(BFM Bourse) - Les rendements des obligations souveraines se détendent fortement, le marché tablant sur une possible pause de la part des grandes banques centrales dans leurs relèvements de taux.
Le mécanisme est classique: quand les marchés prennent peur, les obligations d'État, c'est-à-dire les titres de dette souveraine, voient leurs valeurs progresser. Et leur taux chuter, puisque le prix d'une obligation évolue en sens inverse de son rendement.
C'est le cas ce mercredi. Alors que les marchés actions s'effondrent ce mercredi, grippés par la chute de 30% de Crédit Suisse, le taux à 10 ans des États-Unis s'échange à 3,43% contre 3,69% mardi, une baisse importante sur ce type de marché. En Europe, le taux à 10 ans de l'Allemagne s'établit à 2,14% contre 2,415% mardi et pour la France il s'inscrit à 2,694% contre 2,973% mardi.
Les évolutions sur les titres à deux ans, plus représentatifs des anticipations des décisions monétaires, sont encore plus importantes. Le rendement de la dette allemande à cette échéance s'inscrit à 2,49% contre 2,873% mardi, par exemple.
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Les banques centrales sous pression
Cette détente des taux peut avoir plusieurs raisons. Tout d'abord les obligations souveraines peuvent bénéficier de leur statut d'actifs jugés sûrs, et des mouvements de changement d'allocations des actions vers ces obligations peuvent avoir lieu. C'est ce qu'on appelle le "flight to quality".
Mais surtout, de l'avis de plusieurs experts, la chute de Crédit Suisse devrait augmenter les pressions sur les banques centrales pour qu'elles mettent le "la" sur les relèvements de taux directeurs, qui par définition pénalisent l'économie.
"La chute du cours de Bourse de Crédit Suisse "pourrait avoir des conséquences sur la décision politique de la BCE prévue pour demain", estiment les économistes de Capital Economics. "Il est clair que la BCE a de bonnes raisons d'attendre et de voir comment les choses évoluent. Mais notre hypothèse centrale à ce stade est que la Banque poursuivra son plan pré-annoncé de relèvement du taux de dépôt de 2,5 % à 3,0 %, tout en soulignant que la politique n'est pas sur une trajectoire prédéterminée", poursuivent-ils.
"Avec ce qui se passe en Europe avec la chute de Crédit Suisse et ce qui s'est passé aux Etats-Unis [la faillite de SVB, NDLR] on a du mal à imaginer que les banques centrales ne perçoivent l'appel du pied du marché considérant que les hausses de taux sont maintenant suffisantes", décortique Alexandre Baradez, analyste de marché chez IG France.
Pour ce dernier, la BCE pourrait avoir deux options, jeudi. Premièrement: relever ses taux de 50 points de base (0,5%) comme elle s'y était engagé, mais tout en précisant dans son communiqué annonçant cette décision que la donne pourrait changer pour les prochaines réunions. Deuxièmement: opter pour une hausse des taux plus faible, de 25 points de base (0,25%). "Mais dans tous les cas, la BCE fera preuve d'une agressivité bien plus faible que lors des précédentes réunions", estime-t-il;
Alexandre Baradez estime même que la Fed ou la BCE pourraient bousculer le calendrier en annonçant des décisions dès ce mercredi ou simplement donner des messages rassurants par les voix de leurs membres respectifs.