michelin (+6,65% à 87,88 euros). Dans ce sillage, Valeo (+7,37% à 18,715 euros) s'est engouffré.
Le secteur bancaire était entouré, à l'image de ses principaux représentants sur la cote parisienne: BNP-Paribas (+5,67% à 27,79 euros), Société Générale (+5,05% à 14,20 euros), Crédit Agricole (+4,52% à 6,838 euros), et Natixis (+5,23% à 2,013 euros). Et ce dans le sillage des résultats trimestriels meilleurs qu'attendu de Deutsche Bank, dont l'action a bondi de 11,2% à Francfort.
De l'autre côté de l'Atlantique, les principaux indices sur actions ont poursuivi leur mouvement ascensionnel périlleux, à l'image du Dow Jones (+1,51% à 24 133 points) et du Nasdaq Composite (+1,11% à 8 730 points). Le S&P 500, baromètre de référence de l'appétit pour le risque aux yeux des gérants de fonds, a gagné 1,47% à 2 878 points.
Un point sur les autres classes d'actifs à risque: vers 08h00 ce matin sur le marché des changes, la monnaie unique se traite à un niveau proche des 1.0820$. Le baril de WTI, l'un baromètre de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers, s'échangeait autour de 11,40$.
À l'agenda statistique ce mardi, à suivre en priorité le taux de chômage en Espagne à 09h00, et pour les Etats-Unis: les stocks des grossistes et la balance commerciale des biens à 14h30, l'indice S&P Case Schiller des prix de l'immobilier à 15h00, l'indice de confiance des consommateurs (Conference Board) à 16h00 l'indice manufacturier de la Fed de Richmond, à 16h00 également.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
A très court terme, une marge haussière existe jusque sur les 4 600 points, ce qui revient à imaginer un comblement complet du reliquat du gap baissier du 12 mars. Ces 4 600 points s'affirment progressivement comme un niveau de résistance graphique.
Nous mettions en garde nos lecteurs dans nos précédentes analystes sur la formation d'un piège à la hausse (bull trap) qui s'est déclenché mercredi 15/04. Nouvelle confirmation mardi 21 avril. L'observation des secteurs qui ont participé à la baisse le plus intensément (sur ces deux dates) est particulièrement révélateur de la psychologie de marché. Un bémol toutefois, les volumes n'ont pas été assez puissants pour valider pleinement l'expression du camp vendeur, et donc valider pleinement un retour aux pressions vendeuses initiales.
Les 4 600 points qui se sont progressivement imposé comme un niveau technique de résistance, deviennent désormais un niveau pivot intéressant en deçà duquel une zone de danger existe.
A ce stade, la timidité, voire la faiblesse relative des volumes, ainsi que leur décroissance manifeste, déclenche une alerte et fait passer le feu du vert à l'orange. Autre raison du déclenchement de ce "warning": à chaque fois que le CAC semble se "libérer", seule certains secteurs participent à la hausse: il n'y a pas de fédération sectorielle du marché.
Avis neutre proposé à l'échelle de la séance à venir.
PREVISION
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons identifiés, notre opinion est neutre sur l'indice CAC 40 à court terme.
On prendra soin de noter qu'un franchissement des 4600.00 points raviverait la tension à l'achat. Tandis qu'une rupture des 4357.00 points relancerait la pression vendeuse.
Le conseil BFM Bourse
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