(BFM Bourse) - Le spécialiste des technologies vitales pour les semi-conducteurs a enregistré des commandes bien plus faibles qu'anticipées par le marché. L'action chute malgré un bénéfice par action meilleur qu'espéré et un maintien des objectifs pour l'année en cours.
L'administration Trump souffle constamment le chaud et le froid sur sa politique douanière. Et cette fois-ci, c'est le secteur technologique qui s'enrhume après que Washington a imposé de nouvelles restrictions aux exportations de semi-conducteurs américains vers la Chine.
Le président américain a en effet dévoilé de nouvelles formalités de licences d'exportation pour les semi-conducteurs de Nvidia et AMD vers l'Empire du Milieu.
"Cette décision est un signe clair que Nvidia fera à présent face à des restrictions et des obstacles conséquents pour vendre à la Chine. Wall Street va prendre cette nouvelle avec beaucoup de nervosité, inquiète de la guerre de la 'tech' entre les États-unis et la Chine", a signalé Daniel Ives, analyste chez Wedbush Securities.
Un indicateur avancé du secteur
Et hasard du calendrier, c'est dans ce contexte houleux pour l'univers des semi-conducteurs et plus globalement pour la tech que le groupe batave ASML a dévoilé ses performances financières pour le premier trimestre.
Rappelons que la société cotée à Amsterdam est rattachée à l'univers des semi-conducteurs, mais elle ne produit pas pour autant des puces à proprement parler. ASML conçoit des machines utilisées pour la photolithographie, une technologie indispensable à la création de semi-conducteurs.
Les produits du groupe néerlandais sont ainsi achetés par les principaux acteurs des semi-conducteurs tels que Samsung Electronics, Intel et le fondeur taïwanais TSMC. Le groupe spécialisé dans la photolithographie, un processus clef dans la fabrication des semi-conducteurs, est donc un bon indicateur avancé de la santé du secteur.
Et les chiffres dévoilés par le groupe ce mercredi matin, illustrent à la perfection que les semi-conducteurs demeurent une industrie où les commandes peuvent se montrer très volatiles d'un trimestre à l'autre. Or, cette donnée est très surveillée par le marché, car elle préfigure les performances futures de la société.
Des prises de commandes décevantes
Pour le premier trimestre 2025, le groupe spécialisé dans la photolithographie a ainsi dévoilé des prises de commandes de 3,936 milliards d'euros. Ce qui marque un franc ralentissement de plus de 44% d'un trimestre sur l'autre, si on compare avec les 7,088 milliards d'euros de prises de commandes dévoilées au titre du quatrième trimestre 2024. Et c'est aussi bien moins que 4,8 milliards d'euros qui étaient anticipés par le consensus Visible Alpha cité par Stifel. Les commandes ont donc été inférieures de 18% à ces estimations.
Dans une note publiée ce mercredi matin, Oddo BHF attendait une "légère réaction négative" du titre en Bourse après cette publication, "en réaction au manqué sur les commandes". Effectivement, le titre ASML cède 5,70% à la Bourse d'Amsterdam. Le bureau d'études estime que ce repli constitue une "opportunité étant donné le niveau de l'action avec un ratio cours sur bénéfices à 12 mois de 24x contre une moyenne de 35x au cours des 5 dernières années".
Une marge supérieure aux attentes
Le reste de la publication d'ASML s'avère aussi mitigé. À 7,742 milliards d'euros, les revenus du premier trimestre ressortent conformes aux attentes du groupe puisqu'il prévoyait un chiffre d'affaires compris entre 7,5 à 8 milliards d'euros. Les ventes d'ASML ressortent cependant un poil en dessous des attentes, qui s'élevaient à 7,765 milliards d'euros.
Toutefois, la marge brute a dépassé les attentes du groupe, à 54%, alors qu'il attendait une marge comprise entre 52% et 53%. Mais aussi celles du consensus logées à 52,6%. De même que le bénéfice par action, qui est ressorti à 6 euros (contre un consensus à 5,77 euros).
"Le chiffre d'affaires net total du premier trimestre s'est élevé à 7,7 milliards d'euros, conformément à nos prévisions. La marge brute a été de 54%, supérieure aux prévisions, grâce à un mix de produits EUV favorable et à la réalisation de jalons de performance. Au cours du premier trimestre, nous avons livré notre cinquième système High NA, et nous avons maintenant ces systèmes chez trois clients." a déclaré Christophe Fouquet, le directeur général d'ASML, dans un communiqué de presse.
Des prévisions mitigées
Pour le deuxième trimestre 2025, ASML prévoit un chiffre d'affaires compris entre 7,2 à 8 milliards d'euros, ce qui traduit un repli par rapport au premier trimestre. La marge brute est quant à elle comprise entre 50% et 53%, ce qui est inférieur aux attentes du consensus logées à 52,3%. "Les prévisions pour le deuxième trimestre ne sont pas très convaincantes", estime Stifel.
Pour l'ensemble de 2025, ASML confirme par ailleurs ses objectifs tels qu'abaissés fin octobre, à savoir un chiffre d'affaires net total dans une fourchette comprise entre 30 milliards et 35 milliards d'euros et une marge brute entre 51% et 53%. Le groupe maintient ses objectifs, en dépit d'une hausse de l'incertitude macroéconomique liée aux tarifs douaniers.
"Les récentes annonces tarifaires ont accru l'incertitude dans l'environnement macroéconomique et la situation restera dynamique pendant un certain temps", a déclaré Christophe Fouquet.
"Les conversations que nous avons eues jusqu'à présent avec nos clients nous confortent dans l'idée que les années 2025 et 2026 seront des années de croissance", ajoute-t-il. "Comme indiqué précédemment, l'intelligence artificielle reste le principal moteur de croissance de notre secteur", a rappelé le dirigeant.
La confiance d'ASML à long terme est étayée par le rôle important et croissant que jouent les puces dans les grandes tendances actuelles, et notamment pour les modèles d'intelligence artificielle.
Le groupe a ainsi réaffirmé ses objectifs pour 2030, à savoir un chiffre d'affaires compris entre environ 44 et 60 milliards d'euros, pour une marge brute attendue entre 56% et 60%.
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