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Désormais grand thermomètre du stress de la Bourse sur l'IA, Oracle plonge à Wall Street après avoir livré une croissance décevante

Aujourd'hui à 13:19
Oracle plonge en Bourse

(BFM Bourse) - Le groupe a livré mercredi soir après la clôture du marché des revenus inférieurs aux attentes, couplés à des annonces de hausse de ses dépenses dans l'intelligence artificielle. Le titre chute de 11% à la Bourse de New York.

D'une certaine façon, Oracle symbolise presque à lui seul les exubérances du marché autour de la thématique de l'intelligence artificielle (IA).

Connu pour ses logiciels de traitement de bases de données, le groupe a vu son activité bondir ces derniers trimestres. Ce grâce à sa division de services et infrastructures "cloud" (informatique dématérialisée), qui permettent de développer les technologies d'IA.

Son action a signé une hausse ahurissante pour une méga-capitalisation le 10 septembre dernier, prenant 36%. Le titre avait alors été propulsé par un bond de 438% de ses "remaining performance obligations" (RPO). Pour simplifier, les "RPO" mesurent le chiffre d'affaires que doit réaliser la société sur les bases de ses engagements envers ses clients. Il s'agit en quelque sorte de son carnet de commandes.

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La dette inquiète

L'euphorie a été de courte durée. L'action a été rattrapée par les craintes autour d'une bulle d'lA qu'Oracle alimente lui-même en ayant massivement recours à la dette.

La société fondée par Larry Ellison, deuxième homme le plus riche au monde et réputé proche de Donald Trump, a émis pour 18 milliards de dollars d'obligations en septembre. Le mois dernier, plusieurs médias ont rapporté que le groupe préparait par ailleurs un plan de financement par dette de 38 milliards de dollars.

Les "credit default swap" (CDS) - des produits dérivés qui permettent de se couvrir sur le défaut d'un émetteur – d'Oracle, sont devenus un baromètre des craintes de bulles de l'IA.

En novembre, Deutsche Bank remarquait que le CDS d'Oracle à 5 ans avait grimpé de 0,6 point de pourcentage depuis septembre pour atteindre 1,04 point de pourcentage. Plus ce chiffre est haut, plus les craintes de défaut sont théoriquement élevées.

"Oracle est le premier domino de l'IA à vaciller, non pas parce que les actions se sont effondrées, mais parce que le marché du crédit a fléchi", pointait Stephen Innes de Spi AM en novembre. "Lorsque les taux de CDS se creusent et que la dette est dépréciée, cela signifie que les flux de trésorerie disponibles ne suffisent plus à alimenter l'enfer des dépenses d'investissement", ajoutait-il.

Par ailleurs, Bank of America pointe des interrogations sur la façon dont Oracle "peut mettre en place des centres de données assez rapidement pour atteindre la croissance souhaitée (c'est-à-dire l'augmentation des dépenses d'investissement), compte tenu des contraintes d'approvisionnement en terrains, bâtiments, énergie et processeurs graphiques (GPUs)".

Une croissance trop juste

Les résultats trimestriels publiés par Oracle, mercredi soir après la clôture du marché, n'ont pas de quoi rassurer Wall Street, bien au contraire.

Ce jeudi, le groupe perd 11,7% en préouverture après avoir livré ses comptes. "Les résultats d'Oracle ont été inférieurs aux attentes", résume Citi.

Le groupe a publié des revenus au titre du deuxième trimestre de son exercice 2025-2026 en croissance de 13% hors effets de changes, et de 33% pour sa seule division cloud, des chiffres moins bons qu'attendu par le marché.

La sous-division "cloud infrastructure", celle qui bénéficie le plus des perspectives de l'IA, a grimpé de 66% hors effets de changes. Citi note que le consensus retenait un taux de 68%.

"Oracle fait face à une surveillance accrue concernant la construction de centres de données financée par l'endettement et le risque de concentration, alors que des questions subsistent quant à l'issue des dépenses incertaines dans le domaine de l'IA", a déclaré à Bloomberg Jacob Bourne, analyste chez Emarketer.

Dans ce contexte, le raté du groupe sur sa croissance "risque d'exacerber les inquiétudes des investisseurs déjà prudents concernant l'accord (noué avec) OpenAI et les dépenses agressives dans le domaine de l'IA", ajoute-t-il.

Bloomberg rapporte par ailleurs que la société a relevé son objectif de dépenses d'investissement ("capex"), pour l'exercice actuel, le portant à 50 milliards de dollars contre 35 milliards de dollars précédemment, pour assurer le boom de ses activités liées à l'IA. Ce qui est là encore de nature à alimenter les craintes du marché.

Dan Ives, analyste de Wedbush et connu pour son optimisme à toute épreuve sur la tech, relativise. Oui, les "bears", c'est-à-dire les investisseurs qui vendent le titre, vont s'emparer des chiffres de croissance décevants et "crier au feu dans un théâtre bondé".

Mais l'analyste préfère retenir le fait que l'indicateur crucial, le RPO, a atteint 523 milliards de dollars contre 500 milliards de dollars attendus par le marché. "C'est le chiffre sur lequel nous nous concentrons le plus concernant l'avenir et la santé du développement et de la stratégie d'IA d'Oracle à venir", écrit-il.

"Dans l'ensemble, les chiffres principaux de l'IA et du cloud d'Oracle ainsi que le carnet de commandes racontent une histoire de demande très saine et robuste pour la Révolution de l'IA dans le secteur... ", tranche Dan Ives.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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