(BFM Bourse) - Le groupe d'électronique et de défense a publié des revenus supérieurs aux attentes mais les prises de commandes s'avèrent nettement inférieures aux anticipations, à cause d'un décalage dans la reconnaissance du contrat Rafale en Indonésie. Le marché sanctionne le titre.
Les publications se suivent et se ressemblent pour Thales. Déjà lors de ses résultats semestriels, fin juillet, le groupe de technologies et de défense avait vu son action se replier de 4,8% alors que les comptes de la société ne présentaient aucun raté ou signal inquiétant.
Le même schéma semble se reproduire ce mardi, alors que la société dirigée par Patrice Caine a dévoilé son activité du troisième trimestre.
Les revenus de l'entreprise se sont établis à 4,14 milliards d'euros, traduisant une croissance de 7,2% en données comparables. Thales a dépassé de 1% les attentes, puisque le consensus s'établissait à 4,099 milliards d'euros.
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La défense et l'aérospatial en forme
Le groupe a été soutenu par la bonne tenue de sa division "défense et sécurité", la plus importante de la société, qui a enregistré une croissance de 8,1% en données comparables. Portée par la hausse des cadences des avionneurs (avec des commandes en croissance à deux chiffres), la division aérospatiale qui regroupe les activités de la société dans l'aéronautique civile et l'espace, a vu ses revenus augmenter de 15% en données comparables. La défense et l'aérospatial ont ainsi livré des performances "solides", juge Jefferies.
Seule la division "identité et sécurité numériques" (biométrie, cybersécurité, cartes SIM, de paiements, etc…) a accusé un repli de 1,5% en raison d'une baisse des ventes de cartes de paiement et des cartes SIM.
Ce sont sur les prises de commandes que bât blesse quelque peu. Au troisième trimestre, elles se sont inscrites à 3,81 milliards d'euros contre 4,52 milliards d'euros attendu par les analystes. Soit un écart important de 16%.
Un raté qui s'explique surtout par le décalage d'un contrat d'envergure, à savoir la deuxième tranche de la commande de Rafale de la part de l'Indonésie de 18 unités (sur un total de 42, avec une première tranche de 6 avions précédemment débloquée).
Le contrat a été signé en août par Dassault Aviation, l'avionneur du Rafale, mais Thales n'a pas pu encore enregistré dans ses comptes cette commande, créant ainsi un décalage pour le quatrième trimestre. Ce qui provoque forcément un écart important puisque les équipements électroniques de Thales embarqués dans un Rafale représentent entre 20% et 25% de la valeur de l'avion.
"Même en retraitant les chiffres de la commande indonésienne, c'est un peu inférieur aux attentes mais cela ne représente rien de dramatique", glisse un analyste financier.
Objectifs confirmés
Lors d'une conférence téléphonique, l'analyste de Morgan Stanley, Ross Law, a questionné le directeur financier de Thales, Pascal Bouchiat, sur ce sujet, soulignant lui aussi que même en excluant l'impact lié à la commande Rafale, les prises de commandes manquaient le coche.
Pascal Bouchiat a relativisé cet écart, estimant qu'il n'était pas franchement pertinent de s'attarder sur les prises de commandes d'un trimestre sur l'autre. Le directeur financier a indiqué que des contrats significatifs seraient finalisés au quatrième trimestre (en plus du Rafale, donc).
Fait intéressant: le dirigeant a davantage attiré l'attention sur l'importance des prises de commandes sur l'ensemble de l'année et a affirmé qu'il était "à l'aise" avec le consensus des analystes. Pour 2023, ces derniers tablent sur des prises de commandes totales de 20,79 milliards d'euros. '"Je n'ai pas d'inquiétude spécifique sur ce sujet", a-t-il assuré aux analystes.
A l'issue de ce trimestre, Thales a confirmé ses objectifs financiers pour l'ensemble de l'année à savoir un ratio de prises de commandes sur chiffre d'affaires de plus de 1, une progression organique de ses revenus comprise entre 5% et 7% et une marge opérationnelle située entre 11,5% et 11,8%.
Toutefois, l'action Thales se replie à la suite de cette publication, perdant 2,7% vers 12h40. Dassault Aviation qui possède 24,6% du capital de la société abandonne 1,7%.
"Comme d'habitude, le marché vend et s'inquiète alors qu'il n'y a rien de négatif. L'action se replie probablement parce qu'il n'y a pas eu de bonne surprise dans les chiffres", soupire l'analyste précédemment cité.
Thales reste toutefois en hausse de plus de 15% sur l'année, surperformant largement le CAC 40 (+6,4%). Comme l'ensemble des groupes de défense, la société a bénéficié d'une rotation des flux des investisseurs vers les valeurs défensives en raison de l'embrasement du conflit entre Israël et le Hamas. Ce regain de tensions géopolitiques a ainsi porté les actions de plusieurs groupes militaires aux Etats-Unis et en Europe, le marché anticipant de potentielles nouvelles commandes.
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