(BFM Bourse) - L’ETI lyonnaise spécialisée dans la fourniture de pièces détachées pour les industries stratégiques (aéronautique, défense, nucléaire, énergie…), a profité du Salon du Bourget pour annoncer son projet d'introduction à la Bourse de Paris. ACI Groupe compte sur la Bourse pour renforcer ses capacités de financement.
Début mai, l'opérateur boursier Euronext a annoncé un chapelet de mesures pour soutenir le financement des entreprises de la défense, de la sécurité et de l'énergie, qui se sont retrouvées sur le devant de la scène avec le regain de tensions géopolitiques.
Or, la cote européenne compte dans ses rangs plus de poids lourds à l'image de Thales, Dassault Aviation ou Safran en France, Renk ou Rheinmetall en Allemagne, que de petites et moyennes entreprises.
"Le secteur de la défense en Europe se caractérise par plusieurs choses inhabituelles. On a constaté qu'il y a très peu d'entreprises cotées en Bourse en Europe et que ces entreprises sont de taille importante. Et celles qui ne sont pas cotées sont de taille moyenne", avait alors déploré Stéphane Boujnah, président du directoire d'Euronext sur BFM Business.
L'appel du dirigeant à rejoindre les marchés financiers a été entendu par une entreprise de taille intermédiaire (ETI) du secteur. La société en question s'appelle ACI Groupe qui a dévoilé son projet d'introduction à la Bourse de Paris, à l'occasion du Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace (SIAE), qui se tient du 16 au 22 juin 2025 au Bourget et dont vous pouvez suivre les dernières actualités dans ce dossier dédié.
La société vise une arrivée sur la cote parisienne à l'automne prochain et a privilégié le compartiment Euronext Growth, dédié au petites et moyennes capitalisations.
"Ce projet s’inscrit dans le cadre de la stratégie volontariste du groupe, qui a l’ambition d’être un acteur structurant de la Base industrielle et technologique de défense (BITD). Il vient conforter l'ambition du gouvernement (français, NDLR) de mobiliser l'épargne des Français en faveur d'une industrie souveraine, notamment en matière de sécurité et de défense", explique la société dans son communiqué.
Un repreneur d'entreprises en difficulté
Fondée en 2019, ACI Groupe pour "Alliance des compétences industrielles" est une entreprise spécialisée dans la sous-traitance industrielle dans les domaines de l'aéronautique, de la défense et du nucléaire. Elle s'est notamment illustrée ces dernières années en reprenant des entreprises en difficulté qui détiennent des savoir-faire essentiels aux filières de l’aéronautique et de la défense.
"La souveraineté technologique passe par la maîtrise des matériaux. Les aciéries, les fonderies nécessitent beaucoup de capex (dépenses d'investissements dans l'appareil productif, NDLR). Il faut donc avoir une taille critique assez importante", a déclaré Philippe Rivière, président et fondateur d'ACI Groupe dans l’émission, sur BFM Business lundi 16 juin.
Depuis sa création, ACI Groupe a ainsi fait l’acquisition de 35 sites en France et 10 sites à l’étranger, dont récemment les Fonderies de Sougland et la Fonderie Hachette et Driout.
"Pendant cinq ans, on s'est donc attachés à structurer, à organiser l'ensemble de notre outil industriel. Une fois que nous avons assuré un socle assez solide, nous avons décidé de remonter dans la chaîne de valeur et de nous concentrer sur la partie matériaux avec l’acquisition de ces trois sociétés (Forges de Montplaisir, Fonderies de Sougland et la Fonderie Hachette et Driout). Ces acquisitions nous donnent une certaine autonomie sur environ 60% de notre production", a détaillé le dirigeant à l'antenne de BFM Business.
ACI Groupe s'est en effet donné pour mission de revitaliser le tissu industriel français avec la reprise de ces forges en difficulté. En début d'année, le groupe lyonnais a pu compter sur le fonds Fortuna qui a injecté 82 millions d'euros lors d'une levée de fonds en échange de 49% du capital d'ACI Groupe.
"Après avoir fait cette augmentation de capital il y a quelques mois, nous avons décidé avec notre nouvel actionnaire Fortuna de (nous) introduire en Bourse", a indiqué Philippe Rivière.
Une levée de fonds de 50 à 80 millions d'euros
Le dirigeant ajoute que la dynamique actuelle est porteuse à la fois pour la défense, le nucléaire et l'aéronautique. "On pense aujourd'hui qu'il ne faut pas rater le wagon, et nous avons décidé d'accélérer avec Fortuna. La précédente augmentation de capital nous a permis de se structurer sur le pôle chaud (forges et fonderies, NDLR) et de mener les deux-trois acquisitions à venir dans les prochains mois. Nous voyons plus loin, d'où ce souhait d'aller en Bourse".
La société compte ainsi lever entre 50 millions et 80 millions d'euros pour renforcer son "pôle chaud" et accompagner ses clients à l'international.
En 2024, ACI Groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 245 millions d'euros, après 180 millions d'euros en 2023, ce qui extériorise une croissance de 36% sur un an. La société vise un chiffre d'affaires de 300 millions d'euros, dans le cadre de son plan stratégie "ADN 2030", explique-t-elle son site internet.
ACI Groupe veut donc marcher sur les traces de la société Odyssée Technologies, qui a rejoint avec succès le compartiment Euronext Growth en décembre 2024.
Cette dernière société propose des pièces complexes entrant dans la composition de systèmes critiques tels que des moteurs ou des systèmes de freinage d'avions civils ou militaires, des guides d'ondes pour les satellites, des pièces et des sous-ensembles critiques pour l'armement, des aubes de turbines pour la production d'énergie.
Odyssée Technologies profite à plein de l'élan porteur pour l'industrie de la défense, dont les actions signent des performances vertigineuses depuis le début de l'année. Sur l'ensemble de l'année 2025, son titre enregistre un copieux gain de 195% . Par rapport à son cours d'introduction en Bourse fixé à 13 euros, la hausse passe à 230%.