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Marché : Qu'appelle-t-on les lectures croisées en Bourse et pourquoi sont-elles importantes?

samedi 1 février 2025 à 07h00
Les lectures croisées ne doivent pas être prises à la légère

(BFM Bourse) - En amont de la saison des résultats qui a débuté cette semaine sur le CAC 40, plusieurs actions françaises ont réagi à des publications de sociétés étrangères évoluant dans des secteurs similaires. Mais ces lectures croisées ont parfois leurs limites.

La saison des résultats a désormais pris son envol. LVMH, STMicroelectronics, Sanofi et Eurofins ont publié leurs comptes annuels, cette semaine. Une dizaine d'entreprises du CAC 40 suivront la semaine prochaine.

En amont de ces publications, plusieurs pensionnaires du CAC 40 avaient déjà réagi à des résultats qui avaient été publiés par des entreprises évoluant dans leur secteur ou ayant des activités comparables.

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C'est ce que l'on appelle, en Bourse, un "read-across" ou, en bon français, "une lecture croisée". Les investisseurs décortiquent la publication d'une société et en tirent des conclusions pour d'autres groupes cotés du même secteur.

"Ce type de lecture croisée peut être très instructif, en particulier lorsque la source est un acteur majeur du secteur", expliquait en 2023, Joachim Klement, un analyste et ancien employé d'UBS Wealth Management, dans un post sur la plateforme substack.com.

"Bien entendu, cette lecture croisée explique également pourquoi le cours des actions des entreprises du même secteur que celui de l'entreprise qui publie ses résultats a tendance à évoluer dans la même direction que le cours de l'action de l'entreprise qui publie ses résultats le jour même", ajoutait-il.

Dans un post plus récent du 21 janvier dernier, Joachim Klement jugeait par ailleurs que les analystes avaient tendance à sous-estimer ces lectures croisées dans leurs évaluations. Tout du moins pour les entreprises américaines.

Un important nombre avant la saison des résultats

Les exemples survenus ces dernières semaines montrent toutefois que ces "lectures croisées" peuvent avoir une influence notable voire considérable.

L'Oréal a vu son action décoller d'une traite, le 22 janvier, pour terminer en hausse de 2,5%. Ce mouvement est survenu juste après que le spécialiste américain des produits d'hygiène Procter & Gamble a annoncé un retour à la croissance dans sa division "beauté".

Safran a, quelques jours plus tard, été soutenu par les résultats trimestriels de son partenaire américain GE Aerospace. Les deux groupes co-détiennent la société CFM International, qui commercialise le moteur CFM56, le moteur d'avions le plus vendu au monde, ainsi que son successeur, le Leap. La marge opérationnelle nettement supérieure aux attentes du groupe américain dans sa division de moteurs et services civils a été perçue comme une bonne indication des résultats de l'équipementier aéronautique français. L'action a pris plus de 2%.

Cette semaine, l’entreprise de services numériques Capgemini a, elle, été portée par l'activité de l’éditeur de logiciels professionnels allemands SAP, publiée mardi. La société d'outre-Rhin a livré une croissance supérieure aux attentes et a relevé ses objectifs pour 2025. L'action Capgemini a gagné 3,7%.

Le secteur où ces lectures croisées ont été le plus prégnantes, ces dernières semaines, reste le luxe. Richemont, le propriétaire suisse de Cartier, a atomisé les attentes, le 16 janvier dernier. Puis, un peu plus d'une semaine plus tard, le maroquinier britannique Burberry a fait de même. À chaque fois le secteur du luxe a été tiré vers le haut. LVMH a bondi de 9,15% après les annonces de Richemont et a gagné 1,9% après celles de Burberry. Kering, jugé plus proche de Burberry par les analystes que LVMH et Hermès, a pris 6,2% puis 4,5%.

Revers de la médaille: ces lectures croisées ont amené les investisseurs à revoir leurs attentes à la hausse sur le secteur du luxe pour cette saison de résultats. LVMH en a fait les frais, mercredi. Le numéro un du luxe a beau avoir livré une activité supérieure au consensus des analystes, les opérateurs de marché avaient placé la barre plus haute. Deutsche Bank a souligné que les investisseurs tablaient sur une croissance de 2% à 3% en données comparables, dans la division mode et maroquinerie, alors que les revenus ont au contraire reculé de 1%.

Des limites

Un secteur se prête assez souvent à ces jeux de lectures croisées: les semi-conducteurs. Le nombre d'acteurs cotés de cette industrie est très important sur l'ensemble des places mondiales. Il s'avère également assez divers, avec des sociétés présentes sur les différents étapes de la chaîne de valeur (fondeurs, fabricants de substrats, de processeurs et microprocesseurs, de puces mémoires, etc…). Les américains Texas Instruments et Micron, le taïwanais TSMC, le coréen Samsung, sont autant d'acteurs dont les résultats peuvent avoir des effets collatéraux sur des sociétés françaises telles que Soitec, STMicroelectronics ou X-Fab. Mercredi, les résultats d'ASML ont encore tiré leurs cours.

A contrario, certains acteurs peuvent souffrir d'un manque de comparables, rendant ainsi les lectures croisées rares. Pendant longtemps, Edenred constituait un acteur assez singulier en Bourse. Présent dans les avantages aux salariés (titres restaurant, titres cadeaux), les cartes carburant ou les paiements interentreprises, le groupe n'avait pas vraiment de comparable direct. Ce qui a pu pénaliser son statut boursier. La donne a changé l'année dernière, avec l'introduction en Bourse de Pluxee, l'ex-division d'avantages aux salariés de Sodexo.

Soulignons que le ces lectures croisées ont parfois leurs limites, comparaison n'étant pas toujours raison. Si Richemont avait enchanté le luxe après sa publication mi-janvier, le groupe suisse évolue sur un créneau particulier, celui de la joaillerie horlogerie, un segment qui a moins souffert du ralentissement de la demande de produits de luxe que d'autres, comme la maroquinerie. Les analystes prévenaient que les enseignements à tirer de sa publication étaient, en conséquence, à relativiser pour les acteurs peu ou pas présents dans la bijouterie.

Renault pris dans la tempête

Renault a lui souffert un peu injustement de lectures croisées. Au premier semestre 2024, le constructeur automobile avait publié des résultats globalement un peu au-dessus des attentes. Le titre a toutefois dévissé de 7,5% dans la foulée. "Il y a peut-être un peu de sympathie mal placée avec la baisse de Stellantis", avançait alors un analyste. Stellantis avait, au contraire, de Renault, publié des résultats en chute libre au premier semestre et son action avait alors plongé de 8,7%.

Le groupe au losange s'était encore retrouvé sous pression en Bourse après qu'à peu près tous ses rivaux européens (Volkswagen, Stellantis, Aston Martin, BMW, Mercedes-Benz, Porsche…) avaient émis à tour de rôle des avertissements sur résultats à l'automne dernier.

L'action Renault a perdu environ 20% entre début septembre et début octobre, période où ces "profits warning" se sont multipliés en pagaille.

Les investisseurs avaient alors un peu négligé deux points. Premièrement Renault n'est pas présent en Chine, où les constructeurs allemands sont malmenés par les acteurs locaux, ni aux États-Unis, où Stellantis peine à écouler ses importants stocks. Deuxièmement, Renault bénéficie de lancements de nouveaux produits qui soutiennent ses résultats.

Fin octobre, le groupe a ensuite rassuré le marché avec des revenus supérieurs aux attentes au troisième trimestre et la confirmation de ses objectifs annuels. L'action avait repris près de 5%.

Renault sera, avec Ferrari, le seul constructeur automobile européen à afficher une performance positive en Bourse en 2024, avec une hausse de 27,5%.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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