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Assommé par l'ampleur des droits de douane annoncés par D Trump, le CAC 40 a perdu 3,31% à 7 598 points jeudi, désormais en pleine attraction du gap du 16 janvier. Outre Rhin, le DAX perdait un peu plus de 3%, l'Allemagne étant inquiète pour ses exportations, notamment automobiles en direction des Etats-Unis. Mais c'est sur les indices américains eux-mêmes que le vent glacial se fait le plus sentir. Le Dow Jones accuse une perte de 4% jeudi, et le Nasdaq Composite de... 6% !
Pour rappel, Donald Trump a mis sa menace à exécution, et fait plonger le commerce international dans une nouvelle ère. Mercredi 02 avril, jour de la "Libération" promis depuis des mois par le locataire de la Maison Blanche, fera en effet date, aussi peu glorieux qu'il soit... Lors d'une conférence de presse à Washington, le magnat de l'immobilier a exhibé un panneau avec trois colonnes: la première, avec les zones géographiques pour autant de "partenaires" commerciaux, la deuxième avec les taxes douanières qu'il dit subir de la part de ces partenaires, et la troisième avec les taxes qu'il imposera désormais à l'entrée des produits sur son territoire.
Fallacieuse deuxième colonne où l'on pouvait lire 90% pour le Vietnam, 46% pour le Japon, ou encore 39% pour l'Union Européenne. "Un calcul qui ne répond à aucune équation économique connue et admise", pour nos confrères du Monde qui ont réussi à "craquer le code : l’administration Trump a tout simplement divisé le déficit commercial bilatéral américain avec ces pays par le montant des exportations de ces pays aux Etats-Unis. Ainsi, le déficit commercial (pour les biens, hors services) des Etats-Unis avec l’Union européenne était de 235 milliards de dollars en 2024, et l’Union européenne a exporté 605 milliards de dollars de biens aux Etats-Unis la même année. La Maison Blanche a donc divisé 235 milliards par 605 milliards = 39 %."
Pour la troisième colonne, qui intéresse au plus haut point les marchés, il s'agit des surtaxes douanières venant s'ajouter aux barrières existantes: 34% pour la Chine, 20% pour l'Union Européenne, 24% pour le Japon, 26% pour l'Inde, par exemple. Et ce avec un plancher de 10% pour tous les pays du monde. Jamais depuis les années 1930 des barrières douanières n'avaient été érigées aussi haut. Une rhétorique de la forteresse a été développée par D Trump dans les jardins de la Maison Blanche: "Notre pays a été pillé, dévasté et saccagé par des nations ennemies mais aussi alliées", s'est-il plaint pour justifier cette hausse brutale de la taxation des importations. Et de créer selon lui les conditions d'un renouveau industriel, grâce à la relocalisation d'usines aux Etats-Unis. "Toute riposte de la part des pays concernés provoquera une escalade des droits de douane", a ensuite menacé le subtil 47ème Président des Etats-Unis.
Voilà "qui ramène les États-Unis à un niveau de droits de douane supérieur à celui des années 1930", observe le cabinet Asteres. "Dans la vision de Peter Navarro, le conseiller officiel de Donald Trump sur les questions commerciales, les importations réduisent mécaniquement le PIB, une vision trompeuse de l’économie. De plus, quand bien même les États-Unis augmenteraient suffisamment leur production industrielle pour combler leur déficit commercial (ce que les droits de douane ne permettront pas), il n’en résulterait pas une hausse substantielle de la part de l’emploi industriel dans l’économie américaine."
Côté valeurs, la technologie, l'automobile, le luxe et la banque était particulièrement sous pression, à l'image non exhaustive de Forvia (-6,05%), Stellantis (-8,12%), EssilorLuxottica (-7,21%), Kering (-7,51%), Société Générale (-5,26%) ou BNP-Paribas (-5,21%).
De l'autre côté de l'Atlantique, les principaux indices sur actions ont comme vu en préambule connu une séance cauchemardesque. Le S&P500, baromètre de référence de l'appétit pour le risque aux yeux des gérants de fonds, a fondu de 4,84% à 5 396 points.
Un point sur les autres classes d'actifs à risque: vers 08h00 ce matin sur le marché des changes, la monnaie unique se traitait à un niveau proche des 1,1060$. Le baril de WTI, l'un des baromètres de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers, s'échangeait autour de 66,10$. Les Treasuries 10 years, rendement des obligations souveraines fédérales à échéance 10 ans, se négociaient légèrement au-dessus des 3,98%. Quant au VIX, il valait 30,02 à la dernière clôture du S&P500.
A l'agenda macroéconomique ce vendredi, à suivre en priorité le rapport NFP (Non Farm Payrolls) sur la santé de l'emploi privé américain (hors agriculture) au mois de mars, à 14h30. Le taux de chômage est attendu stable à 4,1% de la population active.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
Le cadre technique évolue, avec une rupture du seuil pivot psychologique des 8 000 points en fin de semaine 13. Cette rupture n'est pas formellement appuyée par les volumes et une fédération sectorielle, ni même un gap, mais elle est suffisamment symbolique pour provoquer une perte de confiance progressive dans les esprits. Des questionnement majeurs, en cours depuis plusieurs semaines, peuvent désormais se traduire par une poursuite du reflux sous la moyenne mobile longue à 50 jours (en orange).
L'effet d'attraction du gap du 16 janvier (borne basse à 7 514 points) va désormais se faire sentir. A partir des 7 465 points, une réaction de contestation peut intervenir, réaction dont la consistance sera jaugée à l'aune des volumes de transactions.
PREVISION
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnées, notre avis est négatif sur l'indice CAC 40 à court terme.
Ce scénario baissier est valable tant que l'indice CAC 40 cote en dessous de la résistance à 7690.00 points.
Le conseil BFM Bourse
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