(BFM Bourse) - Le champion tricolore de l'industrie ferroviaire a publié au titre de 2021-2022 des résultats ajustés supérieurs aux attentes et revu en hausse le montant des synergies avec les actifs rachetés à Bombardier. Toutefois la dépréciation de sa participation dans l'entreprise russe TMH a fait passer dans le rouge le résultat net de l'exercice écoulé et même si Alstom a moins consommé de trésorerie que redouté, son endettement s'est mécaniquement alourdi.
Une chute de 16% en deux heures et demi de cotations. C'est peu dire que le cours d'Alstom fait le grand écart mercredi matin après la publication des résultats de la société pour son exercice 2021-2022, clos en mars. En tête du CAC 40 à l'ouverture, grimpant jusqu'à +9%, le titre se retrouvait bon dernier de l'indice phare vers 10h30 en recul de 8,38% à 21,10 euros, les investisseurs peinant à décider que retirer d'un ensemble d'informations contrasté. Si Alstom fait preuve d'une très belle activité au plan commercial avec un carnet de commandes au plus haut de son histoire, les résultats financiers restent entachés par la nécessité de remettre d'aplomb certains pans d'activité de Bombardier (le groupe a d'ailleurs saisi le mois dernier la chambre de commerce internationale pour une demande d'arbitrage à l'encontre du vendeur) et par une charge de dépréciation sur les 20% que le français détenait dans le principal fabricant de matériel ferroviaire russe Transmashholding.
Au cours de l’exercice fiscal écoulé, Alstom a vu son chiffre d'affaires augmenter de 11% en données comparables proforma à 15,5 milliards d'euros, révélant toutefois un net ralentissement de la croissance entre le premier semestre (+14%, profitant certes de la reprise des démarches commerciales à la suite du confinement de l’année précédente) et le second (+7,9%). Parallèlement le groupe a remporté 19,3 milliards d'euros de commandes sur l'exercice, en augmentation de 33% sur une base comparable. Le ratio commandes/facturations ressort ainsi à 1,25 et le montant total de commandes en carnet s'élève ainsi à 81 milliards d’euros, au plus haut de l'histoire du groupe. La direction calcule que 35 à 37 milliards d’euros devraient se traduire en chiffre d'affaires à l'échelle des trois prochains exercices.
Le résultat d’exploitation pour 2021-2021 s’est élevé à 767 millions d’euros sur base ajustée (hors charges de restructuration liées principalement à un plan de transformation en Allemagne et en Suisse, coûts d'intégration de Bombardier Transport, et renversement de la contribution des sociétés mises en équivalence), en hausse de 19% et équivalent à une marge opérationnelle ajustée de 5%, à comparer à 7,3% en 2020-2021. Ce sont certains projets hérités de Bombardier Transport, représentant environ 2,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires réalisé à marge brute nulle, qui ont affecté cette marge sur la période, tandis que le groupe compte améliorer progressivement la rentabilité grâce à de "solides progrès" dans la stabilisation des projets problématiques.
Une participation russe qui coûte cher
Non retraité mais avant impact de l’amortissement d’actifs exclusivement valorisés lors de l’estimation de l’affectation du prix d’acquisition ("APA") d’Alstom, le résultat d'exploitation enregistre un déclin de 28% à 275 millions d'euros.
La suite de la descente des comptes se révèle délicate à appréhender, avec un résultat net part du groupe en perte de 581 millions d'euros, contre un bénéfice de 247 millions d'euros en 2020-2021. Hors APA et activités non poursuivies, le résultat net est une moindre perte de 173 millions d'euros (contre un bénéfice de 301 millions d'euros avec les mêmes critères l'année précédente). En outre sans une charge de 441 millions d'euros traduisant la perspective de ne plus rien récupérer des 20% du capital de Transmashholding que détient le groupe, ce résultat net (hors APA et activités abandonnées) aurait été bénéficiaire de 268 millions d'euros.
Au niveau des cash-flows, le groupe a comme il l'avait promis réussi à stopper l'hémorragie au deuxième semestre. Rappelons qu'au cours des six premiers mois, Alstom n'avait finalement eu à déplorer une sortie de free cash-flow que de "seulement" 1,46 milliard d'euros (après avoir dit craindre au moins 1,6 milliard et éventuellement jusqu'à 1,9 milliard d'euros de décaissements nets). Au deuxième semestre, ce sont 469 millions d'euros de cash qui ont été générés, ce qui limite à 1,383 milliard la consommation de trésorerie à l'échelle de l'exercice (à comparer à une consommation de 1 milliard au précédent exercice).
Une dette nette qui grimpe
Moins important que prévu, un décaissement reste un décaissement et au final l'’endettement net du groupe à l'issue de l'exercice s'élevait à 2,085 milliards d’euros, à comparer aux 899 millions d’euros de dette nette reportée au 31 mars 2021. Cette dette comprend des obligations ayant des maturités et un profil de coût favorables et sans clauses financières restrictives, précise le groupe, rappelant disposer de 9,024 milliards d’euros de capitaux propres.
"Porté par un dynamisme de marché très positif, le groupe a enregistré un fort volume de commandes en 2021/22, reflétant sa nouvelle dimension géographique, avec des contrats significatifs en Europe mais aussi en Amérique Latine, à Taïwan et en Australie. Au cours du second semestre, la stabilisation des projets a été poursuivie comme annoncé. Grâce à l’engagement de nos 74.000 employés, l’intégration de Bombardier Transport est en bonne voie, avec une augmentation de la satisfaction clients et des synergies en cours de réalisation", a fait valoir le PDG Henri Poupart-Lafarge. Alstom estime que l'intégration devrait être achevée dans un délai de trois ans. Les synergies sont confirmées à 400 millions d’euros en 2024/25, et le groupe anticipe désormais qu'elles atteignent 475-500 millions d’euros annuels à partir de 2025/26.
"Malgré les difficultés à court-terme liées à la situation macro-économique et géopolitique en 2022/23, le Groupe reste pleinement engagé à réaliser ses objectifs à horizon 2025 et à jouer un rôle de premier plan dans la transition pour une mobilité durable", a conclu le dirigeant.
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