(BFM Bourse) - Le fabricant des terminaux pour les points de vente a annoncé ce lundi être entré en négociations exclusives avec Advantech, qui reprendra l'ensemble de la participation du fondateur Patrick Cathala. Puis, Advantech prévoit de lancer une OPA au prix de 6,31 euros par titre, en vue de retirer par la suite Aures de la cote.

En grande détresse financière, Aures avait indiqué fin février poursuivre des "discussions avancées relatives à des partenariats et, ou, des financements supplémentaires". La situation est bien partie pour se décanter pour le fabricant des terminaux pour les points de vente.

Aures ainsi que son fondateur et principal actionnaire Patrick Cathala ont indiqué lundi matin être entrés en "négociations exclusives" avec Advantech pour une série d'opérations, visant in fine à un retrait de la cote du fabricant des terminaux pour les points de vente.

Créé en 1989 et coté sur Euronext Paris depuis 1999, la société française présente au Royaume-Uni, en Allemagne, en Australie et aux États-Unis, ainsi que dans une soixantaine d'autres pays au travers son réseau de partenaires, distributeurs et revendeurs, est un leader mondial des solutions matérielles complètes pour les secteurs du "POS" (point de vente et de service, retail, hôtellerie-restauration, etc.) et du "KIOSK" (univers de la borne interactive et métiers de l'intégration). Il propose notamment des bornes de commandes dans les restaurants (qui sont utilisés par les clients ou les serveurs) ou des scanners pour lire les codes-barres.

Advantech n'est pas un groupe inconnu pour Aures. Spécialisé dans les systèmes intelligents liés à l'internet des objets (IoT) présent dans des secteurs tels que l'informatique embarquée, les transports ou bien la surveillance environnementale, ce groupe taïwanais s'était manifesté mi-octobre 2023 pour apporter une bouée de sauvetage financière à Aures. Ce dernier avait émis une obligation convertible réservée à Advantech group, d'une maturité de deux ans et pour un montant de 3,2 millions d'euros.

Un projet d'OPA à 6,31 euros par action

En ce qui concerne l'opération annoncée ce jour, elle est prévue en trois volets. Dans un premier temps, le fabricant des terminaux pour les points de vente compte émettre d'une obligation convertible au seul bénéfice d'Avantech, en deux tranches d'un montant de 2,5 millions d'euros chacune. Le prix de conversion est quant à lui fixé à 4 euros par action, soit aux mêmes conditions que celles de la précédente opération dévoilée mi-octobre.

Advantech se porterait acquéreur hors marché, d'un bloc d'actions représentant 1.430.381 actions détenues par Patrick Cathala à un prix par action de 6,31 euros. À l'issue de l'acquisition de ce bloc d'actions, le groupe détiendrait post opération 35,8% du capital d'Aures.

L'organigramme aura vocation à être modifié après la cession du contrôle envisagée à Advantech. Patrick Cathala serait ainsi appelé à démissionner de ses fonctions de président du conseil d'administration et de directeur général de d'Aures et serait remplacé par un représentant du groupe taïwanais.

Toutefois, Aures précise qu'un contrat de prestations de services serait conclu avec Patrick Cathala afin d'assurer "une transition en douceur" avec l'équipe d'Advantech.

Advantech déposerait ensuite un projet d'offre publique d'achat (OPA) à 6,31 euros par action, sur les titres en circulation qu'elle ne détiendrait pas encore à l'issue de l'acquisition de bloc. Ce qui traduit une prime de 63% par rapport au dernier cours côté du groupe, à la clôture de mercredi 17 avril, soit 3,87 euros. Si Advantech parvenait via cette OPA à détenir plus de 90% du capital d'Aures, un retrait de la cote de l'entreprise sera ensuite opéré.

La souscription de la première tranche de l'émission obligataire et la réalisation de l'acquisition du bloc par Advantech devraient avoir lieu avant la fin du deuxième trimestre 2024, selon le calendrier indicatif fourni par Aures.

L'opération devra cependant être approuvée par l'assemblée générale d'Aures, qui devrait se tenir au plus tard le 15 juin, "ce qui devrait être une formalité grâce aux droits de vote double de Patrick Cathala", avance TP ICAP Midcap dans sa note publiée ce lundi matin.

Une issue "attendue"

"Cette issue était plutôt attendue", estime Florent Thy-thine, responsable de la recherche actions chez TP ICAP Midcap. La prime de plus de 60% par rapport au dernier cours avant la suspension du titre (+48% par rapport au prix moyen des 3 derniers mois)", "permettra aux investisseurs entrés récemment sur le dossier d’être satisfait", poursuit le spécialiste.

Compte tenu de la situation financière dans laquelle s'est retrouvé le groupe, TP ICAP Midcap suggère aux actionnaires "d'apporter à l'offre", même si pour le bureau d'études il lui est "difficile" de se "satisfaire d’une telle fin".

L'intermédiaire financier rappelle en effet avoir initié la couverture de ce dossier en décembre 2014 sur une valorisation de 44 millions d'euros. Or, l’offre actuelle fait ressortir une valorisation autour de 25 millions d'euros, note-t-il. Ce qui marque une destruction de valeur de plus de 40% dans l'intervalle.

"En 10 ans, le groupe a pourtant montré sa capacité à se différencier dans un secteur difficile atteignant une valorisation de plus de 200 millions d'euros à ses plus hauts", avance TP ICAP Midcap.

Or, "le virage du software n’aura pas été maîtrisé par le groupe, expliquant, selon nous, en grande partie la situation actuelle, aggravée par la pandémie et l’intégration difficile de RTG (une entreprise américaine spécialisée dans les services informatiques pour les terminaux d'encaissement rachetée en 2018, NDLR)", abonde l'intermédiaire financier. Il maintient sa recommandation à "conserver" dans "l’optique d’apporter à l’offre lorsque la finalisation de l’opération sera officielle", avec un objectif de cours désormais fixé à 6,31 euros, pour "s'aligner" sur l’offre d’Advantech.

A la Bourse de Paris, l'action Aures est suspendue sur un dernier cours du 17 avril dernier, de 3,87 euros, et gagne pour l'heure 56% depuis le début de l'année. La société avait par exemple grimpé de 14,1% le 23 février, après la publication de son chiffre d'affaires annuel.

Le fabricant des terminaux pour les points de vente avait certes publié des revenus en baisse en 2023, mais le groupe avait dévoilé une activité supérieure aux attentes au quatrième trimestre.

Il avait fait état d'un chiffre d'affaires quasi stable au dernier trimestre 2023 et même en légère croissance (+1,4%) à taux de changes constants, "ce qui n’était plus arrivé depuis le troisième trimestre 2022", appréciait Florent Thy-tine dans une précédente note commentant la publication d'Aures.

Cette publication constituait une "bonne surprise" pour le spécialiste alors que le groupe "avait habitué (le marché) à de fortes baisses ces derniers trimestres".

En marge de ce point d'activité, le groupe a donné quelques signes encourageants sur la reprise de son activité, avec "certains signes de regain d'intérêt des clients". Aures a un contrat cadre exclusif avec la Compagnie des Alpes pour la fourniture des terminaux pour les points de vente des parcs de loisirs sur une durée de 5 ans, ainsi qu'un contrat avec un acteur majeur de la restauration en Angleterre.