(BFM Bourse) - Certaines valeurs réagissent nettement aux différentes annonces douanières de Donald Trump, ce jeudi 3 avril.
Les marchés mondiaux sont en net repli ce jeudi 3 avril, Donald Trump ayant mis sa menace à exécution avec l'annonce de son programme de droits de douane.
Le président américain a exhibé un panneau avec trois colonnes: la première, avec les zones géographiques pour autant de "partenaires" commerciaux, la deuxième avec les taxes douanières qu'il dit subir de la part de ses partenaires, et la troisième avec les taxes qu'il imposera désormais à l'entrée des produits sur son territoire.
Et cette journée du 2 avril, qualifiée de "Jour de la Libération" par Donald Trump, fera date dans l'histoire du commerce et des relations internationales. Ces nouvelles barrières douanières font surtout émerger le risque d'un ralentissement économique.
"Le rehaussement global des taxes douanières a non seulement pour but de réduire le déficit commercial, mais aussi et surtout de réduire le déficit américain, au risque d’entraîner une phase de ralentissement économique voire une contraction économique pendant quelques mois", prévient Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France
"Les grandes banques américaines ont, ces derniers jours, relevé leurs probabilités de récession aux Etats-Unis: 35% pour Goldman Sachs et 40% pour JP Morgan. Le modèle de prévision de la Fed d’Atlanta estime que la croissance américaine pourrait se contracter sensiblement au premier trimestre. En raison notamment d’un très fort déséquilibre de la balance commerciale liée à un fort accroissement des importations, par anticipation de la mise en place des nouvelles taxes douanières. Mais en raison également de données de consommation moins fortes…", poursuit le spécialiste.
Alors quels sont les secteurs qui réagissent ce jeudi en Bourse le plus aux annonces douanières de Donald Trump?
Le secteur automobile cale
Le secteur automobile est aussi en première ligne des initiatives douanières de Donald Trump, avec la mise en place de surtaxes douanières de 25% sur les véhicules et les pièces détachées produites hors des États-Unis.
À Paris, ce sont les équipementiers automobiles qui souffrent le plus, Valeo qui avait indiqué fin février qu'il ne disposait pas de marges lui permettant d'absorber des droits de douane de 25% redonne 3,5% et Forvia 4,1%.
Les banques secouées
Les banques françaises reculent à la Bourse de Paris. Les établissements bancaires réagissent très souvent plus que le marché lors de l'éclatement de tensions géopolitiques, en raison notamment de leur caractère cyclique, c'est-à-dire que ce sont des titres davantage exposés à la conjoncture. Ce jeudi matin, BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole cèdent entre 3% et 2,5% à la Bourse de Paris.
L'habillement à la traîne
Les équipementiers sportifs sont eux aussi dans la tourmente, après l'annonce de nouveaux droits de douane visant le Vietnam, l'Indonésie et la Chine. La moitié des chaussures Nike et 39% des chaussures Adidas sont fabriquées au Vietnam, selon les documents réglementaires, cités par Bloomberg.
A Francfort, les actions Adidas chutent de plus de 10%, et celles du rival Puma de 8,8%. Du côté de Wall Street, Nike et Lululemon reculent de plus de 9% dans les échanges d'avant-Bourse.
"Le déplacement des chaînes d'approvisionnement n'est pas une option étant donné que les chaussures de performance nécessitent un ensemble de compétences et d'usines très spécifiques", a déclaré Poonam Goyal, analyste chez Bloomberg Intelligence. "Je ne vois pas comment les prix pour les consommateurs ne vont pas augmenter", a-t-elle ajouté.
Les autres entreprises du secteur du prêt-à-porter, qui fabriquent elles aussi leurs produits en Asie accusent aussi le coup. Le géant suédois H&M redonne 4% à la Bourse de Stockhlom, tandis qu'Inditex, la maison-mère de l'enseigne Zara se replie de 2,5%.
Toujours dans les biens de consommation, le luxe loin d'être à la fête ce jeudi, le marché américain étant un débouché important de ce secteur. A la Bourse de Paris, Essilorluxottica accuse la plus forte baisse du CAC 40, et lâche 6%, la société réalisant près de la moitié de ses ventes aux Etats-Unis et fabrique aussi certains de ses composants en Chine. LVMH redonne 3,5%, Hermès 3,4% et Kering cède 2,8%. A Londres, Burberry lâche 7%.
L'aéronautique cloué au sol
Les valeurs aéronautiques traversent une zone de turbulences ce jeudi et pourtant, les observateurs pensaient que le nouveau locataire de la Maison Blanche allait épargner ce secteur pour préserver Boeing . Finalement, rien de tout cela, l'aéronautique entre aussi dans le champ douanier de Donald Trump.
Or, un cinquième des exportations de la France vers les Etats-Unis sont liés à l'aéronautique, avec 9 milliards d'euros de biens de la catégorie "aéronefs et engins spatiaux" qui ont été exportés aux Etats-Unis en 2024. Et à la Bourse de Paris, Airbus redonne 3%, Safran 2,8% quand Dassault Aviation perd seulement 1%.
Les spiritueux reculent avec modération
En revanche, le secteur des vins et spiritueux limite la casse à la Bourse de Paris, alors que pourtant Donald Trump avait brandi la menace de droits de douane de 200% sur "les vins, champagnes et autres produits alcoolisés provenant de France et d'autres pays représentés par l'Union européenne".
Ces produits seront finalement frappés d'une taxe de 20% supplémentaires, comme les autres produits importés de l'Union européenne. Pernod Ricard et Rémy Cointreau limitent leur repli à 1%, Laurent Perrier cède 0,4%, quand Vranken-Pommery progresse de 0,9%, profitant toujours de ses résultats annuels annoncés en début de semaine.
La santé, en bonne forme
Les entreprises liées au secteur de la santé évoluent en hausse. La Maison Blanche a indiqué mercredi soir que les médicaments et autres produits pharmaceutiques, étaient exemptés des nouveaux droits de douane. A la Bourse de Paris, Eurofins Scientific gagne 3,5%, Biomérieux s'adjuge 1,5,%, Ipsen progresse de son côté de 1%, quand Sanofi grappille 0,2%.
A situation exceptionnelle, réunion exceptionnelle. Emmanuel Macron va réunir à l’Élysée jeudi, à 16H00, "les représentants des filières impactées par les mesures tarifaires annoncées par les États-Unis", a fait savoir la présidence de la République.