(BFM Bourse) - L'opérateur boursier européen a annoncé plusieurs mesures visant à favoriser le financement des entreprises du secteur de la défense.
À sa façon, Euronext joue sa partition dans l'effort européen visant à développer et renforcer l'industrie militaire. L'opérateur boursier paneuropéen a annoncé mardi 6 mai un chapelet de mesures pour soutenir le financement des entreprises de la défense, de la sécurité et de l'énergie.
"Notre rôle d'entreprise citoyenne c'est d'organiser cette demande des investisseurs qui souhaitent investir dans les entreprises de sécurité et de défense qui vont participer à ce réarmement de l'Europe", a déclaré Stéphane Boujnah, président du directoire d'Euronext sur BFM Business, mardi 6 mai.
Rappelons que les groupes européens de défense en Bourse se sont retrouvés sur le devant de la scène avec le regain de tensions géopolitiques. En Europe, ce secteur a clairement été le grand gagnant de ce début d'année.
Sur l'ensemble de 2025*, Rheinmetall, qui fournit notamment des blindés à l'armée allemande, prend 180% et Hensoldt, spécialiste des capteurs et de l'optronique militaire, avance de 116% à Francfort. Renk, qui produit des boîtes de vitesses et des systèmes de transmission pour des véhicules militaires et les navires des marines, s'adjuge 215%.
À la Bourse de Paris, Thales enregistre la plus forte progression du CAC 40 avec un bond de 80 % quand Dassault Aviation grimpe de 62%. Les petites et moyennes capitalisations ne sont pas en reste. Exail Technologies, qui conçoit des drones sous-marins permettant de détecter des mines, gagne près de 200%.
Le spécialiste de l’optronique pour les applications militaires Exosens fait aussi partie de ces groupes qui ont profité de ce gros coup de projecteur. Son action prend 85% depuis le début de l’année, et a même intégré fin mars le SBF 120, le deuxième indice de la place parisienne, moins d'un an après son introduction en Bourse en juin 2024.
"Les investisseurs sont de plus en plus désireux d'augmenter leur exposition aux opportunités croissantes liées aux investissements dans l'aérospatial, la défense, l'énergie et les infrastructures stratégiques en Europe", a déclaré Stéphane Boujnah, Président-directeur général d'Euronext.
Un camp d'entraînement spécial
Pour faire émerger en Bourse de nouvelles pépites de la défense à l'image d'Exosens, Euronext va, dans son arsenal de mesures pour soutenir le secteur, s'appuyer sur le programme "IPOready". Lancé en 2015, ce programme de formation préparatoire à l'introduction en Bourse (IPO) vise à démystifier cette étape importante dans la vie d'une société.
Euronext prévoit donc de lancer sa version "défense" de ce programme IPOready dans le courant du troisième trimestre, avec le soutien de l'Union européenne et de la Banque européenne d'investissement.
"Le secteur de la défense en Europe se caractérise par plusieurs choses inhabituelles. On a constaté qu'il y a très peu d'entreprises cotées en Bourse en Europe et que ces entreprises sont de taille importante. Et celles qui ne sont pas cotées sont de taille moyenne", a souligné Stéphane Boujnah.
"Avec ce programme IPOready, ces entreprises vont faire le chemin vers la croissance, en réformant leur gouvernance pour la rendre plus efficace ainsi que leur communication avec les investisseurs. Elles pourront aussi préciser leur stratégie, structurer leur bilan de manière plus efficace. Autrement dit ces entreprises vont préparer leur transformation vers l'IPO ", a détaillé le dirigeant d'Euronext.
Certaines entreprises seraient bien engagées dans ce chemin vers l'introduction en Bourse. Le groupe franco-allemand KNDS réfléchirait à s'introduire en Bourse, avait rapporté Reuters fin février. KNDS aurait pris contact avec des conseillers pour viser une potentielle introduction en Bourse à fin 2025 ou en 2026.
Le groupe aurait aussi une préférence pour la Bourse de Francfort, une place boursière où sont déjà cotés plusieurs acteurs bien établis tels, donc Rheinmetall, ou Hensoldt.
"Qu'elles aillent ou pas vers le chemin de l'IPO, c'est un objectif secondaire. Le plus important, c'est que ces sociétés se transforment au contact d'autres entreprises européennes", a également déclaré Stéphane Boujnah.
Trois indices thématiques
Outre cet accompagnement vers l'introduction en Bourse, Euronext complète son éventail de mesures avec un renforcement de sa famille d'indices. Le groupe va ainsi créer trois indices thématiques, une décision qui s'inscrit dans le cadre "d'un ensemble complet d'initiatives liées à l'énergie, à la sécurité et à la géostratégie [...] pour renforcer l'autonomie stratégique européenne".
L'Euronext European Energy Security Index sera dédié aux entreprises du secteur de l'énergie, l'Euronext European Aerospace & Defence Index concentrera les sociétés des secteurs de la défense et l'aérospatial, et enfin, l'Euronext European Strategic Autonomy Index se focalisera sur les entreprises qui "favorisent l'indépendance stratégique dans des secteurs critiques".
L'opérateur européen a aussi annoncé une mise à jour de ses méthodologies pour construire ses indices ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance), qui sera déployée lors de la revue des indices au courant du mois de juin.
Euronext a précisé qu'il suivrait les "nouvelles lignes directrices de l’Autorité européenne des marchés financiers (Esma)", et que ces nouveaux critères d’éligibilité incluent "le secteur de la défense, pour lequel les exclusions sont strictement limitées aux activités d’armement interdites par les traités internationaux".
Euronext prévoit aussi de lancer d'ici la fin de l'année 2025, "un pôle de croissance européen pour l'aérospatiale et la défense", pour faciliter la montée en puissance de la production de ces sociétés, et leur donner accès "à un large éventail de ressources financières".
L'opérateur a également dévoilé un compartiment dédié aux obligations de défense européennes. "Grâce à ce segment, tous les investisseurs peuvent facilement accéder aux obligations européennes de défense cotées sur Euronext", explique l'opérateur boursier.
Selon Bercy et le ministère des Armées, le besoin supplémentaire de fonds propres des entreprises françaises du secteur de la défense est en effet évalué à plus de cinq milliards d'euros au cours des prochaines années par rapport au niveau actuel.
*Variations arrêtées vendredi 9 mai dans l'après-midi
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