(BFM Bourse) - L'entreprise toulousaine a annoncé en fin de semaine dernière une collaboration technologique avec Ampere, la division électrique du groupe Renault. Un accord qui va être structurant selon TP ICAP et qui viendra aussi muscler la structure financière d'Actia.
C'est presque un retour aux sources pour le spécialiste de l'électronique embarquée Actia. Le groupe toulousain a annoncé en fin de semaine dernière une collaboration dans les systèmes embarqués, avec Ampere la filiale dédiée aux technologies électriques et aux logiciels embarqués que le constructeur automobile Renault a renoncé à introduire en Bourse en début d'année.
Les origines d'Actia remontent à 1986, la société ayant été créée à partir de certains actifs de Bendix, un pionnier américain de l'électronique. Ce dernier s'était alors associé à Renault pour développer l'allumage électronique intégral, système précurseur de l’électronique embarquée dans le véhicule léger.
Près de 40 ans plus tard, les destins de ces deux sociétés se croisent à nouveau. L'accompagnement d'Actia va comprendre deux volets dans le cadre de cette collaboration.
Un accord gagnant
Le groupe toulousain explique qu'il transférera une solution logicielle en matière de systèmes embarqués pour véhicules, dans le cadre d’un accord de partage d’expertise. Actia va aussi développer, sous conditions suspensives, une équipe dédiée destinée à être intégrée par Ampere en fin d’année 2024. TP ICAP Midcap apporte quelques précisions sur cette équipe, qui sera créée autour d'un noyau d’expertise qui sera composé d’une trentaine d’ingénieurs déjà salariés du groupe Actia.
"Cet accord de collaboration atteste du haut niveau d’expertise technologique atteint par Actia dans le domaine des systèmes électroniques embarqués pour véhicules, son cœur de métier", apprécie l'intermédiaire financier.
Cet accord avec Ampere "pourrait par ailleurs se révéler structurant", poursuit TP ICAP Midcap dans la mesure où il pourrait avoir, à terme, des impacts au plan industriel en générant des opportunités de marchés pour les sites du groupe.
D'un point de vue financier, cette collaboration technologique avec Ampere viendra aussi muscler la structure financière d'Actia et ce, dans la continuité des initiatives menées par la société depuis 2 ans. En 2022, le groupe a annoncé la cession de certaines activités désormais jugées non stratégiques en vue de renforcer ses marges de manœuvres financières.
"Au regard de la taille du groupe et surtout de sa capitalisation boursière particulièrement déprimée - inférieure à 70 millions d'euros - l’impact de cet accord est selon nous majeur, les détails restant fort logiquement confidentiels", note TP ICAP Midcap, qui reconduit sa recommandation d’achat et son objectif de cours de 5,40 euros après cette annonce.
A la Bourse de Paris, l'enthousiasme de l'intermédiaire financier est aussi partagé par les investisseurs. Le titre Actia bondit de 10% à 3,82 euros vers 12h20, pour renouer ce mardi avec ses niveaux de fin février 2024.
Une structure financière améliorée
Quelques jours avant l'annonce de ce partenariat d'envergure, Actia avait publié ses comptes pour l'année 2023. L'activité du groupe toulousain avait alors atteint un niveau qualifié "d'historique" par la société, à 579,3 millions d'euros, soit une hausse de 15,9 % par rapport à 2022.
Ce niveau de croissance est en ligne avec son objectif annuel de 15%. L'activité d'Actia été portée à la fois par sa division "automotive" (+21,5%) qui représente 85% du chiffre d'affaires annuel du groupe, et son pôle télécoms (10,2%) qui pèse 15% des facturations annuelles.
L’Ebitda (résultat avant intérêts, taxes, amortissements et dépréciations) des activités poursuivies a progressé de 4,8% sur un an, pour passer de 40,8 millions en 2022 à 42,8 millions d'euros en 2023. La marge correspondante s'est réduite, passant de 8,2% en 2022 à 7,4% en 2023, un tassement anticipé par TP ICAP Midcap est le fruit de différents facteurs.
Le bureau d'études liste les paramètres qui ont pesé sur la marge, dont principalement le retrait des activités SatCom fortement margées, la hausse du dollar - qui a pesé pour -3,7 millions d'euros - et le recours accru à la sous-traitance en automotive pour faire face à la croissance et aux difficultés de recrutements.
Un peu plus bas dans les comptes, Actia a fait état d'un résultat net part du groupe des activités poursuivies en net redressement, pour ressortir à 8 millions d'euros en 2023, contre 1,1 million en 2022.
La réduction du besoin en fonds de roulement (BFR), est l'autre point marquant de cette publication qu'apprécie TP ICAP Midcap, dans une précédente note consacrée à cette publication. Le groupe a réduit de 25,4 millions d'euros son BFR à la faveur d'une diminution des stocks et du poste clients, dans un contexte de normalisation des approvisionnements en fin d’année. Le groupe annonce aussi avoir dégagé un flux de trésorerie libre de 45,5 millions d'euros l'an dernier.
De quoi diminuer sensiblement l’endettement net du groupe, ajoute l’intermédiaire financier, qui a été ramené sur un an à 167,7 millions d'euros, contre 187,4 millions d'euros à fin décembre 2022 (hors dettes locatives). Le gearing (qui correspond au ratio dettes nettes/capitaux propres) diminue en conséquence à 132,5 % contre 153,7 % en 2022 et 195,3 % en 2021, avant les cessions d’activités non stratégiques.
Du côté des perspectives, Actia se veut prudent à court terme en dépit d'un carnet de commandes en croissance de 16,8% par rapport à fin décembre 2022. Le spécialiste de l'électronique embarquée justifie cette posture prudente par le contexte économique de ce début d’année, qui se caractérise par des baisses de volumes annoncées par certains clients, notamment dans le domaine des poids lourds et des engins spéciaux.
Cependant, l’exercice 2024 est ainsi anticipé en légère croissance, comprise entre 3 et 5%, soutenue par la mise en production de nouvelles familles de produits. TP ICAP Midcap ajoute que la direction mise en parallèle sur "un scénario d’amélioration des marges, alimentée par les gains de productivité des usines alors que le mix d’activité sera tiré par les petites séries, mieux margées que les grandes séries davantage frappées par les ralentissements en cours".
Petit bémol de cette publication, la société décale son objectif d'atteindre les 800 millions d'euros de chiffre d’affaires à 2027, soit un an de plus que son calendrier initial. Actia "n’enregistrant pas d’annulation de marchés, mais simplement des engagements en volumes de la part de ses clients moins soutenus sur le très court terme", tient à tempérer l'intermédiaire financier.
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