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Marché : L'ancien directeur du FMI Rodrigo Rato relaxé dans le procès Bankia

mardi 29 septembre 2020 à 16h00
Rodrigo Rato vient d'être relaxé dans le procès Bankia

(BFM Bourse) - Huit ans avant le scandale Wirecard, une banque espagnole avait elle aussi constaté un trou de 3 milliards d'euros dans ses comptes, un après son introduction en Bourse. Au terme d'un procès fleuve, son président de l'époque Rodrigo Rato vient d'être relaxé au motif que l'opération avait reçu toutes les autorisations nécessaires.

Emblématique de la crise financière en Espagne, le procès de l'introduction en Bourse de la banque Bankia s'est soldé par la relaxe mardi de l'ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI), Rodrigo Rato, et de toutes les autres personnes poursuivies.

Pendant dix mois en 2018-2019, ce procès-fleuve était revenu sur cette affaire traumatique pour l'Espagne: l'entrée en Bourse en fanfare en 2011 d'une banque présentée comme florissante... se retrouvant au bord de la faillite un an plus tard, avec un trou de trois milliards d'euros dans ses comptes. Bankia, nationalisée en urgence, avait été sauvée in extremis par 22 milliards d'euros de fonds publics, tandis que 300.000 petits actionnaires avaient perdu leur investissement.

La question centrale du procès était donc de déterminer si les anciens dirigeants de la banque, dont Rodrigo Rato, avaient sciemment trompé les investisseurs en présentant un tableau trompeur de l'entreprise. Près d'un an après la fin des audiences, le haut tribunal chargé de l'affaire a donc estimé que toutes les personnes poursuivies devaient être relaxés car l'introduction en Bourse avait reçu le feu vert "de toutes les institutions nécessaires".

Durant le procès, le parquet avait requis huit ans et demi de prison contre Rodrigo Rato, accusé de falsification de bilan comptable et escroquerie au préjudice des investisseurs lorsqu'il dirigeait la banque de 2010 à 2012. Des peines de prison allant de six mois à six ans avaient également été requises pour quatorze des 32 prévenus, dont quatre autres hauts dirigeants de Bankia.

"La procédure qui a abouti à l'entrée en Bourse de Bankia fut supervisée de manière intense et avec succès par la Banque d'Espagne, l'Autorité des marchés financiers (...) et disposait en fin de compte de l'approbation de toutes les institutions", a estimé le tribunal de l'Audience nationale dans un communiqué.

Décision "indigne"

Le prospectus d'entrée en Bourse, destiné à informer les acquéreurs potentiels d'actions, contenait une information "plus que suffisante pour que les investisseurs (...) se fassent une opinion raisonnée sur la valeur de l'entreprise" et contenait une "description des risques exhaustive et claire". En outre, le tribunal a estimé qu'aucun "fait concret" n'avait été imputé aux accusés, mais seulement des "attitudes générales" qui ne suffisaient pas pour les juger coupables.

Le collectif citoyen 15MpaRato, qui avait initié l'une des premières plaintes ayant abouti au procès, a jugé la décision "indigne" et qualifié l'introduction en Bourse de Bankia d'"escroquerie". Les parties ont cinq jours pour faire appel, selon le tribunal.

Directeur du FMI de 2004 à 2007, donc prédécesseur immédiat de Dominique Strauss-Kahn à ce poste, Rodrigo Rato purge déjà une peine de quatre ans et demi dans une autre affaire pour détournement de fonds lors de son passage à Bankia. Au cours du procès sur l'introduction en Bourse, il avait affirmé que la Banque d'Espagne n'avait jamais adressé de mise en garde aux dirigeants alors qu'elle connaissait tout des "entrailles" de Bankia et avait assuré n'avoir "pas eu d'autre objectif que la défense des intérêts (des) actionnaires" de la banque.

Présidée par Rodrigo Rato, Bankia est née en 2010 de la fusion de sept caisses d'épargne déjà mises en difficulté -dont Caja Madrid, qu'il dirigeait avant cette fusion- par l'éclatement de la bulle immobilière. Le 20 juillet 2011, la nouvelle banque était entrée en Bourse et l'image de Rodrigo Rato sonnant la cloche et trinquant au champagne, tout sourire, pour marquer le début de la cotation, est devenue un des symboles du désastre.

Le sauvetage de Bankia par l'Etat en mai 2012 avait ensuite précipité la demande par l'Espagne de fonds européens pour l'ensemble de son secteur bancaire, dévasté par la crise mondiale et par l'explosion de la bulle immobilière. Au total, ce sont pas moins de 41,3 milliards d'euros de prêts européens qui ont été concédés à l'Espagne, dont la moitié pour Bankia. Depuis ce scandale, l'Etat espagnol n'a récupéré que trois milliards d'euros sur le total des aides consenties à Bankia.

La banque, aux comptes nettement assainis depuis, est en train d'être rachetée par CaixaBank afin de créer un mastodonte bancaire en Espagne, dont l'Etat possédera 16%.

(avec AFP)

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