(BFM Bourse) - Le groupe de construction évolue en net repli ce mercredi 3 décembre, pénalisé par JPMorgan qui est passée de "surpondérer" à "neutre" sur le titre. La veille, Morgan Stanley avait, elle, abaissé son conseil à "pondération en ligne" contre "surpondérer".
Vinci souffre quelque peu en Bourse ce mercredi 3 décembre. Le groupe de BTP et de concessions (aéroports, autoroutes, énergie) abandonne 2,22% vers 16h, accusant le repli le plus prononcé du CAC 40.
Le titre est pénalisé par un abaissement de recommandation, JPMorgan étant passée de "surpondérer" à "neutre" sur l'action, ce qui revient à réviser son opinion à "neutre" contre "acheter" dans la nomenclature de la banque.
L'établissement américain a emboîté le pas à sa consoeur Morgan Stanley, qui, la veille, a modifié son conseil à "pondération en ligne" contre "surpondérer", soit le même mouvement que JPMorgan, avec sa propre terminologie.
JPMorgan ne voit plus vraiment de potentiel pour l'action du groupe, après sa hausse de 19% sur l'ensemble de 2025.
"Vinci reste une entreprise de grande qualité et solide sur le plan opérationnel, mais elle ne devrait pas créer de surprise positive en 2026 (sur ses résultats, NDLR), le plan allemand d'infrastructures ne devant pas soutenir ses bénéfices avant 2027", avance JPMorgan.
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Les autoroutes vulnérables au risque politique
"Nous pensons qu'il sera difficile pour les actions de surperformer dans le contexte politique français actuel, la possibilité d'une augmentation de la taxe sur les infrastructures en France ou d'une prolongation de la surtaxe risquant de peser sur les marchés jusqu'aux élections de 2027 au moins", poursuit-elle.
"Nous notons en particulier la vulnérabilité politique des exploitants de routes à péage face aux prélèvements fiscaux, maintenant que la possibilité d'une augmentation de la taxe d'infrastructure a été évoquée, compte tenu à la fois de l'immobilité de leurs activités et du manque de sympathie populaire à l'égard de ces entreprises", écrit encore JPMorgan.
La "taxe sur l'exploitation des infrastructures de transport de longue distance" a été introduite dans la loi de Finances 2024. Cette contribution concerne Eiffage et Vinci en tant que gérants des concessions autoroutières, et ADP en tant qu'exploitant des aéroports parisiens.
À l'heure actuelle, la taxe est prélevée sur les recettes d'exploitations au-delà d'un seuil de 120 millions d'euros. Le taux appliqué s'inscrit à 4,6%. Un amendement déposé par le PS au projet de loi de finances pour 2026, actuellement en discussions au Parlement, propose de porter ce taux à 10%.
Pour rappel, les autoroutes représentent une part importante de la rentabilité d'Eiffage et Vinci. Pour Eiffage, les concessions (ultra-dominées par les autoroutes) représentent 67% du résultat opérationnel courant, tandis que chez Vinci, elles pèsent pour un peu moins de 40% du résultat brut d'exploitation.
JPMorgan perçoit quand même des catalyseurs pour Vinci mais uniquement à moyen terme. Dans l'immédiat, la banque préfère Eiffage en raison de sa valorisation plus attrayante et de son exposition relativement plus forte à l'Europe et donc au plan de relance européen.
Des "joyaux de la couronne" qui brillent moins
De son coté, Morgan Stanley estime que les deux "joyaux de la couronne" de Vinci, à savoir Cobra IS, filiale spécialisée dans l'ingénierie, la fourniture et la construction de projets énergétiques, et son activité de concessions aéroportuaires, perdent de leur éclat.
Ces deux "pierre précieuses", représentent ensemble environ 50% de la valeur des fonds propres, d'après les estimations de la banque.
Pour Vinci Airports, Morgan Stanley constate que le groupe a réussi à créer une formidable machine à croissance depuis les années 2010, notamment à grands coups d'acquisitions (aéroports de Gatwick à Londres, aéroports japonais, etc…). Le résultat brut d'exploitation (Ebitda) a ainsi progressé de 6% par an, en moyenne.
"Cependant, à partir de là, nous prévoyons que le portefeuille de Vinci Airports ralentira davantage et perdra de son attrait par rapport aux aéroports européens spécialisés, avec une croissance mixte du trafic d'environ 3% par an et d'environ 5% pour le chiffre d'affaires et de 4% pour l'Ebitda, soit une fraction des niveaux atteints dans les années 2010", explique Morgan Stanley. "Plus important encore, nous pensons qu'il sous-performera la plupart, voire la totalité, des groupes aéroportuaires de l'Union européenne", comme ADP, l'espagnol Aena, l'allemand Fraport et le suisse Flughafen Zurich, poursuit la banque.
Pour Cobra IS ainsi que pour l'autre division similaire de la société, à savoir Vinci Energies, Morgan Stanley juge que les "années dorées" sont dans le rétroviseur.
La croissance des revenus, l'expansion des marges et la génération de trésorerie ralentissent. De plus, les rivaux de ces divisions (Spie, Eiffage Energy Systems, la division de Bouygues Equans) "deviennent de plus en plus attrayants comme alternatives d'investissement à Vinci Energies – croissance organique similaire, potentiel d'augmentation des marges plus important, accélérateur de fusions-acquisitions tout aussi attrayant – avec des attentes généralement moins élevées et une génération de flux de trésorerie disponibles tout aussi attrayante, selon nous", explique la banque.
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