(BFM Bourse) - Ce fonds demande à l'avionneur d'abandonner son projet de prendre 29,9% dans Evidian, la future filiale d'Atos dans laquelle seront logés les métiers en croissance. Le titre Atos se replie.
Les fonds activistes n'hésitent pas à manifester leur mécontentement quand une entreprise prend une direction qui ne leur sied guère. Le cas échéant avec TCI (The Children Investment) et Airbus.
Le groupe d'aéronautique et de Défense est entré en discussions non exclusives avec l'entreprise de services numériques Atos dans l'optique de prendre 30% d'Evidian une future filiale du groupe de tech qui regrouperait les métiers en croissance d'Atos (transformation numérique, big data, cybersécurité, supercalculateurs). Atos compte distribuer 70% de cette société lors d'une introduction en Bourse prévue sur la seconde partie de l'année, Airbus souhaitant donc acquérir les 30% restants.
Sauf que TCI, qui détient un peu plus de 3% du capital d'Airbus, a écrit et envoyé lundi une lettre au groupe aéronautique pour faire part de son mécontentement. Et le fonds n'y va pas de main morte.
Un participation qui serait valorisée à...0
TCI demande ainsi d'abandonner dans l'immédiat les négociations pour prendre cette participation minoritaire. "Evidian est une entreprise de faible qualité, à fort effet de levier, comptant 60.000 employés et opérant sur un marché extrêmement compétitif. Une participation minoritaire de 29,9 % dans Evidian serait un actif illiquide et en difficulté", assène-t-il.
Le fonds avance que cet investissement diluerait la qualité de l'activité d'Airbus, jugeant que les investisseurs s'accorderaient à valoriser cette participation à…0. TCI souligne que le groupe serait également exposé aux pertes d'exploitation d'Evidian, à ses charges et ses besoins de financement.
Ce alors qu'Airbus peut très bien continuer d'entretenir des relations fructueuses avec Evidian sans pour autant devenir actionnaire. "La transaction semble être un renflouement d'Atos, une société qui est accablée par des niveaux insoutenables de dettes et autres passifs", martèle TCI qui voit dans l'opération "des motivations politiques" poussant Airbus.
Le fonds veut que l'ex-EADS se focalise avant tout sur ses propres problèmes opérationnels, notamment la résolution de ses difficultés sur sa chaîne d'approvisionnement qui l'ont amené à manquer son objectif de livraisons en 2022. TCI estime même que la volonté d'Airbus d'investir dans Evidian "pose de sérieuses questions sur la gouvernance d'entreprise" du groupe aéronautique dont le fonds estime l'action "extrêmement sous-appréciée".
Recul d'Atos
Contactés par BFM Bourse, des porte-paroles d'Atos n'ont pas fait de commentaire. Airbus, de son côté, n'a pas fait de déclaration spécifique sur TCI.
"Un partenariat stratégique et technologique entre Airbus et Evidian créerait une situation gagnante-gagnante pour les deux entreprises, renforçant leur offre et leur positionnement respectifs sur les segments de marché critiques du numérique et de la sécurité", a néanmoins fait valoir la société.
"Cela permettrait à Airbus de renforcer son leadership numérique dans l'industrie aérospatiale en permettant sa transformation numérique à long terme, de renforcer son positionnement pour soutenir les besoins souverains des pays européens en matière de solutions numériques critiques, et de créer une valeur supplémentaire pour ses clients et ses actionnaires. Il ne peut y avoir aucune certitude à ce stade qu'une transaction aura lieu", a-t-il poursuivi dans cette déclaration transmise à BFM Bourse.
A la Bourse de Paris, l'action Airbus évolue en légère hausse de 0,6% vers 15h45. Atos pour sa part abandonne 4,8% après avoir déjà perdu 1,2% la veille. "L'ensemble de la tech souffre ce mardi", relativise un analyste "mais le fait qu'un actionnaire d'Airbus désapprouve l'opération n'aide pas et augmente le risque", poursuit-il.
TCI, un activiste chevronné
Un autre intermédiaire financier estime que la sortie de TCI "pourrait obliger Airbus à se montrer davantage regardant sur le prix qu'il paierait pour prendre 30% d'Evidian". Jefferies de son côté, dans un commentaire centré sur Airbus, explique faire partie du camp "des sceptiques", et prévient que cette prise de participation "nécessitera une démonstration convaincante" du bénéfice qu'en retire Airbus.
TCI n'en est pas à sa première campagne activiste. Le fonds s'était montré très critique du rachat par l'équipementier aéronautique Safran de Zodiac en 2017, ce qui avait eu pour vertu d'aider Safran à baisser le prix payé pour cette acquisition, comme l'avait reconnu auprès des Echos son président , Ross McInnes. Plus récemment le fonds a poussé Alphabet, la maison-mère de Google à serrer ses coûts.
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