(BFM Bourse) - Les prix de gros de bétail s'envolent à des niveaux historiques, en raison d'une contraction du cheptel bovin américain au plus bas depuis plus de 70 ans.
Aux États-Unis, le barbecue ou "BBQ" est une institution qui fait partie intégrante de la culture du pays. C'est d'ailleurs de l'autre côté de l'Atlantique qu'est née il y a plus de 70 ans la célèbre marque Weber, spécialiste des appareils pour réaliser des grillades.
Si Weber a quitté la cote américaine fin 2022 après un rachat et un parcours boursier décevant, la viande de bœuf elle, connaît une trajectoire radicalement différente à l'image de plusieurs autres matières premières cotées sur les marchés comme le café ou le cacao.
Mauvais timing
Le contrat à terme sur les bovins vivants pour livraison en juin progressent de 11% depuis le début de l'année, selon les données du CME, l'opérateur de la Bourse de Chicago, où est coté nombre de produits agricoles (soja, blé, porc, etc...) Sur un an, la progression est proche des 20%.
"Les contrats à terme sur les bovins vivants pour livraison en juin ont atteint un point haut historique aux États-Unis, juste avant la saison des barbecues", remarque Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM.
"La viande de bœuf aux États-Unis, c'est la deuxième viande la plus mangée après le poulet. Surtout, c'est bientôt la saison des barbecues et notamment aux États-Unis", note aussi John Plassard, directeur des investissements chez Mirabaud à l'antenne de BFM Bourse.
Une réduction du cheptel disponible
Pourquoi les contrats à terme sur les bovins vivants campent-ils à des niveaux historiquement élevés? Ce mouvement s'explique par des craintes sur l'offre.
Dimanche 11 mai, les États-Unis ont décidé de suspendre pour 15 jours les importations de bétail en provenance du Mexique en raison d'un parasite mangeur de chair, communément appelé "mouche de viande". Le Sud du Mexique fait face à des cas importants de lucilie bouchère, dont les larves attaquent les plaies des animaux et des humains.
"Il est de mon devoir de prendre toutes les mesures pour protéger l'industrie de l'élevage aux États-Unis contre ce parasite dévastateur", a déclaré la ministre américaine de l'Agriculture, Brooke Rollins.
Les cours du le bétail vivant "sont en feu" après cette décision, a déclaré à Reuters Dan Norcini, analyste indépendant.
Or, les États-Unis importent généralement plus d'un million de bovins par an du Mexique.
La suspension temporaire survient alors que "le niveau du cheptel mondial est le plus faible depuis 70 ans et c'est la conséquence d'épisodes de sécheresse qui ont réduit les pâturages disponibles", explique, par ailleurs, John Plassard.
Un point bas en 2025
En raison des cycles de reproduction et de développement relativement long pour ce type de viande, un véritable changement de tendance apparaît peu probable.
Ces cycles se mesurent en années pour un bovin, en mois pour un porc et en semaines pour un poulet, rappelle le département américain de l'Agriculture. "Le nombre de bovins, leur prix et la production de viande bovine ont tendance à suivre un cycle qui dure environ 10 ans, mais qui peut varier de 8 à 12 ans en fonction de facteurs tels que la sécheresse ou le coût de l'alimentation", détaille-t-il.
Le département prévient que les stocks de bovins aux États-Unis atteindront un point bas en 2025, avec un stock total de 86 millions de têtes, ce qui constituerait le stock de bovins le plus bas depuis 1951.
"Ça veut dire qu'il est peu probable que les prix du bœuf baissent de manière significative avant plusieurs années. Cette inflation sur un des aliments les plus mangés par les Américains créé une situation de tension qui devrait pousser le président Donald Trump à agir sur l'importation de viande, notamment d'Amérique Latine", considère John Plassard.
Le département américain anticipe une faiblesse de l'offre en 2026, ce qui devrait pousser encore les prix vers le haut, avant de redescendre en 2031 puis d'amorcer une nouvelle hausse jusqu'en 2034, selon ses prévisions.
Pour les ménages américains la facture pourrait être salée. Cette hausse "risque d'impacter les marges des grandes chaînes de restauration rapide qui ne manqueront pas de répercuter la hausse des prix sur le consommateur", prévient Christopher Dembik.