(BFM Bourse) - L'équipementier ferroviaire a annoncé ses prises de commandes et son chiffre d'affaires pour le troisième trimestre de son exercice 2023-2024. Le groupe a indiqué qu'il préciserait la ventilation de son plan de désendettement de 2 milliards d'euros en mai prochain.

Alstom reste dans le viseur des marchés. L'équipementier ferroviaire a connu une fin d'année 2023 difficile, brûlant plus d'un milliard d'euros de cash sur le premier semestre de son exercice 2023-2024, clos en mai prochain. Sous la menace d'une dégradation de sa note par l'agence de notation Moody's, le groupe a érigé son désendettement en priorité. Outre la génération de cash – ce que l'on appelle le désendettement organique – la société a annoncé un plan de 2 milliards d'euros de désendettement "inorganique" en novembre.

Des cessions d'actifs pour un montant de 500 millions à 1 milliard d'euros sont prévues, tout comme des mesures dites de "quasi-capital". Ce deuxième levier peut passer, par exemple, par une filiale dans laquelle seraient associés des investisseurs tiers et où seraient logés certains actifs. Avant Alstom, Air France-KLM avait eu recours à de tels procédés, en ouvrant au fonds Apollo des filiales logeant ses programmes de fidélité et ses activités d'ingénierie et de maintenance. Apollo a alors souscrit à chaque fois des obligations perpétuelles, qui sont considérées comme des fonds propres dans les normes comptables internationales. Une possible augmentation de capital constitue le troisième levier, et peut-être la solution de dernier recours.

La publication des prises de commandes et du chiffre d'affaires du groupe pour le troisième trimestre était l'occasion pour le marché d'en savoir peut-être un peu plus sur ce plan.

Amélioration sur les stocks de matières premières

Mais Alstom n'a pas donné énormément d'indications supplémentaires. L'équipementier ferroviaire a expliqué qu'il dévoilerait lors de la publication de ses résultats pour son exercice 2023-2024, c'est-à-dire le 8 mai, "la ventilation" de chacun des trois leviers devant lui permettre de réduire sa dette nette de 2 milliards d'euros. Autrement dit, le marché devra encore patienter plusieurs mois avant de savoir si le groupe effectuera une augmentation de capital – qui sera évidemment dilutive – et à hauteur de quel montant.

Lors d'une conférence téléphonique avec des analystes, Bernard Delpit, le directeur financier d'Alstom a tout même livré de petites indications. Concernant les cessions d'actifs, le dirigeant a expliqué que la borne haute de 1 milliard d'euros ne constituait pas un "maximum", car la société travaille sur des potentielles transactions qui excèdent ce chiffre. Le groupe s'accorde une marge de sécurité sur son objectif car certaines opérations pourraient ne pas aller au bout du processus.

Au sujet des mesures de "quasi-capital", le directeur financier a indiqué, répondant à une question d'un analyste de Redburn, qu'une émission de dette convertible (avec donc là encore une potentielle dilution) était "une option", "un plan B".

Par ailleurs, Bernard Delpit a assuré que le groupe était sur la bonne trajectoire au niveau de sa génération de trésorerie, notant en décembre une inflexion positive sur les stocks de matières premières par rapport au mois précédent.

Le directeur financier a également confirmé les objectifs du groupe pour l'ensemble de l'exercice 2023-2024, à savoir une progression des revenus de 5% en données comparables, une marge d'exploitation ajustée au-delà de 6% et un flux de trésorerie libre négatif à hauteur de 500 millions à 750 millions d'euros. Cette dernière cible implique qu'Alstom dégage un cash-flow positif de 370 millions à 620 millions d'euros au second semestre.

Bernard Delpit s'est exprimé alors qu'Alstom avait, quelques minutes auparavant, annoncé des prises de commandes de 5,45 milliards d'euros au troisième trimestre, en hausse de 6,4% sur un an en données comparables, tirées surtout par les services. Le chiffre d'affaires a lui augmenté de 4,6% sur un an en données comparables à 4,33 milliards d'euros sur la même période.

Epée de Damoclès

A la suite de l'ensemble de ces annonces, l'action Alstom abandonne 4,6% vers 11h30. Le titre s'avère très volatil: il avait gagné plus de 3% dans les premiers échanges, avant de sombrer à -7,6% au cours de la matinée. Mardi l'action avait par ailleurs terminé en hausse de 3,8%.

"Le message envoyé par Alstom sur ses perspectives de moyen terme et son plan de désendettement s'est avéré cohérent, l'action est très volatile et je ne vois aucun changement fondamental", juge un analyste qui préfère éviter d'attribuer la baisse du titre à un ou plusieurs éléments.

Un autre intermédiaire financier s'y risque davantage. "Peut-être que la mention d'une obligation convertible parmi les options envisagées peut peser", explique-t-il. "De plus quand on regarde les prises de commandes du troisième trimestre, elles ne sont pas très fortes dans le matériel roulant, et sont davantage dues aux services, sur lesquels Alstom ne touche pas d'acomptes. Donc on peut penser que la cible de cash-flow annuelle se jouera surtout au quatrième trimestre et sera ainsi 'back-end loaded' (concentrée sur la fin de l'exercice, NDLR)", poursuit-il.

Enfin cet expert juge que la menace de l'augmentation de capital peut toujours constituer un motif pour inciter les vendeurs à découvert à se positionner davantage sur le titre. "La direction a indiqué qu'elle ne donnerait pas de détails précis avant mai, donc l'opération ne devrait pas survenir avant six mois au minium", conclut-il, qualifiant "d'épée de Damoclès" ce potentiel appel au marché.

De son côté, UBS note que les prises de commandes se sont avérées supérieures de 2% au consensus au contraire du chiffre d'affaires, inférieur de 1% aux attentes (4,33 contre 4,37 milliards d'euros attendus). La banque suisse se dit néanmoins "rassurée" par la confirmation des objectifs annuels de la société.