(BFM Bourse) - Quelques mois après la faillite de Wirecard qui a laissé la Bourse allemande en émoi, le régulateur de la Bourse de Francfort enquête désormais sur le spécialiste du financement locatif Grenke, accusé par un vendeur à découvert de maquiller ses comptes.
Après Wirecard, un nouveau scandale financier en Allemagne? Le régulateur financier allemand BaFin a annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête sur la véracité des comptes du spécialiste allemand du financement locatif Grenke, qui a plongé de plus de 40% à la Bourse de Francfort. À la clôture, le titre reculait de 40,19% à 26,70 euros sur le MDax des valeurs moyennes, perdant plus de 51% par rapport au début de la semaine à la suite de la publication d'une note d'investisseur accusant le groupe de fraude comptable.
"Nous utiliserons tous les instruments juridiques à notre disposition pour faire la lumière le plus rapidement possible sur d'éventuelles infractions comptables", a affirmé un porte-parole de la Bafin à l'AFP. L'organe enquêtera sur de "possibles manipulations de marchés par Grenke AG, consistant par exemple en des informations comptables fausses".
Selon la note, publiée lundi par l'investisseur britannique Fraser Perring, une "portion substantielle des liquidités de Grenke n'existe pas". Dans ce rapport d'une soixantaine de pages, le spécialiste des ventes à découvert accuse également le groupe de "blanchiment d'argent pour des criminels", et "d'escroquerie aux petites entreprises". Des accusations que la BaFin va également tenter d'éclaircir, selon le communiqué publié par le régulateur.
Enquête parallèle sur l'auteur du rapport
L'organe va par ailleurs enquêter du côté des auteurs du rapport, pour s'assurer qu'aucun "délit d'initié" ou "d'attaque sous forme de vente à découvert" n'ont été commis. Grenke, dont le modèle consiste notamment à acheter des biens d'investissement pour les louer à ses clients, s'est quant à lui défendu dans un communiqué.
"Le reproche central est qu'une part substantielle des 1.078 millions d'euros de trésorerie (...) rapportés dans le rapport semestriel 2020 n'existe pas. C'est faux", affirme le groupe qui assure que "849 millions d'euros, donc 80% de ces liquidités, se trouvaient sur un compte de la Deutsche Bundesbank au 30 juin 2020". Malgré ce démenti, les actions du groupe ont plongé à leur plus bas niveau depuis cinq ans.
Car l'accusateur n'est pas un inconnu : Fraser Perring avait, dès 2016, pointé les manquements de la société Wirecard, plongée depuis juin dans un des plus gros scandales financiers de ces dernières années en Allemagne.
La réputation de la place financière allemande en jeu
Le spécialiste du paiement en ligne, membre du prestigieux indice boursier Dax des plus grandes entreprises allemandes, a avoué que 1,9 milliard d'euros inscrits dans ses comptes n'existaient pas.
Le scandale a mis à mal la réputation de la place financière allemande, les régulateurs étant vivement critiqués pour leur incapacité à déceler cette fraude. Grenke emploie 1.700 personnes dans le monde, et est présent dans 32 pays. Il est entré sur le MDax des valeurs moyennes allemandes en juin 2019.
(avec AFP)