(BFM Bourse) - Après une année 2021 record, le marché mondial des introductions en Bourse s'est écroulé en 2022 en raison de conditions de marché défavorables et d'un contexte géopolitique adverse. Les montants levés à la Bourse de Paris n'ont pas dépassé les 400 millions d'euros depuis le début de l'année.
Après une année 2021 record, 2022 ne sera pas une année faste en matière d'introductions en Bourse. Loin de là. D'après une étude du cabinet EY, ce sont 1.333 introductions en Bourse qui ont été enregistrées dans le monde cette année, pour un montant de 179,5 milliards de dollars depuis le début de l'année. Une activité en très forte baisse comparée à l’année 2021 que ce soit en volume (-45%) et en valeur (-61%). La chute tant en valeur qu'en volume s'explique par un contexte macroéconomique et géopolitique n’incitant pas les entreprises à se jeter dans le grand bain boursier.
"Tout au long de l'année 2022, l'activité mondiale des introductions en Bourse a été affectée par une volatilité accrue du marché, par des conditions de marché défavorables, mais aussi par les performances médiocres de nombreuses introductions en Bourse cotées depuis 2021" explique Franck Sebag, associé chez EY. "L'affaiblissement des marchés boursiers, des valorisations et des performances post-IPO ont encore découragé les investisseurs sur ce type d’opérations" poursuit-il.
EY tient à relativiser. Bien que ces chiffres représentent une forte baisse par rapport à 2021, les opérations d'introduction en Bourse à l'échelle mondiale ont tout de même enregistré une augmentation de 16% en volume par rapport à l'année 2019.
Un coup d'arrêt net des opérations en zone Amérique
L'activité est ressortie très dégradée en zone Amérique, tant en valeur qu'en volume. Le nombre d'introductions en Bourse et la valeur de ces introductions se sont effondrés: 130 opérations ont permis de lever 9 milliards de dollars, soit une baisse de 76 % (en volume) et de 95 % (en valeur), par rapport à l'année précédente. La plupart des introductions en Bourse des Amériques (69%) ont eu lieu sur des Bourses américaines, soit 90 opérations.
La zone Asie-Pacifique semble plus épargnée par la contraction du marché des introductions en Bourse. Quelque 845 introductions ont été enregistrées dans la zone totalisant un produit de 120,6 milliards de dollars. La Chine continentale est en passe d'établir un nouveau record de levées de fonds annuel d'ici la fin de l'année 2022.
En Europe, 149 entrées en Bourse ont été enregistrées pour un montant de 18 milliards de dollars. L'activité a baissé de 70% en volume et de 78% en valeur par rapport à 2021. L'entrée en Bourse du constructeur allemand de voitures de luxe Porsche d'un montant de 8,74 milliards d'euros a pesé à elle seule 61% des montants levés.
Quid de la Bourse de Paris? Elle n'échappe pas à ce phénomène de baisse des opérations. En 2022, seules 12 entreprises ont tenté leur chance en Bourse pour un montant de 356 millions de dollars. L'an dernier, la France comptabilisait 35 opérations dont 2 françaises sur des marchés étrangers pour un montant total de 3,74 milliards de dollars.
Une reprise des IPO en 2023 ?
Pour EY, l'année 2023 s'annonce riche en introductions en Bourse même si l'activité restera probablement morose au moins jusqu'au premier trimestre. Des conditions favorables semblent être mises en place pour que l'activité mondiale des introductions en Bourse reprenne de la vigueur d'ici le second semestre.
"Pour que le marché des introductions en Bourse redevienne plus actif, il existe un certain nombre de conditions préalables: un sentiment positif et une hausse des performances des marchés boursiers ; une baisse de l'inflation et la fin des hausses des taux d'intérêt ; un apaisement des tensions géopolitiques ; et une diminution des effets de la pandémie de Covid-19 sur l'économie" explique Franck Sebag.
"De nombreuses sociétés candidates à l'introduction en Bourse continueront d'adopter l'approche "attentiste", en attendant le bon moment. Pour l'instant, les investisseurs se concentreront davantage sur les fondamentaux d'une société, tels que la croissance des revenus, la rentabilité et les flux de trésorerie, plutôt que sur les seules projections de croissance avance-t-il.