(BFM Bourse) - Le groupe pétrolier a publié ce mercredi un bénéfice record au titre de son exercice 2022. Mais le bénéfice net est par définition un indicateur volatil, qui intègre des éléments exceptionnels. Et sur ce plan, la major n'a pas le record absolu au sein du CAC 40.
Avec l'envolée des prix des hydrocarbures l'an passé, les résultats de TotalEnergies ont atteint des niveaux stratosphériques. Le résultat net consolidé part du groupe, soit la mesure réelle du bénéfice, s'est ainsi envolé à un record de 20,526 milliards de dollars, soit aux taux de change actuel, 19 milliards d'euros.
A la Bourse de Paris, l'action TotalEnergies recule néanmoins (-2% vers 11h40), les résultats du quatrième trimestre de la major pétrolière, s'avérant en réalité en ligne avec les attentes, note Royal Bank of Canada. Et l'action avait déjà gagné 3,4% la veille, soutenue par la hausse des cours de pétrole et par les résultats record d'un concurrent, à savoir le britannique BP.
Reste l'impression de vertige qui émane des résultats de TotalEnergies. Et une question: est-ce que le bénéfice net publié par la société représente un record absolu pour un groupe coté sur le CAC 40?
Comment UMG a mis Vivendi en tête
La major pétrolière est historiquement le plus important pourvoyeur de bénéfices du CAC 40. Les banques suivent, mais le résultat net record de BNP Paribas, de 10,13 milliards, communiqué mardi, s'avère nettement inférieur à celui du groupe dirigé par Patrick Pouyanné. Le constructeur automobile Stellantis, qui publiera ses résultats annuels le 22 février, n'avait en 2021 dégagé un bénéfice "que" de 13,35 milliards d'euros. LVMH, de son côté, a récemment annoncé un bénéfice de 14 milliards d'euros au titre de 2022.
Néanmoins, une société a déjà publié un bénéfice encore plus élevé que TotalEnergies, et d'assez loin: il s'agit de Vivendi. Au titre de son exercice 2021, le groupe de médias, communication et jeux vidéo avait dégagé un résultat net part du groupe de 24,7 milliards d'euros.
Comment la société contrôlée par Vincent Bolloré a-t-elle pu dépasser TotalEnergies alors qu'elle évolue sur un secteur beaucoup moins rentable? Tout simplement en raison d'éléments exceptionnels. Vivendi a l'an passé distribué à ses actionnaires l'essentiel de sa participation dans Universal Music Group (UMG), désormais cotée à la Bourse d'Amsterdam, ce qui lui a permis d'enregistrer une plus-value comptable de déconsolidation de 24,84 milliards d'euros après impôt. Vivendi détient encore 10% environ d'UMG.
Le bénéfice net, un indicateur imparfait
Il y a fort à parier que le bénéfice de Vivendi représente un plus haut absolu pour le CAC 40, qui rappelons-le, existe depuis 1987. Interrogé, Pascal Quiry, professeur de Finance à HEC Paris et co-auteur de la revue de finance d'entreprises Vernimmen, nous confirme que le bénéfice de Vivendi constitue un record jusqu'en 1999 pour le CAC 40. "Au-delà cela n'a plus vraiment d'intérêt de regarder", juge-t-il.
"Si Vivendi est le plus gros bénéfice jamais publié par une entreprise du CAC 40, c’est grâce à une opération non récurrente, la scission de UMG", confirme-t-il. "C’est aussi le groupe qui a publié la plus grosse perte, 11,9 milliards d'euros en 2001, le solde des années Messier", ajoute l'expert.
Ce record montre que le résultat net reste un indicateur très imparfait de la santé financière d'une entreprise, car il est par définition affecté par des éléments exceptionnels qui, s'ils ont une écriture comptable, n'ont pas d'impact sur le cash ou l'endettement d'une société. Un exemple récent l'illustre bien: Safran. L'équipementier et motoriste aéronautique a essuyé une perte au premier semestre 2022 de 3,76 milliards d'euros mais cette perte était purement et simplement causée par des pertes sur des couvertures de change de 5,6 milliards d'euros, en raison de l'appréciation du dollar face à l'euro. Le résultat net ajusté – qui exclut certains éléments exceptionnels – s'élevait à 536 millions d'euros. TotalEnergies lui-même affiche dans ses comptes un résultat net ajusté, qui pour sa part s'élève à 36,2 milliards de dollars en 2022, soit 33,7 milliards d'euros.
"Le résultat net n'est pas le meilleur indicateur mais ce n'est pas un mauvais indicateur pour autant. Il faut le dépolluer des éléments exceptionnels. Vivendi ne scindera pas UMG tous les ans, et les groupes pétroliers comme TotalEnergies ont un bénéfice très sensible à l'évolution des matières premières. Les groupes de luxe comme LVMH possèdent des activités moins cycliques", explique Pascal Quiry.
Aramco loin devant TotalEnergies
Au-delà du CAC 40, notons que le groupe de transport maritime CMA-CGM (non coté), dont les prix des services se sont envolés avec les tensions logistiques, a de bonnes chances de dépasser TotalEnergies.
La société marseillaise a, en additionnant les bénéfices des trois premiers trimestres 2022, enregistré un bénéfice net sur neuf mois de 21,84 milliards de dollars soit 20,32 milliards d'euros. A moins que le groupe accuse une perte sur le dernier trimestre de 2022, CMA-CGM affichera donc un bénéfice supérieur à celui de la major pétrolière.
Reste que de nombreux autres groupes cotés dégagent des résultats nets bien plus élevés. Le saoudien Saudi Aramco avait publié en 2021 un bénéfice de 110 milliards de dollars. Sur les neufs premiers mois de l'année 2022, il est déjà en avance sur ses temps de passage, avec un bénéfice de plus de 130 milliards de dollars en additionnant ceux communiqués au premier semestre et au troisième trimestre.
Apple, première capitalisation boursière au monde, publie des résultats décalés, à cheval d'une année sur l'autre. Mais sur l'ensemble de l'exercice 2021-2022, clos fin septembre dernier, le groupe à la pomme avait dégagé "seulement" 99,8 milliards de dollars de bénéfice net.
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