(BFM Bourse) - L'établissement a publié ses résultats du troisième trimestre, marqués par un bénéfice et un produit net bancaire inférieurs aux attentes. A contrario, la banque a livré une bonne surprise sur son ratio CET 1.

Juste avant la saison des résultats, BNP Paribas a essuyé un important revers judiciaire. La banque de la rue d'Antin a été condamnée mi-octobre par un jury populaire à New York à verser un total de 20,75 millions de dollars de dommages et intérêts à des réfugiés soudanais après avoir été jugée complice d'exaction.

Le marché a pris peur, non pas en raison du verdict à proprement parler mais des estimations de plusieurs milliards de dollars (jusqu'à 10 milliards selon Bloomberg) du coût d'un potentiel accord transactionnel ("settlment") avec d'autres plaignants. Car au-delà des trois personnes indemnisées, le nombre de réfugiés pouvant lester en justice est estimé autour de 23.000.

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BNP Paribas a fermement contesté le jugement, le qualifiant de "manifestement erroné", et a décidé de faire appel. L'établissement a prévenu qu'extrapoler ce verdict pour chiffrer des coûts de plusieurs milliards de dollars constituait également une erreur. Son directeur financier, Lars Marchenil, a ensuite tenu une conférence téléphonique, la semaine dernière, avec les analystes. Durant cette réunion, le dirigeant a indiqué que BNP Paribas n'avait pas passé de provisions liées à ce litige.

"L'initiative de BNP d'organiser une conférence téléphonique a été appréciée, mais nous pensons qu'il faudra du temps pour avoir une visibilité sur l'impact financier potentiel, certaines questions sur le processus, le calendrier et le montant des réclamations restant ouvertes", a expliqué la semaine dernière Royal Bank of Canada.

Barclays, de son, côté, a dégradé à "pondération en ligne" son conseil sur le titre contre "sous-pondérer" précédemment. La banque britannique juge que ce dossier soudanais empêchera l'action BNP Paribas de repartir à la hausse, en raison des nombreuses incertitudes qui l'entourent.

Le bénéfice manque le coche

C'est dans ce contexte difficile que BNP Paribas a communiqué ce mardi 28 octobre 2025 ses résultats du troisième trimestre.

L'établissement devait probablement rendre une copie immaculée pour relancer son titre. Cela n'a pas été le cas, avec un ensemble qualifié de "mitigé" par Morgan Stanley.

BNP Paribas a déçu sur les revenus et le bénéfice net, livrant a contrario une bonne surprise sur son ratio de solvabilité CET 1 (qui rapporte les fonds propres à l'encours pondéré des risques), très surveillé.

"Si le ratio de capital supérieur aux attentes est positif, nous attendons une petite réaction négative de la part du marché en raison des ratés (sur le bénéfice net, les revenus ou encore le résultat brut d'exploitation, NDLR)", tranche Morgan Stanley.

À la Bourse de Paris, l'action BNP Paribas abandonne 2,83% vers 11h25, accusant la plus forte baisse du CAC 40.

Dans le détail, BNP Paribas a publié un bénéfice net de 3,04 milliards d'euros, en hausse de 6,1% sur un an mais inférieur de 1% au consensus (la prévision moyenne des analystes).

Royal Bank of Canada nuance en avançant que cet écart est surtout dû aux "autres activités" (avec par exemple la promotion immobilière ou les immobilisations en location simple) de la société.

Ces "autres activités" ont été pénalisées par des éléments techniques (une réévaluation du risque de crédit propre inclus dans les produits dérivés).

La banque a livré un produit net bancaire, équivalent du chiffre d'affaires chez les banques, de 12,57 milliards d'euros en hausse de 5,3% sur un an mais inférieur de 2% au consensus (la prévision moyenne des analystes). "Les revenus auraient pu être meilleurs", regrette Jefferies.

Les revenus de la banque de détail en France, en Italie ainsi qu'en Belgique ont légèrement manqué le coche (écart de 1% par rapport au consensus), de même que les métiers spécialisés (crédit à la consommation, financement automobile) et la banque de financement et d'investissement.

Dans cette dernière division, l'activité "Global Banking" (financements à l'exportation, conseil en fusions-acquistions, titrisation) a manqué de 3% les attentes. La banque a évoqué dans ce métier "un contexte plus difficile que l’année passée, marqué par les annonces tarifaires, les incertitudes géopolitiques, l’attentisme des entreprises et l’impact de la dépréciation du dollar / euro". Mais les activités de marché se sont, elles, bien comportées, dépassant les attentes de 1%, grâce notamment aux métiers actions.

Le ratio CET 1, la bonne surprise

Le résultat brut d'exploitation de la banque a progressé de 4,9% à 4,96 milliards d'euros, soit 3% de moins que le consensus.

Le point le plus positif de la publication reste donc le ratio CET 1 qui s'est retrouvé encore davantage scruté en raison du dossier soudanais.

Jefferies notait lundi que l'ampleur de la chute de l'action (-7,7%) du groupe après l'annonce du jugement peut s'expliquer par le fait que le ratio CET 1 de la banque ne dépasse pas structurellement 13%. UBS, de son côté, relevait la semaine dernière que certains investisseurs avec lesquelles elle a échangés aimeraient que BNP ait un ratio plus élevé.

La banque suisse pointait aussi une "faible génération de capital" au deuxième trimestre, de 10 points de base (0,1 point de pourcentage). Pour elle, le dossier soudanais risquait de davantage focaliser l'attention du marché sur ce point.

Au troisième trimestre, BNP Paribas a publié un ratio CET 1 de 12,5%, stable par rapport au deuxième.

Mais dans l'intervalle, la banque a absorbé un impact négatif de 35 points de base lié au rachat d'Axa IM, ex-filiale de gestion d'actifs d'Axa. Le groupe bancaire a d'ailleurs indiqué ce mardi attendre des synergies de coûts et des revenus de 550 millions d'euros avant impôts d'ici à 2029 via ce rachat. Les charges d'intégrations sont elles estimées à 690 millions d'euros.

Le ratio de CET 1 s'avère, en réalité, supérieur de 30 points de base aux attentes et traduit une amélioration sous-jacente de 30 points de base. Jefferies évoque une "bonne surprise" qui "devrait être prise positivement" par le marché.

Concernant le litige soudanais, BNP Paribas a publié un nouveau communiqué de presse ce mardi dans lequel la banque réitère l'ensemble de ses précédents points.

"En outre, les avocats des plaignants se sont mutuellement accusés, sous peine de parjure, d'avoir commis de graves manquements à l'éthique qui ont indûment influencé les témoignages", peut-on aussi lire dans ce communiqué.

"Ces allégations soulèvent la grave possibilité que le verdict du jury et les procédures judiciaires aient été entachés de fraude. BNP Paribas a l'intention de demander une enquête sur ces manquements présumés, qui nécessitent et méritent une enquête approfondie", ajoute la société.