(BFM Bourse) - Le rebond technique matinal au lendemain d'un repli de 1,54% imputable au changement de ton de Christine Lagarde vis-à-vis de l'inflation tourne court sur le marché parisien, qui évolue de nouveau dans le rouge à la mi-journée. Plombé par Facebook, le Nasdaq a lâché 3,74% jeudi.
Mis à mal par le durcissement de ton de la BCE ce jeudi alors que l'inflation atteint un niveau record en zone euro, le rebond entrepris par le CAC en début de semaine après trois baisses hebdomadaires consécutives a clairement du plomb dans l'aile. "Le rebond technologique est officiellement terminé après les résultats désastreux du propriétaire de Facebook et le virage "hawkish" de la BCE, qui ouvre la porte à un resserrement de la politique monétaire cet été" estime Edward Moya, analyste chez Oanda.
"Les indices européens devraient tenter un rebond technique ce matin au lendemain d’un véritable bain de sang sur les marchés américains plombés par des résultats en dessous des attentes (Meta a perdu hier près de 250 milliards de dollars de capitalisation boursière ce qui correspond à la capitalisation de Disney) et des banques centrales (la Banque d'Angleterre a relevé son taux directeur, NDLR) nettement plus restrictives que prévu)" anticipait pour sa part John Plassard, spécialiste des investissements chez Mirabaud dans sa note matinale.
L'ouverture nettement dans le vert du marché parisien ce vendredi lui a donné raison (jusqu'à +0,87% peu avant 9h20) mais le rebond aura tourné court. Vers 12h, l'indice vedette de la Bourse de Paris affiche en effet un nouveau repli qui le ramène sous le seuil des 7.000 points (-0,47% à 6.972 points) - et une performance neutre sur la semaine.
Si la BCE a sans surprise maintenu son cap monétaire, les marchés ont surtout retenu qu'elle s'était montrée moins affirmative sur l'absence de relèvement des taux cette année face à une situation qui "a changé", a souligné sa présidente, Christine Lagarde. "En Europe, la volatilité va augmenter alors que les investisseurs vont devoir reconsidérer leurs expositions ainsi que l'impact sur le marché actions d'une BCE bien moins accommodante", écrivent les analystes de Saxo Bank.
Côté macroéconomie, les investisseurs attendent désormais la publication du rapport mensuel sur l'emploi en janvier aux États-Unis ce vendredi après-midi. Celui-ci revêt une importance cruciale, alors que la Fed répète que ce sont les tensions sur le marché du travail qui dicteront la conduite de sa politique monétaire. Selon le consensus établi par Reuters, les créations d'emplois devraient ralentir à 150.000 après 199.000 le mois précédent. Un chiffre supérieur aux attentes pourrait hâter la banque centrale dans sa volonté de resserrement monétaire.
Solides résultats annuels pour Sanofi et Vinci
Côté microéconomie, les fleurons de la cote continuent de dévoiler au compte-goutte leurs résultats annuels, et ceux-ci se révèlent à ce stade globalement meilleurs qu'escompté. Après les publications convaincantes de LVMH, de STMicro la semaine dernière ou encore de Publicis ce jeudi (+3,1% ce vendredi à 11h40, meilleure performance du CAC à ce stade), c'est au tour de Sanofi et de Vinci de dévoiler leurs comptes. Après une ouverture dans le vert, les deux reviennent à l'équilibre, en dépit de solides résultats. Le géant pharmaceutique a de fait progressé son bénéfice net par action (indicateur privilégié par le groupe) de 15% en 2021, porté par les ventes de son anti-inflammatoire Dupixent, et dit prévoir une nouvelle croissance de ce bénéfice à deux chiffres en 2022. Vinci a pour sa part annoncé avoir doublé l'an dernier ses bénéfices, qui n'ont toutefois pas retrouvé leur niveau de pré-pandémie du fait de la situation de l'activité aéroports. Le géant des concessions estime néanmoins que celui-ci devrait dépasser son niveau d'avant-crise cette année.Le compartiment automobile est affecté par les résultats de Ford, dont les résultats et les prévisions ont déçu Wall Street (-6% dans les échanges avant-Bourse). Stellantis (-3,8%) et Renault (-3,6%) ferment ainsi la marche à la mi-journée. URW (-3,4%), Saint Gobain (-2,5%) ou Airbus (-2,2%) affichent aussi des replis prononcés, tout comme certaines valeurs technologiques (-1,6% pour STMicro, -1% pour Teleperformance), affectées par la chute de plus de 3,7% du Nasdaq ce jeudi - l'indice technologique devrait encore ouvrir dans le rouge d'après les contrats à terme.
Le pétrole à un nouveau sommet depuis 2014
TotalEnergies (+2,2%) est en revanche porté par la nouvelle hausse des cours pétroliers, la tempête hivernale qui frappe le centre et le nord-est des Etats-Unis menaçant de perturber davantage l'approvisionnement en pétrole. Vers 11h50, le baril de Brent de mer du Nord s'apprécie de 1,4% à 92,4 dollars et celui de WTI prend 1,5% à 91,6 dollars, après avoir franchi la veille le seuil des 90 dollars pour la première fois depuis l'été 2014.Parmi les autres publications, celle (semestrielle) de Bonduelle (+1%) ressort en ligne avec les attentes, tandis que tandis que celle (annuelle) du parfumeur Jacques Bogart malgré une croissance annuelle de 10% de ses revenus, avec une nette accélération au dernier trimestre. Les résultats annuels de NRJ Group sont eux salués par le marché (+4,6%) après avoir affiché une solide croissance, notamment soutenue par la radio et la télévision.
Sur le Forex, enfin, la monnaie unique poursuit son rebond face au billet vert et enchaîne une 6e séance consécutive de hausse (+0,21% à 1,1461 dollar).