(BFM Bourse) - Les différentes actions européennes du secteur s'envolent ce lundi 3 mars après les évènements de ce week-end. Lors d'un sommet à Londres, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé l'Europe à se réarmer au plus vite tandis qu'Emmanuel Macron a évoqué une cible de dépenses militaires de 3% à 3,5% du PIB.
Face aux outrances diplomatiques de Donald Trump, l'Europe a décidé de mettre les grands moyens pour assurer sa propre sécurité. Ce qui porte les titres européens de la défense en Bourse, ce lundi 3 mars.
"Les valeurs européennes du secteur de la défense sont prêtes à connaître un nouveau mouvement explosif ce matin, alimenté par une tempête parfaite de tensions géopolitiques et de changements d'alliances", a commenté Alphavalue dans une note rédigée ce lundi avant l'ouverture du marché.
"Les récentes interactions entre le président ukrainien Zelensky et Donald Trump ont déclenché des alarmes sur les vulnérabilités de l'Europe en matière de défense", ajoute le bureau d'études indépendant.
À la Bourse de Paris, les deux grandes valeurs de la défense, Thales et Dassault Aviation, prennent respectivement 13,5% et 15,3%. Exosens, une société spécialisée dans la détection et la photodétection très exposée à la défense, décolle de 18,5%.
À Francfort, Rheinmetall, qui fournit des blindés à l'armée allemande, grimpe de 12,4% tandis qu'Hensoldt, spécialisé dans les capteurs pour les opérations militaires, gagne 18,7%. À Milan, Leonardo gagne 11,4% tandis qu'à Londres BAE Systems s'envole de 17%. À Stockholm, Saab bondit de 10,34%.
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Multiplication d'annonces
Vendredi, la réunion à la Maison Blanche entre le président américain et son homologue ukrainien, Vololdymyr Zelensky, a échoué. Cette réunion devait aboutir à un accord sur une exploitation des minerais ukrainiens par les États-Unis, condition posée par Washington pour soutenir Kiev et parvenir in fine à la paix.
Mais l'évènement a tourné au vinaigre après que Donald Trump a lancé de virulentes attaques à l'égard de Volodymyr Zelensky, l'accusant de "jouer avec la troisième guerre mondiale" et le sommant de pactiser avec la Russie, sans quoi les États-Unis laisseront tomber l'Ukraine. Le président ukrainien a écourté son séjour et aucun accord n'a été trouvé.
Dans la foulée les Européens membres de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) ainsi que le Canada, la Turquie et l'Ukraine ont tenu, dimanche à Londres, un sommet d'urgence. Les Européens ont annoncé proposer une trêve partielle d'un mois en Ukraine. Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a déclaré qu'"un certain nombre de pays" avait décidé de rejoindre "une coalition des bonnes volontés" pour défendre un futur accord de paix.
À l'occasion de ce sommet, les annonces et les déclarations sur les dépenses militaires se sont par ailleurs multipliées. Londres a décidé de débloquer 1,6 milliard de livres pour livrer 5.000 missiles de défense aérienne à l'Ukraine. Ces missiles seront conçus par Thales.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a, elle, déclaré qu'il fallait "réarmer l'Europe de tout urgence". "lI est désormais de la plus haute importance d'augmenter les investissements en matière de défense pendant une période prolongée. Il en va de la sécurité de l'Union européenne. Et nous devons (...) nous préparer au pire", a-t-elle, poursuivi, citée par Euronews.
Le président français, Emmanuel Macron, a, lui, estimé dans un entretien au Figaro que les Européens devaient porter leurs efforts en matière de dépenses de défense entre 3% et 3,5% du PIB.
Par ailleurs, en Allemagne, les différents partis en discussions pour former une coalition gouvernementale envisagent de mettre en place deux fonds d'urgence, qui seraient dotés de centaines de milliards d'euros, rapporte Reuters. L'un de ces deux fonds serait consacré à la défense, l'autre aux infrastructures.
Hausses des dépenses militaires
L'ensemble de ces annonces amènent donc les actions européennes du secteur de la défense à être vivement recherchées en Bourse, ce lundi. Les opérateurs de marchés anticipent une hausse de leurs commandes (ce qui constitue déjà une réalité pour Thales avec l'annonce du Royaume-Uni) et de leurs résultats
Jefferies note que si les budgets de défense des pays européens membres de l'OTAN atteignaient 3% du PIB d'ici à 2030, cela représenterait un surplus de croissance de 7% par an des dépenses militaires.
"Un consensus de plus en plus large se dégage sur le fait qu'un nouvel objectif de 3% du PIB sera fixé lors du sommet de l'OTAN en juin, mais l'Europe ressentant désormais la nécessité d'être moins dépendante des États-Unis, nous pourrions assister à une pression à la hausse sur cet objectif", ajoute Jefferies.
La banque note qu'Emmanuel Macron a aussi relancé le débat sur une dissuasion nucléaire européenne.
"Dans ce contexte, la France pourrait commander davantage d'avions de combat Rafale ou de SNLE (sous-marins nucléaires lanceurs d'engins), afin de renforcer sa capacité de dissuasion nucléaire, ce qui profiterait à Thales, ainsi qu'à Safran et à Dassault Aviation pour les avions de combat Rafale".
"Le sommet de ce week-end a mis en évidence une chose: l'Europe ne peut plus se permettre de dépendre des États-Unis pour ses besoins en matière de défense", constate de son côté Alphavalue.
"Avec plus de 150 milliards d'euros potentiellement injectés dans les budgets de défense européens et l'escalade des contrats d'armement, le secteur entre dans un cycle haussier structurel. Plus qu'un simple rallye, c'est l'aube d'une nouvelle phase de croissance pour la défense européenne", poursuit le bureau d'études indépendant.
"Le message est clair: la défense est le prochain grand pari de l'Europe. Les investisseurs se positionnent tôt, sentant les gains à long terme", conclut Alphavalue.
Ce qui contraste avec les États-Unis où les craintes d'une réduction du budget du Pentagone ont pesé sur les actions du secteur. "Les actions des six plus grandes entreprises de défense américaines ont chuté de 4% depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche en raison de la baisse attendue du budget du Pentagone", note Christopher Dembik, de Pictet AM.
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