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Euronext : Pourquoi dans un marché baissier, une entreprise a tout intérêt à racheter ses propres actions

samedi 20 mai 2023 à 07h00
Les OPRA pour se relancer en Bourse

(BFM Bourse) - Une entreprise qui considère son cours de Bourse comme étant trop bas, peut voir une opportunité d'intervenir avec un effet relutif au bénéfice de l'ensemble de ses actionnaires. En plus des rachats au fil de l'eau, elle peut aussi lancer une offre publique de rachat d'actions (OPRA) si le montant visé dépasse 10% de son capital.

Depuis plusieurs années - à l'exception de 2020 -, le marché des petites et moyennes capitalisations est à la peine et fait beaucoup moins bien que le CAC 40. Et l'année 2023 ne fait pour l'instant pas exception, l'indice Euronext Growth All-Share cède 9,7% par rapport à son plus haut inscrit dès les premiers jours de janvier.

Plusieurs raisons expliquent la sous-performance de ces valeurs par rapport à l'indice parisien de référence. Outre l'absence de sociétés de luxe dans cet univers, la forte décollecte, une conjoncture économique moins favorable et des introductions en Bourse réalisées à des niveaux de valorisation élevés sont autant de facteurs qui ont mis ce compartiment sous pression ce que nous avions pris le temps de détailler dans cet article.

Dans le contexte de tendance baissière que connaissent les marchés boursiers smallcaps depuis le début de l’année, une entreprise avec une capitalisation modeste a tout intérêt à racheter ses propres actions dans le cadre d'une Offre publique de rachat d'actions (OPRA), explique Thomas Hornus associé chez EuroLand Corporate. Les entreprises cotées sur Euronext Paris dans des compartiments plus importants sont aussi concernées par ce mécanisme si elles estiment que leur cours de Bourse est exagérément bas.

Une "relution" pour les actionnaires qui restent investis

Le fait de racheter ses propres actions est souvent perçu comme une solution idéale pour une entreprise -si elle dispose de liquidités importantes au regard de ses besoins d'investissement- puisque cela améliore mécaniquement le bénéfice et la valeur nette par action. Autrement dit, cela entraîne une "relution" pour les actionnaires qui restent investis.

Les sociétés cotées peuvent ainsi racheter au fil de l'eau un maximum de 10% de leur capital dans le cadre d'un programme de rachats d'actions, dont la mise en œuvre est généralement confiée à un intermédiaire financier avec qui on convient d'un cours maximal d'intervention et d'un plafond de volume journalier en fonction de la liquidité habituelle pour ne pas déséquilibrer le marché puisque ces rachats se font directement dans le carnet d'ordres.

Si une entreprise veut taper plus fort et profiter d'un cours plancher, et racheter d'un coup plus de 10% du capital pour les annuler, elle peut (et doit) alors lancer une offre publique de rachat de ses propres actions, ou OPRA, mentionnant le nombre maximal de titres à racheter et le prix.

En février dernier, la société Lisi a par exemple profité d'une réorganisation de son actionnariat pour donner un coup de pouce à son cours de Bourse qui avait perdu 30% sur l'ensemble de 2022. Le fabricant de solutions d’assemblage et de composants a annoncé vouloir racheter 14% de son capital, à un prix de 27 euros par action. Franchissant le seuil de 10%, la société a été contrainte par la réglementation boursière de lancer une OPRA.

Comme toute offre publique, elle demande un formalisme idoine soumis à l'AMF et nécessitant une note d'information dédiée, soit un bon mois de préparation, sans parler de l'aval préalable des actionnaires.

Une prime de 20 à 30% généralement

L'offre est alors soumise à l'ensemble des actionnaires, c'est-à-dire que tous reçoivent un avis en ce sens de leur courtier ou de leur banque, avec une prime (sans quoi il ne serait pas plus intéressant d'apporter à l'OPRA que de vendre directement sur le marché) sur le cours qui tourne généralement autour de 20% à 30%. Dans le cas de Lisi, l'offre libellée à un prix de 27 euros, extériorisait une prime de 24% sur le dernier cours de clôture du 22 février retenu pour l'opération à savoir 21,90 euros.

Le nombre de titres apportés à l'offre peut très bien dépasser le montant maximum de rachat fixé par l'entreprise, auquel cas une réduction proportionnelle est appliquée à l'ensemble des apports. Pour donner un exemple, si une société propose de racheter son propre capital dans la limite de 20.000 actions et que 25.000 lui sont apportées, chaque ordre sera réduit de 20% quel que soit son montant: 20 actions seront reprises à celui qui en apporte 25, 80 à celui qui en apporte 100, 4000 à celui qui en apporte 5000, etc...

Pour Thomas Hornus, l'OPRA procure des avantages non négligeables qui vont dans l'intérêt de tous les actionnaires: ceux qui restent comme ceux qui vendent. Offre de liquidité immédiate à un prix supérieur au cours de Bourse mais sans aucune obligation d’y apporter ses titres, l'OPRA entraîne une relution automatique pour les actionnaires ne participant pas à l’offre. Le bénéfice net par action (et le bénéfice distribuable le cas échéant) par action augmentent mécaniquement. Surtout, une OPRA constitue "un signal positif et fort transmis au marché et aux actionnaires sur les ambitions de la société et sur la sous-valorisation de la société en Bourse", souligne Thomas Hornus.

Une première étape vers la sortie de cote

"Chez Euroland Corporate, nous considérons qu’une OPRA, réalisée dans de bonnes conditions et au bon moment, est une opération win-win (gagnant-gagnant, NDLR): soit les actionnaires apportent à l’offre, empochant ainsi une plus-value par rapport au cours de bourse de référence et il y a relution des actionnaires "historiques", soit ils n’apportent pas et, généralement, le cours se réajuste au niveau de celui de l’OPRA", poursuit l'associé d'EuroLand Corporate.

"Dans cette situation baissière, et en l’absence de potentielles cibles de croissance externe intéressantes, acheter ses propres actions constitue pour la société le meilleur investissement pour créer de la valeur", ajoute-t-il. Ce en l’absence bien sûr de projets d'investissement majeurs.

L’OPRA peut également être une première étape vers la sortie de Bourse avec pour objectif de racheter le flottant sans que les actionnaires aux commandes de la société n’apportent, rappelle le spécialiste. Ce fut d'ailleurs le cas pour Iliad fin 2019: alors que le cours traînait sous les 100 euros (95,06 euros précisément à la veille de l'annonce), le groupe de télécoms de Xavier Niel avait alors offert de racheter 20% de son propre capital via une OPRA nettement au-dessus du cours d'alors, soit 120 euros par action. Cette opération a été suivie deux ans après par l'OPA et le retrait de la cote.

Sabrina Sadgui - ©2025 BFM Bourse
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