(BFM Bourse) - L'entreprise de services numériques a donné le cadre de son plan de refinancement. Le groupe a besoin de 1,2 milliard d'euros pour les deux prochaines années et compte réduire sa dette brute de 2,4 milliards d'euros.
Atos donne au marché l'ampleur de la perfusion nécessaire à sa survie. En difficultés financières depuis plusieurs trimestres, l'entreprise de services numériques a livré le cadre de son refinancement, ce qui se traduira par une importante restructuration financière.
Le groupe a communiqué ses projections financières des exercices 2024 à 2027, avec une montée en puissance progressive de sa croissance (-1,9% prévu en 2024, 2,8% en 2025, puis 6,2% en 2026 et 5,6% en 2027) et de sa rentabilité.
Le point crucial est que la société s'attend encore à brûler du cash, pour un total de 600 millions d'euros environ en cumulé en 2024 et 2025.
En conséquence, Atos a indiqué rechercher 600 millions d'euros de liquidités pour la période 2024-2025, sous forme de dettes et/ou de capital "par la partie prenante existante ou des investisseurs tiers".
Pour se donner davantage de flexibilité, la société compte aussi obtenir 300 millions d'euros de lignes de crédit renouvelables en plus ainsi que 300 millions d'euros de lignes de garanties bancaires. Soit donc un total qui s'élève à 1,2 milliard d'euros.
Vers des conversions de créances
Atos entend également se désendetter. Le groupe fait actuellement face à 3,65 milliards d'euros de passifs à refinancer d'ici à la fin de 2025. Or avec sa note de crédit actuelle (S&P est à "CCC", une note basse) le groupe ne peut pas refinancer ces emprunts, a expliqué aux analystes son directeur financier Jacques-François de Prest lors d'une conférence.
En conséquence, le groupe compte nettement réduire sa dette. Le but est de revenir à une note de crédit "BB" d'ici à 2026 et de réduire son levier d'endettement (la dette nette rapportée à l'excédent brut d'exploitation) à moins de 3 d'ici à la fin de 2025 et à moins de 2 en 2026, contre 3,34 à fin 2023.
Pour cela, le groupe estime devoir diminuer sa dette brute de 2,4 milliards d'euros, en supposant que les 600 millions d'euros de nouvelles liquidités soient apportées en nouvelles dettes. Ce qui représente un peu plus de la moitié de sa dette brute de 2023 (4,65 milliards d'euros à fin décembre dernier).
Atos entend par ailleurs allonger de cinq ans les échéances de la dette résiduelle, après cet apurement de passif.
Cette réduction massive de la dette brute passera probablement par de la conversion de dette en capital. Interrogé sur ce point par un analyste de Morgan Stanley, le directeur général d'Atos, Paul Saleh, a répondu que le groupe attendrait des propositions dans ce sens et qu'il était difficile de savoir "à quoi cela ressemblerait".
Atos attend plus précisément que ses "parties prenantes et les investisseurs tiers" lui soumettent des propositions de financement d'ici le 26 avril prochain. Selon une présentation communiquée aux analystes, le groupe compte parvenir à un accord d'ici à la mi-juin avec une finalisation le 12 juillet.
"La réduction de la dette brute d'Atos passera forcément par de la conversion de dettes en capital. On ne connaît pas exactement l'ampleur car le groupe a donné un cadre général et attend désormais les propositions. Mais la dilution sera dans tous les cas énorme" , explique Nicolas David, analyste chez Oddo BHF.
Atos en convient d'ailleurs: "compte tenu des besoins du groupe, un accord global de refinancement entraînera une dilution significative des actionnaires existants", prévient la société dans son communiqué.
Le cours de Bourse ne s'effondre pas
Paradoxalement, le cours de Bourse d'Atos ne dévisse pas tant que cela. Le titre perd 7,8% vers 10h45.
"En l'état et au vu de la restructuration financière qui attend Atos, il n'y a aucune raison pour que le cours d'Atos reste au-dessus de deux euros. Peut-être que des investisseurs particuliers ont du mal à intégrer les informations", avance Nicolas David.
Une bonne nouvelle toutefois: Atos a annoncé un accord de principes avec des banques, des porteurs d'obligations et l'Etat lui permettant d'obtenir un financement intermédiaire de 450 millions d'euros. Ce montant comporte 100 millions de financements de la part des créanciers obligataires et 300 millions d'euros d'affacturage.
Les 50 millions d'euros restants seront apportés par l'Etat via un prêt à une filiale du groupe, Bull, qui contrôle les activités sensibles et souveraines de la société. En contrepartie Atos émettra une action de préférence Bull au profit de l'Etat ce qui lui donnera des droits de protection sur ces activités souveraines.
Avec ces 450 millions d'euros, Atos estime pouvoir tenir financièrement jusqu'à la mise en place de son refinancement.
Recevez toutes les infos sur ATOS en temps réel :
Par « push » sur votre mobile grâce à l’application BFM Bourse
Par email