Connexion
Mot de passe oublié Pas encore de compte ?

BNP PARIBAS ACT.A

BNP - FR0000131104 SRD PEA PEA-PME
68.860 € +0.72 % Temps réel Euronext Paris

Bnp paribas act.a : Après le plongeon de son action dû au litige soudanais, BNP Paribas est en délicate mission de reconquête du marché

Aujourd'hui à 06:00
BNP Paribas face à défi herculéen

(BFM Bourse) - Après sa chute de près de 8% lundi causée par des inquiétudes sur un contentieux liée à ses activités au Soudan, BNP Paribas a organisé mardi une conférence téléphonique avec des analystes pour tenter d'expliquer la situation. De son côté, Barclays a préféré abaisser sa recommandation, mercredi, en raison de l'incertitude provoquée par ce dossier.

C'est un revers judiciaire qui a rappelé de mauvais souvenirs au marché. Des souvenirs vieux de onze ans plus exactement, lorsque BNP Paribas avait payé une amende de près de 9 milliards de dollars en 2014, coupable selon la justice américaine d'avoir contourné des embargos liés au Soudan, à l'Iran et à Cuba.

L'action BNP avait alors largement sous-performé son secteur en Bourse entre la première provision liée à ce litige, début 2014, et l'accord passé avec les autorités américaines, en juin de la même année, a rappelé lundi Royal Bank of Canada.

L'établissement canadien faisait alors référence à cet épisode dans une note consacrée à la violente chute de l'action BNP Paribas, survenue donc en début de semaine.

>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading

Après avoir ouvert quasi stable, le titre a perdu soudainement jusqu'à 10% et a clôturé en repli de près de 8%. À l'origine de ce décrochage, des craintes du marché autour de coûteuses indemnités à verser dans un contentieux judiciaire lié aux activités du groupe au Soudan.

Le 17 octobre, un jury populaire a reconnu BNP Paribas complice d'exaction au Soudan, en ayant organisé des transactions commerciales dont les recettes auraient financé l'armée et les milices du régime d'Omar Al-Bachir, ancien président soudanais renversé par un coup d'État en avril 2019.

Le jury a décidé que BNP Paribas était responsable des pertes et souffrances de chacun des trois plaignants, qui ont été expropriés, torturés et emprisonnés par des soldats soudanais et des miliciens, a rapporté l'Agence France Presse (AFP). Le jury a prononcé des dommages et intérêts de 20,75 millions de dollars (au total), soit environ 18 millions d'euros.

Des estimations évoquant des milliards de dollars de coûts

Plus que cette condamnation à proprement parler, ce sont des évaluations de coûts citées par Bloomberg qui ont provoqué la chute de l'action BNP Paribas. Car au-delà des trois plaignants concernés par le verdict de la semaine dernière, les avocats de la défense cités par Reuters ont chiffré à 23.000 le nombre de réfugiés soudanais qui pourraient potentiellement être indemnisés.

Selon Royal Bank of Canada, Bloomberg a évalué jusqu'à 10 milliards de dollars, soit 1% du ratio de solvabilité CET 1 - qui rapporte les fonds propres à l'actif pondéré des risques - de la banque, le coût d'un règlement (un accord transactionnel, plus exactement) pour BNP Paribas.

Ce sont ces montants qui ont donc inquiété le marché. De son côté, BNP Paribas n'est pas restée les bras croisés. Selon l'AFP, la banque a fait valoir la semaine dernière que sa responsabilité n'avait pas été démontrée et que le régime d'Omar Al-Bachir aurait commis les mêmes exactions sans elle.

Lundi, l'établissement a publié un communiqué indiquant qu'il ferait appel et qu'il jugeait le verdict du jury populaire "manifestement erroné" ignorant "des éléments de preuves que la banque n'a pas été autorisée à présenter".

"Toute tentative d’extrapolation est nécessairement erronée, tout comme toute spéculation concernant un éventuel 'settlement' (un accord transactionnel, NDLR). La Banque considère qu’elle n’a aucune pression pour parvenir à un settlement dans cette affaire", a par ailleurs prévenu BNP Paribas, probablement en réaction aux estimations qui ont inquiété la Bourse.

Un autre communiqué de BNP Paribas, également publié lundi, a ajouté que la plainte liée au verdict du 17 octobre était "régie par le droit suisse".

"Le gouvernement suisse lui-même a confirmé que ces allégations, fondées sur le droit suisse, sont dénuées de fondement juridique et a même pris la mesure extraordinaire de soumettre au tribunal, avant le procès, une lettre confirmant l'absence de toute action en responsabilité de complicité contre BNP Paribas", a affirmé la banque de la rue d'Antin.

BNP Paribas a aussi assuré que les activités qu'elle opérait au Soudan relevaient de transactions bancaires habituelles sans lien avec les accusations des plaignants, et autorisées par les droits suisses et européens.

Pas de provisions passés

Mardi, la banque a cette fois organisé une conférence téléphonique avec des analystes et des investisseurs. Lors de cette réunion, le directeur financier, Lars Marchenil, a pris la parole pour mettre en avant les points précédents, rapporte UBS. Il a aussi précisé que la société n'avait pas passé de provision liée à ce litige au troisième trimestre.

Royal Bank of Canada rapporte également que le dirigeant a expliqué que le jugement de vendredi n'ouvrait pas la voie à des "class actions" (des actions collectives) mais à des jugements au cas par cas, où chaque plaignant doit apporter ses preuves. Toujours selon les propos rapportés par la banque canadienne, BNP pense qu'un jugement en appel tiendra compte de la lettre envoyée par la justice suisse, ce que le jury populaire n'avait pas fait. La direction de la société pense que la procédure d'appel prendra plusieurs mois. Par ailleurs, la situation est très différente de celle de 2014 dans la mesure où elle concerne une affaire au civil et non pas pénale ou réglementaire.

"L'initiative de BNP d'organiser une conférence téléphonique a été appréciée, mais nous pensons qu'il faudra du temps pour avoir une visibilité sur l'impact financier potentiel, certaines questions sur le processus, le calendrier et le montant des réclamations restant ouvertes", tranche Royal Bank of Canada.

Pour UBS, le risque lié à ce dossier amène "le marché à se focaliser sur les cibles" de ratio CET 1 de la banque "encore une fois". La banque suisse écrit que certains investisseurs avec lesquelles elle a échangés aimeraient que BNP ait un ratio plus élevé et s'engage avec plus de force sur des rachats d'actions plutôt que sur des acquisitions ou sur la croissance organique. Ce alors que la banque a, selon UBS, augmenté son ratio CET 1 de 10 points de base (0,1 point de pourcentage) au deuxième trimestre, ce qu'elle qualifie de "génération de capital basse".

Barclays, de son côté, a décidé de rester sur la touche en raison du litige lié au Soudan. La banque britannique a abaissé mercredi son conseil sur BNP Paribas de "surpondérer" à "pondération en ligne", ce qui revient à passer d'"acheter" à "neutre" dans sa terminologie. L'établissement britannique a également réduit à 80 euros son objectif de cours contre 94 euros précédemment.

Une épée de Damoclès pour les prochains mois

"L'action BNP Paribas se négocie avec le PER (le "price earnings ratio", qui rapporte le cours de bourse au bénéfice par action attendu, NDLR) le plus bas du secteur, à six fois, et nous prévoyons une accélération de la croissance des résultats à partir du troisième trimestre, mais compte tenu de l'incertitude entourant les coûts potentiels du litige au Soudan, les risques ont augmenté, ce qui, selon nous, limitera un 'rerating' (une appréciation des multiples boursiers, NDLR) pendant des mois", écrit la banque.

Barclays pense que ce dossier crée un "overhang" boursier, c'est-à-dire une épée de Damoclès qui empêche l'action de remonter.

""L'issue de l'appel revêt une importance particulière, mais le délai moyen avant l'appel est de huit mois (selon BNP), ce qui laisse présager une incertitude prolongée autour de cette question. Il est également important de noter que même dans ce cas, nous ne pouvons prédire l'issue de l'appel", développe Barclays. "Nous ne sommes pas des experts juridiques et ne portons aucun jugement sur un résultat probable ou sur le bien-fondé de l'affaire", souligne au passage la banque.

"Évaluer le risque financier lié à cette affaire juridique est, selon nous, pratiquement impossible compte tenu du manque d'informations disponibles", écrit également Barclays.

Barclays ajoute également que même si ce n'est clairement pas l'intention de la banque française, il existe une "possibilité théorique" que BNP opte pour un accord transactionnel.

L'établissement évoque aussi, bien que ce ne soit pas son scénario privilégié, le "risque théorique" que la Banque centrale européenne, régulateur des banques en zone euro, limite le retour à l'actionnaire (dividende, rachats d'actions) jusqu'à ce que la situation s'éclaircisse. "Et bien sûr, il y a un risque potentiel de réputation lié à l'affaire", note-t-il.

BNP Paribas sera probablement encore interrogée sur son dossier soudanais lors de la publication de ses résultats trimestriels, le 28 octobre.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
Vous suivez cette action ?

Recevez toutes les infos sur BNP PARIBAS ACT.A en temps réel :

Par « push » sur votre mobile grâce à l’application BFM Bourse


Par email

Forum suspendu temporairement
Portefeuille Trading
+336.20 % vs +65.36 % pour le CAC 40
Performance depuis le 28 mai 2008

Newsletter bfm bourse

Recevez gratuitement chaque matin la valeur du jour