(BFM Bourse) - L'avionneur européen a annoncé jeudi soir avoir livré 67 appareils au mois de juillet, chiffre qualifié de "rassurant" par Deutsche Bank. Le groupe est toutefois en retard sur ses temps de passage pour tenir sa cible de 820 livraisons en 2025. Mais les analystes sont plutôt optimistes.

Le mois de juillet n'a pas marqué de grand changement de tendance pour les livraisons d'Airbus. L'avionneur européen a indiqué jeudi soir après la clôture du marché avoir livré 67 avions sur le septième mois de l'année, contre 77 pour juillet 2024, traduisant une baisse de 13% sur un an.

Deutsche Bank juge néanmoins ce niveau de livraison "rassurant" car supérieurs aux chiffres qui étaient parus dans la presse. La banque évoque plus particulièrement une reprise des livraisons de la famille A320 neo, les monocouloirs best-sellers du groupe, véritable "cash-machine", à 54 unités sur le mois.

À la Bourse de Paris, l'action Airbus prend 0,1% à 177,6 euros vers 15h.

>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading

Quelques mois pour renverser la vapeur

Reste qu'Airbus demeure en retard sur ses temps de passage. À fin juillet, l'ex-EADS avait livré 373 avions, contre 400 à la même date de 2025, soit 7% de moins. Or Airbus entend expédier davantage d'appareils à ses clients cette année qu'en 2024, avec une cible de 820 avions, contre 766 unités livrées l'an passé.

L'industriel se doit donc d'accélérer, sachant que le mois d'août ne bouleversa pas la donne. "D'un point de vue historique, le mois d'août est généralement l'un des mois les plus faibles de l'année en termes de livraisons, en raison des vacances européennes.

Entre 2021 et 2024, le mois d'août n'a représenté en moyenne que 6,4% du total des livraisons annuelles d'Airbus, contre une moyenne de 8,5% pour tous les autres mois", calcule Royal Bank of Canada. La banque canadienne table sur des livraisons de 53 avions en août, contre 47 sur le même mois de 2025.

Autrement dit, Airbus a quatre mois (de septembre à décembre) pour renverser totalement la vapeur. Et ne pas manquer sa cible de livraisons comme cela avait été le cas en 2024 (le groupe avait alors abaissé son objectif de 800 à 770 avions en juin) et en 2022.

Interrogé la semaine dernière lors d'une conférence téléphonique tenue à l'occasion de la publication des résultats semestriels du groupe, le président exécutif, Guillaume Faury s'était montré confiant, tout en reconnaissant que tenir cet objectif ne serait pas facile pour autant.

Les "planeurs" en question

Le dirigeant citait deux éléments justifiant son optimisme. Premièrement, Airbus s'était déjà retrouvé dans une situation similaire, en 2018, et avait réussi à terminer l'année en trombe, tenant alors son objectif.

Ensuite et surtout, les livraisons actuelles d'Airbus ne reflètent pas forcément les progrès réalisés par la société dans la montée en cadence de sa production.

Ce car le groupe fait face à un nombre inhabituellement élevé de "planeurs" ('gliders"). Les planeurs sont des avions dont la production est achevée, mais qui, faute de moteurs, ne peuvent être livrés à leurs clients. Airbus est contraint de les stocker dans un hangar en attendant le moteur.

En raison de problèmes d'approvisionnement chez ses deux fournisseurs de moteurs pour la famille A320 neo, CFM International (coentreprise de Safran et de GE Aerospace) et Pratt&Whitney, l'avionneur a produit 60 planeurs à fin juin. Ce alors que, d'ordinaire, la société n'en compte pas plus de quelques-uns, a expliqué Guillaume Faury.

Le dirigeant a toutefois expliqué qu'Airbus avait défini un plan avec les motoristes, CFM notamment, pour revenir à un chiffre de 0 planeurs à la fin de l'année.

Faisable, selon les analystes

Ce point amène les analystes à être relativement optimistes sur la capacité d'Airbus à atteindre son objectif de 820 avions livrés.

"Airbus doit augmenter ses livraisons de 22 % au second semestre afin d'atteindre son objectif de 820 livraisons. Compte tenu des commentaires sur la production et des 60 avions produits au premier semestre (qui devraient être réduits à zéro d'ici la fin de l'année), cet objectif semble réalisable à condition que les livraisons de moteurs pour l'A320 s'accélèrent, les commentaires indiquant un rattrapage complet d'ici la fin octobre", explique Jefferies.

"Si nous partons du principe qu'Airbus a déjà livré ces quelque 60 avions (en supposant à nouveau qu'il le fasse d'ici la fin de l'année), la société devra livrer environ 77 appareils par mois pour atteindre les quelque 820 prévus en 2025. Nous pensons qu'un rythme de 77 appareils par mois est réalisable, car Airbus a été en mesure de livrer 366 appareils au cours des cinq derniers mois de 2024, soit environ 73 appareils par mois", abonde Royal Bank of Canada.

Rappelons que l'avancement des livraisons d'Airbus est très suivi par le marché car c'est lorsqu'un client réceptionne son avion en bonne et due forme qu'il effectue le gros du paiement. La trajectoire des livraisons d'appareils du groupe donne ainsi une indication de sa génération de cash.

Depuis 2021, Airbus mène une délicate montée en cadence de la production de ses avions, notamment dans ses monocouloirs, avec sa famille phare d'appareils, l'A320 neo. La société compte parvenir à un rythme de production mensuelle de 75 avions de cette famille en 2027, objectif que le groupe comptait initialement atteindre en 2025.

L'entreprise doit composer avec des tensions persistantes sur sa chaîne d'approvisionnement, qui sont notamment dues au fait que ses nombreux sous-traitants avaient connu une phase "d'hibernation" durant la pandémie.

Touteffois, Jefferies souligne que la société a indiqué, lors du Salon aéronautique du Bourget de juin, dernier, avoir dépassé son rythme de production antérieure à la pandémie sur la famille A320 neo. Ce qui signifie qu'Airbus produirait plus de 60 avions de cette famille par mois.

Jefferies retient une cadence de 62 à 64 avions par mois. Cette indication a renforcé l'optimisme de la banque, qui a largement relevé, vendredi dernier, son objectif de cours, passant à 225 euros contre 175 euros précédemment (et un cours actuel d'Airbus autour de 178 euros).