(BFM Bourse) - Après une première génération d'entreprises françaises de "chimie verte" déjà cotées, Afyren s'introduit à son tour en Bourse. Ouverte jusqu'au 27 septembre, l'opération vise à lever jusqu'à plus de 80 millions d'euros, sachant que près de la moitié du montant de base fait déjà l'objet d'engagement de souscription de la part de Mirova et Bpifrance notamment.
Remplacer les composés qui servent de briques de base à la production de la plupart des matériaux modernes, et qui sont aujourd'hui à 99% issus du pétrole, par des équivalents obtenus à partir de ressources renouvelables grâce à des bioprocédés innovants. C'est là l'objectif de ce qu'on appelle la "chimie verte", dont plusieurs acteurs sont déjà présents en Bourse. L'introduction en 2007 de Metabolic Explorer (Metex), puis en 2011 de Global Bioenergies a en effet permis de familiariser les boursicoteurs avec les enjeux et les technologies à l'œuvre - et notamment la difficulté à réaliser la transition du stade expérimental à l'échelle industrielle.
Fondée en 2012, plus jeune donc que les acteurs évoqués plus haut, Afyren va donc suivre une voie déjà relativement bien tracée vers la Bourse, tout en s'appuyant sur ses atouts propres pour réaliser une opération plutôt ambitieuse. Dans l'hypothèse d'un prix en milieu d'une fourchette indicateur allant de 8,02 euros à 9,72 euros par action, la firme lèverait 70 millions d'euros, et 80,5 millions d'euros en cas d'exercice de la clause d'extension.
L'objectif d'Afyren est d'offrir aux industriels des molécules biosourcées de substitution aux molécules pétrochimiques, en ciblant notamment les producteurs de biens de grande consommation. Ces derniers multiplient en effet les engagements à passer à des approvisionnements décarbonés d'ici la fin de la décennie (on peut citer L'Oréal, Unilever, Givaudan...), ce qui apparaît extrêmement ambitieux aujourd'hui vu le peu de fournisseurs.
Plus précisément, la firme a développé un procédé -reposant sur le principe de la fermentation, grâce à un cocktail de bactéries naturelles- permettant de produire simultanément pas moins de sept acides carboxyliques (acide acétique, acide propionique, acides butyrique et isobutyrique, acides valérique et iso-valérique et acide caproïque), qui sont des ingrédients essentiels dans la production de plastiques alimentaires, parfums, lubrifiants, polymères, maquillage etc. En outre, le seul co-produit du procédé est composé potassique qualifié en tant qu'engrais "bio", valorisable par lui-même.
Autre gros atout par rapport à la concurrence, le procédé s'accommode parfaitement d'une biomasse non alimentaire (issue de co-produits et de déchets agro-industriels), plutôt que de biomasse issue de cultures qui pourraient servir par ailleurs à l'alimentation.
Le groupe a débuté en 2020, avec le soutien de Bpifrance, la construction d'une première usine à grande échelle à Carling-Saint-Avold, sur la plateforme industrielle Chemesis exploitée par TotalEnergies, dont la production devrait démarrer début 2022. Le coût total d’installation est estimé à 62 millions d’euros, mais l'entreprise a déjà sécurisé plus de 80 millions d'euros de financements. Autrement dit, les fonds supplémentaires levés lors de l'introduction en Bourse visent plutôt à préparer l'avenir : vu la forte demande anticipée pour ses acides bio-sourcés, Afyren planifie déjà la construction et mise en service de deux usines supplémentaires d’ici 2026.
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