(BFM Bourse) - Le groupe italien de spiritueux a dévoilé une publication nettement en deçà des attentes au troisième trimestre. Campari chute lourdement à la Bourse de Milan.
Campari voit très rouge à la Bourse de Milan. Le producteur de spiritueux italien dévisse de 14% en fin de matinée après avoir dévoilé une publication trimestrielle jugée "très décevante" par Royal Bank of Canada.
A la Bourse de Paris, les groupes de spiritueux Pernod Ricard et Rémy Cointreau sont sous pression et perdent respectivement 3,7% et 2,7% quand Diageo évolue en baisse de 1,6% à Londres.
La période estivale, pourtant propice à la consommation de cocktails à base de spiritueux de Campari, n'a pas été très porteuse pour le groupe italien. La société connue pour ses marques Aperol, Sky Vodka, Cinzano ou encore Appleton Estate a en effet annoncé un chiffre d'affaires en repli de 1,4 % à 753 millions d'euros au troisième trimestre. C'est bien moins que les attentes du consensus cité par Royal Bank of Canada (RBC) qui tablait sur des ventes estivales de 832 millions d'euros.
Des performances ternes
Ce raté "est imputable à toutes les régions, la plus importante étant l'Asie-Pacifique", signale l’intermédiaire financier. Campari a vu ses ventes chuter de 8,1% dans la région au troisième trimestre, une performance qui a été affectée "par la pression exercée sur le portefeuille de Wild Turkey et par la diminution de l'activité de co-packing. La société a souligné la faiblesse de la Corée du Sud, de la Chine et de l'Inde, où des changements ont été apportés au marché", avance RBC.
En Europe-Moyen-Orient-Afrique, les ventes ont décliné de 2,4% entre juillet et fin septembre, en raison de "mauvaises conditions météorologiques au début de la saison printemps/été et en septembre, ce qui a conduit les grossistes à être moins enclins à approvisionner leurs stocks", précise l'intermédiaire financier.
"La performance des Amériques a été affectée par un ouragan en Jamaïque, qui a entraîné des pénuries d'approvisionnement dans le portefeuille de rhum", rappelle RBC.
Le groupe a aussi communiqué sur les performances de Courvoisier, la célèbre marque de cognac français rachetée en mai dernier par Campari pour un peu plus de 1 milliard d'euros.
Sur neuf mois, Courvoisier a réalisé un chiffre d'affaires net de 35 millions d'euros, alors que le consensus était de 45 millions d'euros, rappelle RBC.
Un peu plus bas dans les comptes, les performances ne sont pas au rendez-vous. Au troisième trimestre, le résultat opérationnel du groupe italien ressort à 139 millions d'euros, soit 23% en dessous du consensus cité par Royal Bank of Canada à 181 millions d'euros.
"Nous ne pouvons vraiment pas trouver quelque chose qui ne soit pas bien en dessous des attentes", déplore l'intermédiaire financier.
A la recherche d'un nouveau PDG
Il s'agit d'un nouveau coup dur pour Campari, qui a dû composer en septembre, avec le départ surprise de Matteo Fantacchiotti, ,son directeur général, après seulement cinq mois à la tête de l'entreprise.
"Cela ressemble à une tempête parfaite. Le départ du précédent directeur général, le 18 septembre, est sans doute plus logique dans le contexte des performances commerciales très peu inspirantes du troisième trimestre", note RBC. La société a indiqué qu'elle souhaitait boucler sa recherche d'un nouveau président-directeur général d'ici le premier semestre de l'année prochaine.
Et dans ce contexte difficile, Campari s'attend à ce que la croissance organique du chiffre d'affaires se situe dans le bas de la fourchette à un chiffre (soit entre 1% et 3%), citant des "vents macroéconomiques contraires". Le consensus attend une croissance de 6,8% sur ces mêmes bases, précise RBC.
Le groupe italien n'a pas précisé ses objectifs de croissance organique du résultat opérationnel (Ebit) mais RBC "s'attend à ce qu'elle soit négativement impactée par un mix des ventes défavorable et par le manque d'absorption des coûts fixes de production en raison d'un volume de production plus faible".
Les prévisions pour l'exercice en cours "impliquent une pression persistante au quatrième trimestre 2024", note de son côté Stifel.
Campari prévoit aussi à moyen terme une croissance organique à un chiffre du chiffre d'affaires net et une augmentation de la marge d'Ebit. Mais à l'instar de ses rivaux Diageo et Pernod Ricard, RBC ne décèle rien dans les performances actuelles qui lui permette de croire aux ambitions à moyen terme de la direction.
La société a aussi annoncé le lancement d'un programme de rachat d'actions d'un montant maximum de 40 millions d'euros et qui court jusqu'au 12 novembre 2025 au plus tard. Dans ce contexte, "nous prévoyons que le rachat d'actions proposé pour un montant de 40 millions d'euros aura un impact négligeable", conclut RBC.