(BFM Bourse) - L'avionneur européen a livré ses résultats pour les six premiers mois de 2025 ce mercredi 30 juillet. Airbus a brûlé pour environ 1,3 milliard d'euros de cash au deuxième trimestre, soit bien plus qu'attendu par le consensus.
Après Boeing qui a fait état mardi d'une réduction de ses pertes au deuxième trimestre, au tour de son grand rival européen Airbus de livrer ses résultats.
Sur la période allant d'avril à fin juin, le groupe d'aéronautique et de défense a dégagé des revenus de 16,09 milliards d'euros, stables sur un an.
Le groupe a été lesté, dans sa division d'aéronautique civile, par une baisse de ses volumes en termes de livraisons d'avions avec 170 appareils livrés sur le trimestre contre 181 sur la même période de 2024. Les revenus de cette division ont ainsi baissé de 6% à 11,31 milliards d'euros.
L'entreprise a encore été pénalisée, au niveau de sa chaîne logistique, par des difficultés d'approvisionnement en moteurs pour les monocouloirs A321.
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Importante consommation de trésorerie
Le résultat opérationnel ajusté, mesure clef de la rentabilité de l'entreprise, a augmenté de 94% à 1,58 milliard d'euros.
Cette ligne de compte a bénéficié d'une base de comparaison favorable car Airbus avait enregistré au deuxième trimestre 2024 une charge de 989 millions d'euros dans sa division "défense et espace" liée à des dépréciations sur des programmes spatiaux.
Cette division est, en conséquence, repassée dans le vert au deuxième trimestre, avec un résultat opérationnel positif de 192 millions d'euros à comparer à une perte de 790 millions d'euros sur la même période de 2025.
Airbus a lancé l'an passé une restructuration de cette division qui se traduira par des suppressions de postes allant jusqu'à 2.600 unités d'ici à la mi-2026.
Le bénéfice net a progressé de 218% à 732 millions d'euros.
Le flux de trésorerie disponible avant opérations de fusions acquisitions a été négatif à hauteur d'environ de 1,3 milliard d'euros.
Selon un consensus mis en ligne par la société, les analystes tablaient sur des revenus de 15,78 milliards d'euros, un résultat opérationnel ajusté de 1,469 milliard d'euros, un bénéfice de 1,07 milliard d'euros et flux de trésorerie négatif à hauteur de 105 millions d'euros.
Airbus a donc dépassé les attentes du marché, à l'exception du cash, la société ayant consommé plus de 1 milliard d'euros de trésorerie de plus qu'anticipé par les analystes.
Les "planeurs" en question
Le directeur financier, Thomas Toepfer, a expliqué que le flux de trésorerie avait été pénalisé par des décalages de paiements sur plusieurs activités, par des hausses de stocks pour soutenir la montée des cadences de production du groupe, mais surtout par le fait qu'Airbus a fait face à un nombre inhabituellement élevé de "planeurs" ('gliders").
Les planeurs sont des avions dont la production est achevée, mais qui, faute de moteurs, ne peuvent être livrés à leurs clients. Airbus est contraint de les stocker dans un hangar en attendant le moteur.
En raison de problèmes d'approvisionnement chez ses deux fournisseurs de moteurs pour la famille A320 neo, CFM International (coentreprise de Safran et de GE Aerospace) et Pratt&Whitney, l'avionneur a produit 60 planeurs à fin juin. Ce alors que, d'ordinaire, la société n'en compte pas plus de quelques-uns, a expliqué Guillaume Faury, le président exécutif d'Airbus, à des journalistes.
Ces 60 planeurs représentent autant de manque à gagner en termes de cash pour le groupe.
Guillaume Faury a toutefois expliqué qu'Airbus avait défini un plan avec les motoristes, CFM notamment, pour revenir à un chiffre de 0 planeurs à la fin de l'année. Ce qui signifie que le cash non collecté par le groupe sera rattrapé sur la seconde partie de l'année.
En raison de ce plan, le pilote d'Airbus s'est d'ailleurs dit confiant sur l'atteinte de la cible de livraisons d'avions du groupe (820 appareils) pour 2025, quand bien même il ne sera pas facile de l'atteindre, a-t-il reconnu.
In fine, Royal Bank of Canada relativise le raté d'Airbus sur le flux de trésorerie. La banque canadienne reconnaît que "l'écart par rapport au consensus pourrait constituer une surprise pour les investisseurs".
Mais elle souligne que la hausse des stocks évoquées par l'avionneur pour expliquer la consommation de trésorerie "pourrait aussi donner aux investisseurs l'assurance qu'Airbus sera en mesure d'atteindre son objectif de livraison d'environ 820 avions commerciaux". "Le second semestre 2025 devrait voir une libération substantielle du besoin en fonds de roulement", ajoute la banque.
Objectifs confirmés
Sur l'ensemble du premier semestre, le chiffre d'affaires d'Airbus a progressé de 3% à 29,6 milliards d'euros. Le résultat opérationnel ajusté a augmenté de 58% à 2,2 milliards d'euros, le bénéfice net a progressé de 85% à 1,5 milliard d'euros. Le flux de trésorerie avant financements des clients a été négatif à hauteur de 1,6 milliard d'euros.
À l'issue de ce semestre, Airbus a confirmé ses objectifs pour 2025. Le groupe entend, donc, livrer environ 820 avions sur l'année, dégagé un résultat opérationnel ajusté d'environ 7 milliards d'euros et générer environ 4,5 milliards d'euros de flux de trésorerie avant financement des clients.
La société a par ailleurs confirmé viser une cadence de production mensuelle de 75 avions de la famille A320 neo, sa cash-machine, à l'horizon 2027. Elle a par ailleurs annoncé vouloir atteindre un rythme de production de 5 avions par mois d'ici à 2029 sur l'A330 neo, un gros-porteur, contre 4 actuellement.
Guillaume Faury a, au passage, salué l'accord sur les droits de douane noué entre l'Europe et les États-Unis, qui exempte de droits de douane les exportations d'avions et d'équipements aéronautiques.
"L'accord politique conclu récemment entre l'Union européenne et les États-Unis visant à revenir à une approche de droits de douane nuls pour les avions civils est une évolution positive pour notre secteur", a affirmé le dirigeant.
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