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Renault, Tesla, Ferrari, Michelin : Ces groupes auto qui peuvent résister en Bourse aux droits de douane

jeudi 27 mars 2025 à 14h22
Renault est immune

(BFM Bourse) - Si les droits de douane imposés par l'administration Trump à compter du mois prochain pénaliseront l'ensemble du secteur, certains groupes possèdent des positions enviables. Renault n'est présent qu'indirectement aux États-Unis, Tesla possède une production très locale, tout comme Michelin. Quant à Ferrari, sa clientèle haut de gamme a de quoi absorber les surcoûts.

L'onde de choc provoquée par Donald Trump sur l'automobile malmène le secteur en Bourse. Les constructeurs japonais ont souffert ce jeudi matin, les groupes allemands sont dans le dur ce jeudi après-midi (BMW perd 2,6%, Mercedes-Benz recule de 3,5% et Volkswagen abandonne 2%), tout comme Stellantis (-4,2%) ou General Motors (-5,5%).

Pour rappel, les États-Unis instaureront des droits de douane supplémentaires de 25% sur l'ensemble des importations automobiles à compter du 3 avril. La taxation globale passera à 27,5%. Ce taux s'appliquera également aux camions et aux pièces clefs des voitures, comme les moteurs, ou les composants électriques. Les pièces détachées seront taxées dans un délai plus long à savoir d'ici le 3 mai.

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Renault absent (mais pas Nissan)

Tous les constructeurs ne seront pas affectés de la même façon. En Europe, Bernstein estime que ces droits de douane grèveront la marge opérationnelle de Stellantis de cinq points de pourcentage, chiffre qui tombe à 2 points pour BMW, 2,2 points pour Mercedes et 1,4 point pour Volkswagen.

Ces droits de douanes devraient également plomber les équipementiers via des volumes plus faibles, juge UBS. "Il pourrait y avoir des baisses de consensus (la prévision moyenne des analystes) de résultat opérationnel de l'ordre de 10% à 20%, Forvia, Gestamp (un groupe espagnol NDLR) et OPmobility étant potentiellement les plus exposées négativement", explique UBS.

Certaines sociétés sont toutefois peu exposées au risque douanier. Ou possèdent des leviers importants pour en atténuer l'impact.

Renault, qui d'ailleurs progresse de 0,4% ce jeudi, est assez immune au marché américain pour une raison simple: la société est absente des États-Unis. Plus exactement, le groupe au losange n'est exposé qu'indirectement au pays, via sa participation de 35,7% dans le constructeur japonais Nissan, qui est d'ailleurs en difficulté depuis plusieurs trimestres sur ce marché.

L'Amérique du Nord représentait à peu près 36% des volumes de la société de Yokohama sur l'exercice clos en mars 2024.

Oddo BHF a d'ailleurs réaffirmé ce jeudi que Renault était, pour lui, la valeur la plus attractive en Europe du secteur automobile.

Michelin, un bibendum très américain

Tesla de son côté est considéré comme "un gagnant structurel des droits de douane" par Bernstein. Nous avons détaillé les raisons de cet optimisme dans un précédent article.

Grosso modo, le spécialiste des véhicules électriques sera bien moins touché que ses concurrents car la totalité de sa production est localisée aux États-Unis, et environ 60% de la valeur de ses composants proviennent du pays de l'oncle Sam. Ce qui veut dire que l'entreprise subira moins de pressions sur ses marges et aura moins besoin de repasser ses coûts aux clients, ce qui lui procurera un avantage concurrentiel.

Du côté des pneumaticiens, Oddo BHF explique que Michelin fait partie des groupes les moins à risques, car moins de 15% de ses ventes réalisées aux États-Unis sont importées du Mexique ou du Canada, avec également des importations provenant d'Europe très limitées.

Un constat partagé par Bernstein. Au sein des groupes de pneus, "le pourcentage de bénéfices réalisés aux États-Unis varie de 23% (Continental) à 38% (Michelin) notre taux de localisation aux États-Unis étant estimé entre 5% (Pirelli) et 80% (Michelin)", détaille le géant d'actifs.

"Michelin est le plus proche, tandis que les autres importent à partir de leurs bases les plus importantes au Mexique et au Brésil (Pirelli), en Europe (Conti) et au Japon et en Thaïlande (Bridgestone)", ajoute-t-il.

Ferrari et son pricing power "molto bene"

Ferrari importe la totalité de ses ventes aux États-Unis, son plus important marché, d'Europe puisque la société n'a qu'un seul site de production, celui de Maranello, en Italie.

Mais "nous avons du mal à imaginer une cohorte de clients aux États-Unis qui soit mieux placée que celle de Ferrari pour absorber des prix plus élevés", souligne Bernstein.

"Et comme nous estimons que la majorité des Ferrari vendues aux États-Unis le sont à des propriétaires qui possèdent déjà plus d'une Ferrari (la moyenne mondiale est de 49 %), toute augmentation des nouveaux prix sera quelque peu amortie par le fait que les autres Ferrari du client dans son garage ont vu leur valeur augmenter également", poursuit le bureau d'études dans une note très instructive.

"Et si le président (Donald Trump, NDLR) tient sa promesse de réduire les impôts pour les plus hauts revenus et d'autoriser la déduction des intérêts automobiles de l'impôt sur le revenu, cela ne nuira certainement pas aux clients de Ferrari", ajoute-t-il.

Pour Ferrari, Bernstein s'attend à ce que l'immense partie des surcoûts induits par les droits de douane soient transférés à ses clients. Un taux de 100% impliquerait un impact nul sur ses bénéfices et de 1 point de pourcentage sur sa marge opérationnelle, calcule l'intermédiaire financier. À 50% les impacts se chiffreraient à 70 centimes sur le bénéfice par action (contre 9,16 euros attendu pour 2025) à 2,2 points sur la marge opérationnelle.

"Ferrari devrait pouvoir repasser certains tarifs aux clients", juge également Stifel. La banque est moins optimiste pour Porsche, dont l'appartenance au luxe est bien moins certaine que pour Ferrari, une action comparée à Hermès plus qu'aux autres groupes automobiles.

Stifel pense que Porsche pourra repasser l'impact des tarifs sur son modèle emblématique, la 911, mais pas sur les autres modèles SUV, en raison de la concurrence des autres groupes (la GLE de Mercedes, la X5 de BMW). "Nous pensons que Porsche doit produire certains produits aux États-Unis à long terme si les tarifs persistent", conclut Stifel.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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