(BFM Bourse) - Plusieurs entreprises cotées ont déjà eu recours à ce mécanisme boursier permettant d'améliorer la lisibilité de l'action, quand le nominal, soit le prix affiché d'une action, devient trop petit. Cette mesure, neutre pour le portefeuille de l'actionnaire, présente plusieurs options pour les porteurs de la société.
Une entreprise peut décider de regrouper ses actions si elle juge que le prix de son action est trop faible au point d'en être devenu illisible. C'est le cas d'Atos, qui va donner mardi 25 mars le coup d'envoi de son opération de regroupement de ses actions.
Le groupe français de services informatiques a annoncé cette opération début mars, en vue de regagner en attractivité après une lourde et douloureuse restructuration.
La consolidation d'actions permet, en effet, à une entreprise de réduire le nombre de titres en circulation, et d'augmenter le prix de son cours de Bourse proportionnellement à la parité de regroupement annoncée par l’entreprise. À côté, la capitalisation boursière de la société reste inchangée.
Une opération indolore pour l'actionnaire
Pour l'actionnaire, cette opération est neutre. Elle n'a aucun impact sur la valeur des actions et s'avère purement technique. Pour illustrer ce mécanisme, rien de tel qu'un exemple concret.
Dans le cas d'Atos, la parité de regroupement est de 10.000 actions anciennes pour une action nouvelle dans le cadre de son opération. En prenant en compte le cours de clôture du jeudi 6 mars, le titre Atos passerait donc de 0,0049 euro à 49 euros, pour traduire ce regroupement de 10.000 actions anciennes pour une nouvelle.
Concrètement, un actionnaire qui détient 30.000 actions anciennes Atos, se verra attribuer automatiquement et sans aucun frais, 3 actions nouvelles d'une valeur nominale 10.000 fois supérieure au prix de l'action ancienne. Il s'agit du cas le plus simple puisque dans cet exemple le nombre d'actions représente un multiple de 10.000. En revanche, un porteur de parts qui possède un nombre d'actions qui n'est pas un multiple de 10.000, sera confronté à plusieurs options.
Option 1: Acheter des actions complémentaires ou vendre les actions excédentaires pour arrondir le nombre d’actions Atos à un multiple de 10.000.
Par exemple, un actionnaire qui détient 27.000 actions Atos devra acheter 3.000 actions pour arrondir à 30.000 actions et ainsi détenir 3 actions après regroupement. Ou bien l'actionnaire pourra vendre 7.000 actions excédentaires, ce que l'on appelle "les rompus", pour tomber à 20.000 titres, et ainsi avoir la possibilité de détenir 2 actions après regroupement.
Option 2: Ne rien faire. Dans ce cas, ces actions excédentaires - 7.000 dans le cas présent - seront automatiquement indemnisées par l'intermédiaire financier de référence (par exemple la banque où est logé son compte titres) dans un délai de 30 jours à partir du 24 mars 2024.
Atos précise que les frais liés aux éventuels ordres de ventes ou d’achat dus à la gestion des "rompus" relèvent de la relation avec l'intermédiaire financier. La société ajoute que les actions anciennes non regroupées seront radiées de la cote à l’issue de la période de regroupement
Dans une foire aux questions dédiée à cette opération, la société a précisé que ce regroupement ne garantira pas le maintien des cours au niveau post-regroupement, soit celui à la clôture du 23 avril prochain. "Le cours dépendra des échanges entre l’offre et la demande des nouvelles actions Atos sur Euronext Paris à compter du 24 avril 2025", précise le groupe de services informatiques.
Les actions anciennes ainsi que leur code ISIN FR0000051732 disparaîtront automatiquement le 24 avril 2025, date effective du regroupement d’actions. Elles seront remplacées par des actions nouvelles avec un nouveau code ISIN FR001400X2S4.
À noter que les actions anciennes ne seront plus éligibles au service de règlement différé (SRD) à compter du 27 mars et devront être réglées comptant jusqu'à leur dernier jour de cotation, soit le 23 avril. À compter du 24 avril, date de leur admission à la cote, les actions nouvelles seront éligibles au SRD.
Améliorer la perception
Si pour l'actionnaire cette opération est neutre, elle a, en revanche, une vertu symbolique pour une entreprise. Ce regroupement d'actions lui permet de voir son cours sortir de la catégorie peu flatteuse des "penny stocks", ces actions dont le prix est inférieur à 1 euro et qui sont à la merci d'une forte volatilité. Aussi, un titre relégué au statut de penny stock limite considérablement son attractivité auprès des fonds et autres institutionnels.
Le regroupement d'actions n'est pas un exercice réservé qu'aux petites et moyennes entreprises pour échapper à la catégorie des penny stocks. En juillet 2023, Air France-KLM avait décidé d’attribuer une action nouvelle d'une valeur nominale de 10 euros contre 10 anciennes d'une valeur de 1 euro. Le nombre d'actions en circulation, a été logiquement divisé par 10. En février 2024, c'est Emeis, l'ex-Orpea qui avait décidé de regrouper ses actions par paquets de 1.000 pour tourner la page d'une lourde restructuration.
Le regroupement d'actions est aussi l'opération miroir du fractionnement d'actions ou "split ". Cette dernière se traduit par une division du nombre d'actions que possèdent les actionnaires au moment de l'opération.
Pour l'actionnaire, là aussi, l'opération est totalement transparente. Et pour les futurs investisseurs, cela met le titre à portée d'un plus grand nombre et permet de fractionner plus finement ses ordres le cas échéant. Mais pour autant un "stock split" n'est pas un non-événement: c'est avant tout un indicateur d'une forte vigueur boursière, contrairement au regroupement qui est consécutif à un fort repli du titre. Ces deux opérations sont autorisées en France depuis un décret du 26 octobre 1973.
Le regroupement d'actions ne doit cependant pas être confondu avec les rachats d'actions. Dans le premier cas, l'opération n'a aucun impact sur la valeur des actions pour les actionnaires et s'avère purement technique. Le rachat d'action est de son côté une opération qui consiste pour une entreprise cotée à acquérir ses propres actions pour soutenir son cours de bourse et donc à récompenser indirectement les actionnaires qui restent investis.
Pour tourner la page d'une histoire boursière chahutée
Pour revenir aux regroupements d'actions, cette opération permet à une société de tourner le dos à un passé boursier chahuté. Soit parce qu'elle a accumulé les déceptions avec de mauvais résultats, ou soit parce qu'elle a eu régulièrement recours à des financements dilutifs qui ont augmenté le nombre d'actions en circulation.
Dans le cas d'Atos, le groupe a réalisé plusieurs augmentations de capital dont une d'un montant de 233 millions d'euros en décembre, Ces multiples opérations se sont inscrites dans le cadre d'une procédure permettant à Atos de retrouver une meilleure santé financière.
Cette recapitalisation a donné lieu à l'émission massive de nouvelles actions en circulation. Actuellement leur nombre s'élève à 190 milliards contre une centaine de millions en septembre dernier.
Les porteurs de parts ont essuyé une très importante dilution après ces levées de fonds compte tenu de la nette augmentation des actions en circulation. À l'issue cette restructuration complète, la société avait chiffré cette dilution à 99%.
L'entreprise de services numériques espère ainsi avec ce regroupement tourner la page d'une déroute boursière. Il y a huit ans son action évoluait à plus 100 euros et le titre a fait partie du CAC 40 jusqu'en septembre 2021.
"Compte tenu du nombre d’actions Atos émises lors des augmentations de capital menées dans le cadre du plan de sauvegarde accélérée de la société et de la faible valeur de l’action, le regroupement d’actions a pour objectif de retrouver un nombre usuel d’actions, réduire la volatilité du cours de l’action et soutenir une nouvelle dynamique boursière", avait expliqué l'entreprise lors de l'annonce de ce regroupement d'actions.
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