(BFM Bourse) - Le titre du constructeur de camions électriques a bondi de près de 20% jeudi à Wall Street en réaction à l'annonce de sa première livraison, un jalon important et atteint dans les temps, par rapport au calendrier que Nikola avait avancé.
À contretemps, le titre Nikola a vivement réagi ce jeudi à l'annonce de la première livraison complétée par le producteur de poids lourds électriques au port de Los Angeles, datant pourtant de vendredi dernier - comme indiqué par Nikola dans ce tweet.
S'il avait alors pris 7,1% en réaction à cette information, celui-ci s'était suivi d'un recul de 7,3% dès le lundi suivant, malgré ce jalon qui constitue une étape importante dans l'histoire d'un fabricant de véhicules électriques - d'autant qu'il permettait à Nikola de tenir sa promesse de réaliser ses premières livraisons au 4e trimestre 2021.
Avec quelques jours de retard, Wall Street a donc fini par s'enthousiasmer, ce jeudi, après que la société a répété -encore sur Twitter- que son premier client avait été livré, ce qui laisse présager d'autres livraisons. Cette communication s'est traduite par une flambée de 18% du titre Nikola, à 11,09 dollars, au plus haut depuis plus d'un mois. Peu avant 11h30 ce vendredi, celui-ci est encore attendu en hausse de l'ordre de 4% d'après les échanges avant "pre-market" à Wall Street.
Premières livraisons
Le groupe a donc livré deux Nikola TRE (modèle disposant d’un moteur électrique Bosch d’une puissance continue de 480 kW (645 chevaux) et d’un essieu électrique conçu et produit par FPT Industrial, filiale d’Iveco) commandés par Total Transportation Services Inc. (TTSI), une société californienne spécialisée dans la logistique, dans le cadre d'un projet pilote avec deux camions électriques et deux camions à hydrogène. Ils doivent être utilisés dans les ports de Los Angeles et de Long Beach. Si l'expérience est satisfaisante, TTSI commandera 100 véhicules au total à Nikola. "La production, la performance et la maintenance seront la clé, et nous sommes convaincus que Nikola excellera sur les trois fronts", a souligné Vic LaRosa, le patron de TTSI cité dans le communiquéLe groupe prévoit toujours d'en écouler 25 au total d'ici la fin de l'année, comme prévu en novembre, a confirmé une porte-parole à l'AFP. C'est toutefois beaucoup moins que les 50 et 100 véhicules initialement annoncés, le groupe ayant dû revoir ses ambitions à la baisse en août, puis de nouveau en novembre, en raison des problèmes d'approvisionnement.
Nikola va payer 125 millions à la SEC
Nikola avait fait des débuts remarqués à Wall Street en juin 2020, lorsque son titre avait atteint un sommet à près de 80 dollars en clôture quelques jours seulement après son introduction (via une Spac) à un cours de 10 dollars par action. Ce qui valorisait alors le groupe qui n'avait encore produit aucun véhicule à près de 30 milliards de dollars, soit davantage que Ford - contre 4,5 milliards à la clôture de ce jeudi. Le titre avait de nouveau bondi début septembre à l'annonce d'un partenariat prometteur avec General Motors qui semblait apporter une légitimité à la société fondée en 2015, avant de s'effondrer trois mois plus tard quand GM avait finalement renoncé à prendre une participation à son capital, et que son PDG avait dû démissionner à la suite d'accusations d'agressions sexuelles, ainsi que d'accusations formulées dès septembre 2020 par le vendeur à découvert Hindenburg Research.Ce dernier accusait le groupe d'avoir trompé ses investisseurs quant aux technologies prétendument développées, son rapport mettant en évidence de multiples arrangements avec la réalité dans le discours officiel du constructeur automobile - notamment lors de la diffusion d'un spot publicitaire présentant une version apparemment roulante d'un camion lors du Super Bowl, quand le véhicule n'avait fait que descendre une côte en roue libre.
Le rapport avait déclenché l'ouverture d'une procédure de la part de la SEC, qui a rendu son verdict ce mardi. "Nikola est à la fois responsable des déclarations trompeuses de Trevor Milton (son ancien PDG, NDLR) et d'autres supercheries, qui ont toutes faussement représenté le statut réel de l'entreprise sur le plan financier et technologique", a déclaré dans un communiqué Gurbir Grewal, responsable de la mise en œuvre des règles à la SEC.
Le fabricant de camions électriques et à hydrogène Nikola a confirmé mardi qu'il allait payer 125 millions de dollars au gendarme boursier américain pour mettre fin à ce différend. Le paiement de l'amende se fera en cinq versements semestriels pendant une période de deux ans, et Nikola s'est dit "heureux de refermer ce chapitre, toutes les enquêtes gouvernementales étant terminées" a ajouté le groupe qui ne reconnaît ni ne nie pas les faits qui lui étaient reprochés.