(BFM Bourse) - La banque américaine a abaissé son conseil sur la major pétrolière française ce vendredi 5 décembre, préférant sa rivale britannique car celle-ci est davantage exposée aux activités de raffinage et de marketing, moins dépendantes des prix du brut que l'exploration-production.
Totalenergies a connu une année 2025 assez terne sur le plan boursier. Son action prend certes 6,3% depuis le 1er janvier mais elle sous-performe assez nettement le CAC 40 (+10,36%).
La major pétrolière a livré plusieurs publications qui ont grippé le marché avec une hausse de sa dette nette, l'entreprise ne dégageant pas suffisamment de cash pour financer de façon organique (c'est-à-dire sans s'endetter) sa politique de retour à l'actionnaire (dividendes, rachats d'actions).
En conséquence, le marché a redouté que Totalenergies se résigne à réduire la voilure sur ses rachats d'actions. Le groupe a fini par remettre à plat sa politique de retour à l'actionnaire en septembre dernier, sabrant effectivement le montant de ses rachats d'actions trimestriels.
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L'entreprise a également été pénalisée par la baisse des cours du baril, le Brent, la grande référence internationale des prix du pétrole, chutant de 15,4% sur l'ensemble de 2025. A contrario, les marges de raffinage en Europe se sont redressées très fortement en Europe au troisième trimestre.
En conséquence l'exploration-production, qui englobe l'extraction sur les puits de pétrole de la société, a vu son résultat opérationnel ajusté reculer de 14% sur les neuf premiers mois de l'année. Les activités aval, à savoir le raffinage, la chimie et le "marketing et services" (distribution, stations-services, commercialisation de lubrifiants) ont, pour leur part, connu un net rebond (+33%) au troisième trimestre.
Moins "couvert" que ses rivaux ?
Totalenergies peut-il repartir de l'avant l'année prochaine? JPMorgan se montre sceptique.
La banque américaine a abaissé ce vendredi son conseil à "neutre" contre "surpondérer" sur le producteur d'hydrocarbures français, avec un objectif de cours de 55 euros.
À la Bourse de Paris, Totalenergies perd 1% à 56,64 euros vers 12h, accusant l'un des plus forts replis du CAC 40.
Le gros de la thèse de JPMorgan est qu'elle préfère Royal Dutch Shell, sur lequel elle a une opinion à "surpondérer". Ce pour plusieurs raisons.
Pour les comprendre, il convient de souligner que JPMorgan voit encore le brut souffrir l'an prochain.
Les stratégistes de l'établissement pense que le Brent tombera sous les 60 dollars le baril l'an prochain et en 2027 (contre 63,3 dollars actuellement). Les cours pourraient même tomber à 40 dollars si l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ne prend pas des mesures pour soutenir les cours, comme des réductions de productions.
La banque estime que le marché fait face à un déséquilibre marqué par une forte offre qui dépasse une demande pourtant robuste.
En conséquence, JPMorgan adopte une approche prudente sur le secteur et préfère les titres qui sont davantage exposés au raffinage et au marketing. Ces activités offrent, selon elle, une bonne "couverture" face à ce contexte d'excédent de production de brut.
Les récentes fermetures de raffinerie (3% des capacités en Europe, selon JPMorgan) ont créé un environnement relativement propice pour les marges de raffinage en 2026. La fourniture de carburant diesel est une autre activité qui bénéficie de bons fondamentaux, note par ailleurs l'établissement.
Shell plus résilient?
Or, Totalenergies est, d'après JPMorgan, beaucoup moins exposé aux activités de marketing et de raffinage que ses concurrents. Ces deux métiers représentent environ 20% de son résultat opérationnel contre une moyenne sectorielle de 27% et plus de 30% pour Shell et BP, d'après les estimations de la banque.
Par ailleurs, la major française est davantage exposée aux prix du gaz naturel sur lesquels l'établissement anticipe la poursuite d'une évolution défavorable des cours.
JPMorgan reconnaît que le rendement du dividende de 6,4% offert par Totalenergies est attrayant.
Pour autant, elle explique donc avoir une plus forte conviction sur Royal Dutch Shell. Ce dernier présente, selon la banque, un couple "risque-rendement" plus attractif dans les conditions économiques actuelles avec une génération de cash comparable à celle de Totalenergies.
Notons que JPMorgan a un nombre élevé de conseils à "sous-pondérer", équivalent de "vendre" sur le secteur pétrolier européen (Eni, Equinor, OMV) contre seulement deux recommandations à "surpondérer" (Shell, Repsol). Une telle répartition est rare chez les analystes et illustre bien la prudence des analystes du groupe pour le compartiment.
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