(BFM Bourse) - Les titres des constructeurs et équipementiers automobiles souffrent ce jeudi en Bourse, après la décision de Donald Trump d'imposer des surtaxes douanières sur les véhicules et les pièces détachées produits hors des États-Unis.
Moins d'une semaine avant l'entrée en vigueur des droits de douane réciproques, Donald Trump veut marquer les esprits. Le président américain a annoncé, mercredi 26 mars, la mise en place de surtaxes douanières de 25% sur les véhicules et les pièces détachées produites hors des États-Unis.
"Ce que nous allons faire, c'est imposer des droits de douane de 25% sur toutes les voitures qui ne sont pas fabriquées aux États-Unis", a déclaré Donald Trump mercredi, qualifiant cette mesure de “très modeste”. Ces surtaxes seront applicables dès le 2 avril, et il a précisé que les États-Unis commenceraient à les percevoir un jour plus tard.
Concernant la plupart des pièces détachées importées aux États-Unis, elles seront taxées au plus tard d’ici le samedi 3 mai.
Un choc pour l'industrie automobile
Le secrétaire général de la Maison Blanche Will Scharf ajoute que ces surtaxes devraient se traduire par un nouveau revenu annuel de 100 milliards de dollars pour les États-Unis, rapporte Bloomberg.
"C'est un choc brutal pour les bénéfices, en particulier pour les équipementiers qui dépendent des importations et pour les constructeurs. Il ne s'agit pas d'une mesure symbolique, mais d'une modification substantielle de la structure des coûts de l'industrie automobile américaine", signale Bernstein.
En Bourse, le secteur automobile accuse logiquement le coup. Les constructeurs asiatiques ont subi d'importants dégagements après cette décision. À la Bourse de Tokyo, Toyota a cédé plus de 2%, Mitsubishi 3,20%, Honda 2,47% et Nissan 1,67%. A Séoul, Hyundai a rendu 4,5%.
À Paris, Stellantis lâche 4,9% tandis que Renault, présent seulement indirectement sur le marché américain via Nissan, parvient à limiter son repli à 1%. C'est surtout à Francfort, qui compte un nombre important d'entreprises du secteur, que les replis sont les plus marqués. Porsche chute de 4,6%, Volkswagen chute de 3%, BMW de 4,1% et Mercedes-Benz de 4,7%.
En avant-Bourse à Wall Street, General Motors chute de 7%, Ford trébuche de près de 4%.
Même Tesla, qui cède 1% dans les échanges avant-Bourse, ne sera pas épargné par ces surtaxes. Son dirigeant Elon Musk a évoqué un effet "non négligeable" sur le coût de production des Tesla et donc sur le prix de vente au grand public.
Cette décision a donc fait l'effet d'une bombe. D'autant plus que les constructeurs américains (ainsi que les groupes européens présents aux États-Unis) importent une grande partie de leurs volumes commercialisés hors du sol américain.
"Rappelons qu'environ 50% des véhicules vendus aux États-Unis sont importés, soit environ 8 millions de véhicules (en provenance principalement du Mexique, du Canada, d’Europe ou encore du Japon et de la Corée). Au-delà, sur les 50% déjà assemblés aux États-Unis, le contenu local (c'est à dire à terme exempté de droits de douane) est estimé à seulement 40-50%", détaille Oddo BHF.
Un risque inflationniste
Le bureau d'études pointe le risque inflationniste induit par l’introduction de surtaxes douanières sur l'importation de véhicules et pièces détachées aux États-Unis. "À court terme, le prix des véhicules vendus aux États-Unis devrait significativement augmenter puisque les supply-chain (chaînes logistiques) ne pourront que très peu évoluer à court/moyen terme (et ce sera structurellement couteux), alors qu'aucun acteur ne sera en mesure d’absorber ce choc aujourd’hui et notamment pas les équipementiers", avancent les analystes d'Oddo BHF.
Bernstein chiffre l'impact de ces droits de douane à environ 110 milliards de dollars sur l'ensemble du secteur, soit environ 6.700 dollars par véhicule.
En raison d'une rentabilité plus faible, l'impact de ces surtaxes sur les bénéfices "devrait être le plus important pour Volvo Cars, suivi par BMW et Mercedes", estime pour sa part Stifel.
Sur la partie Europe, les valeurs les plus exposées de l'univers de la couverture d'Oddo BHF sont Porsche (100% de ses ventes importées d’Europe) ,et dans une moindre mesure Volkswagen (36%), BMW (37%) et Mercredes-Benz Group (52%), "avec des droits de douane bien supérieurs aux sensibilités fournies lors des résultats annuels".
Du côté des équipementiers, le secteur souffre en Bourse, voire plus que les constructeurs automobiles. À Paris, Forvia plonge de 10,4%, Valeo cède 9,9% et OPmobility recule de 8%.
Citée par Reuters, une porte-parole de Valeo a indiqué que l'équipementier automobile ne pourra pas absorber les droits de douane de 25% sur les importations d'automobiles aux Etats-Unis annoncés par le président américain Donald Trump et devra augmenter ses prix en conséquence.
L’imprévisibilité de Donald Trump sur les droits de douane vient donc encore plus décontenancer les marchés. En début de semaine, les indices avaient rebondi dans l'espoir que le président américain opte pour une ligne beaucoup moins dure sur le volet commercial. Or, ce dernier tour de vis sur le secteur automobile vient ramener les marchés à la réalité.
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