(BFM Bourse) - Le président sortant a défait le leader de l'opposition. Bien que sa politique économique ne soit guère appréciée des experts et des investisseurs étrangers, la place stambouliote gagne du terrain.
Recep Tayyip Erodgan rempile. Le président turc, au pouvoir depuis 20 ans, a remporté dimanche l'élection présidentielle turque, face à son opposant Kemal Kiliçdaroglu, avec un peu plus de 52% des suffrages.
Ce lundi, la Bourse d'Istanbul, gagne pour l'heure 4% vers 14h. Précisons néanmoins que le 15 mai, lors de l'annonce du résultat du premier tour, elle avait perdu plus de 6%. A cette date, Erdogan était apparu nettement en tête du premier tour, ce qui augurait de sa probable victoire au second. Cela constituait alors une déception pour les marchés.
Car de l'avis de plusieurs experts, la politique économique très peu conventionnelle menée par le président turc n'a guère les faveurs des investisseurs étrangers, qui ont fui les actifs turcs ces dernières années. Selon Bloomberg, leur détention d'actions et obligations turques a fondu de 85%, soit 130 milliards de dollars, depuis 2013.
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Croissance à tout prix
Rappelons que le président turc a plaidé pour des taux directeurs bas face à une inflation galopante, une politique économique à rebours de celles de la plupart des autres pays, mettant ainsi l'accent sur la croissance à tout prix au détriment des autres objectifs macroéconomiques.
"Une victoire d'Erdogan n'apporte aucun réconfort aux investisseurs étrangers", a déclaré à Bloomberg Hasnain Malik, stratège chez Tellimer à Dubaï. "Avec une inflation très élevée, des taux d'intérêt très bas et l'absence de réserves étrangères nettes, une crise douloureuse affectant tous les actifs pourrait se profiler", ajoute-t-il.
"Une victoire d'Erdogan signifie de nouvelles années d'expérimentation de politique monétaire avec un total mépris des conséquences", jugeait de son côté vendredi, Craig Erlam d'Oanda.
Nombre d'observateurs considèrent par ailleurs que la victoire d'Erdogan signifie que la livre turque devrait poursuivre sa chute face au dollar. Pour l'heure, ce lundi, le dollar ne prend "que" 0,6% face à la devise locale, à 20,0852 livres turques, une variation normalement assez conséquente sur le marché des devises.
Vers un plongeon de la livre turque?
Mais la livre, comme expliqué dans un précédent article, bénéficie de mesures de soutien de la part de la banque centrale turque dont l'indépendance politique est , au mieux, discutable.
Capital Economics, dans une note publiée vendredi, estimait que la devise devrait plonger dans les prochains mois avec la réélection d'Erodgan, tablant sur un dollar à 26 livres turques d'ici à la fin de l'année.
"La livre turque a été fortement administrée par les responsables politiques au cours de l'année écoulée et nous pensons qu'elle doit s'affaiblir de manière significative afin de rétablir l'équilibre de l'économie turque", explique le think tank. "Les mesures visant à défendre la monnaie semblent intenables et, malgré les efforts des responsables politiques pour assurer la stabilité avant les élections, le rythme de la dépréciation de la lire s'est accéléré au cours des dernières semaines", ajoute-t-il.
Cité par CNBC, Wells Fargo pour sa part table sur un dollar à 23 livres turques d'ici la fin de ce deuxième trimestre.
Selon Bloomberg, Recep Tayyip Erdogan a toutefois promis de nommer une nouvelle équipe économique qui aurait une "crédibilité internationale", et ce dès ce vendredi.
Soulignons au passage que la Bourse d'Istanbul, si elle perd 13,6% depuis le début de l'année, gagne toujours 88% sur un an, grâce à une année 2022 stratosphérique (plus de 100% en dollar, et environ 190% en monnaie locale. Ce qui s'explique "en grande partie par l'augmentation des flux en provenance des investisseurs locaux à la recherche d'une couverture contre l'inflation", souligne Capital Economics. "Mais nous doutons que cette forte performance se poursuive", ajoute le think tank.