(BFM Bourse) - Originaire des Yvelines, Skytech compte accélérer son déploiement industriel et commercial en ouvrant de nouvelles usines de recyclages de résines plastiques telles que l'ABS, jusqu'ici non valorisées. La firme veut s'appuyer sur la Bourse pour devenir l’un des leaders européens du marché des résines plastiques régénérées.
La forte volatilité actuelle des marchés ne décourage pas les jeunes pousses à tenter l'aventure boursière. Ce mois de mai est particulièrement dynamique sur le front des introductions en Bourse. Les résultats de la levée de fonds de Lhyfe seront connus vendredi soir tandis que Broadpeak vient d'annoncer l'ouverture de son offre aux particuliers, espérant lever plus de 20 millions d'euros. Fondée en 2018, la "cleantech" Skytech s'inscrit dans la même dynamique. L'Autorité des marchés financiers vient d'enregistrer le document de référence de cette société spécialisée dans le recyclage de produits plastiques, première étape en vue d'une introduction sur Euronext Growth Paris.
Skytech a développé un procédé permettant de recycler trois types de résines plastiques, ABS (acrylonitrile butadiène styrène), polystyrène et polypropylène. Jusqu'à présent, ces résines constituent des déchets qui sont habituellement incinérées ou enfouies. La société, basée dans les Yvelines à Bonnières-sur-Seine, permet ainsi de réutiliser les déchets plastiques -issus notamment des véhicules hors d’usage et des équipements électriques et électroniques- en les transformant en résines premium, prêtes à l’emploi et disposant de caractéristiques techniques similaires à celles d’un plastique directement issu de la pétrochimie.
"Pour être recyclés, les mélanges de déchets plastiques doivent être séparés par nature chimique. Les techniques classiques de tri comme la flottaison et le tri infrarouge ne garantissent pas une séparation suffisamment précise de certaines familles de plastiques du fait de leur densités très proches et de la difficulté à séparer les résines plastiques de couleur noire. Leur recyclage est donc fortement limité", explique Skytech dans son communiqué.
La "tribo-éléctricité" au service de la valorisation de plastiques
Après huit années de recherches, initiées avec le CNRS puis avec les laboratoires de l’Ecole Normale Supérieure, Skytech a mis au point une procédé industriel qui permet donner une nouvelle vie à ces déchets plastiques en l’absence de solutions de tri suffisamment efficaces à ce jour.
Ce procédé repose sur la technologie de la "tribo-électricité" et comprend trois étapes. La première consiste à prétraiter les déchets afin qu'ils soient "exempts de polluants et d’une taille uniforme" pour le passage à l’étape suivante : la "tribo-électricité" consistant à appliquer un champ électrique pour trier des mélanges complexes de déchets plastiques issus de la consommation quotidienne, en les faisant flotter dans de l'eau. Ce que ce que les autres techniques de tri ne parviennent pas à faire.
Une fois séparés par famille, les différents plastiques sont transformés en granulés prêts à l’emploi pour les industriels, semblables à ceux issus de résines vierges. Skytech explique que son savoir-faire "répond au cahier des charges des plasturgistes et des industriels dans de multiples domaines d’application : automobile, équipements électriques ou électroniques, bâtiments et mobilier."
La greentech a ouvert un site à Bonnières-sur-Seine dont la la production a commencé décembre 2020. Sur l'année écoulée, le capacité de production annuelle de cette première usine était de 10.000 tonnes. Skytech vise à passer dès cette année à 35.000 tonnes avec l’ouverture d’un nouveau site de production au Val-d’Hazey dans le département de l'Eure, afin de répondre répondre à la demande soutenue pour ses produits.
Skytech anticipe notamment une montée en puissance de la demande en plastiques recyclés sous l'effet de la fermeture des frontières de certains pays (dont la Chine) à l’importation des déchets où les pays occidentaux avaient l'habitude d’exporter leurs déchets plastiques. L'augmentation des contraintes réglementaires qui vont être imposées par les Etats européens et la demande de produits éco-responsables de la part du consommateur final vont amener les industriels à accroître l’utilisation de plastique régénéré.
Un chiffre d'affaires d'environ 200 millions d'euros à horizon 2025
À horizon 2025, Skytech vise un chiffre d’affaires d’environ 200 millions d'euros et une marge d’EBITDA comprise entre 17 et 20%, avant de la porter autour de 30% en 2030.
Pour y parvenir, l'entreprise compte sur l’ouverture de nouveaux sites de production à l’international (quatre usines projetées en 2025 et au moins six en 2030).
Parallèlement, la société entend maintenir son avance technologique et renforcer sa politique R&D. Skytech entend aussi contenir la hausse de prix de vente de ses résines régénérées pour rester compétitif face au résines dites vierges.
Sabrina Sadgui