(BFM Bourse) - Le président américain a déclaré que les membres de l'Otan devaient tirer sur des avions russes si ces appareils entraient dans leurs espaces aériens. Ce qui ravive un peu les tensions géopolitiques, portant les actions européennes de défense. Même si les entreprises tricolores en bénéficient moins.

Le secteur de la défense continue d'évoluer, en Bourse, au rythme des tensions géopolitiques et des déclarations des dirigeants politiques. Une simple sortie du président américain, Donald Trump, porte l'ensemble du compartiment, ce mercredi 24 septembre.

Le locataire de la Maison Blanche a estimé, mardi soir, que les pays membres de l'Organisation de l'Atlantique Nord (Otan) devaient abattre les avions et les drones russes si ces appareils entraient dans leur espace aérien.

"Oui, je le pense", a affirmé le président américain en réponse à cette question, qui lui a été posée en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York: "Pensez-vous que les pays de l'Otan devraient abattre les avions russes s'ils entrent dans leurs espaces aériens?", rapporte l'AFP.

Ces déclarations sont survenues alors que des drones russes ont fait intrusion en Pologne, mi-septembre et que des avions russes ont traversé l'espace aérien estonien.

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Les groupes français à la traîne

Les actions de la défense grimpent en conséquence. Le groupe suédois Saab prend 3,9% à Stockholm, les allemands Renk, Hensoldt et Rheinmetall gagnent respectivement 5%, 4,3% et 2% en milieu d'après-midi. À Milan, l'italien Leonardo s'adjuge 3,3% tandis qu'à Londres le britannique BAE Systems prend 1,2%.

"Les commentaires de Trump indiquent que les risques géopolitiques sont de nouveau sous les feux de l'actualité, ce qui fait grimper les actions du secteur de la défense", a déclaré à Bloomberg Jung In Yun, directeur général de Fibonacci Asset Management Global Pte. "Les tensions ne montrant aucun signe d'apaisement, on s'attend à ce que les carnets de commandes des entreprises du secteur de la défense soient pleins pour les prochaines années", a-t-il ajouté.

À noter que les groupes français de défense restent en retrait. Thales limite sa hausse à 0,6% tandis que Dassault Aviation prend seulement 0,9%.

Incertitude politique en France

"Les déclarations de Trump constituent une forme de 'news réactive' pour le secteur qui amène le marché à acheter les titres sans faire de différenciation. Toutefois, il y a un consensus pour considérer que Dassault et surtout Thales doivent se traiter à des niveaux plus bas en raison de l'incertitude politique en France", explique un analyste.

L'aléa politique en France, où le gouvernement en place est actuellement démissionnaire (à l'exception du Premier ministre, Sébastien Lecornu) pourrait retarder l'adoption d'une loi de finances et donc du budget de la défense pour 2026. Ce qui peut constituer une source d'incertitude pour le marché.

Fin août, Jefferies rappelait que le précédent budget (celui de 2025) avait été adopté avec un retard significatif, ce qui avait conduit à des prises de commandes assez "lentes" dans les activités de défense de Thales, au premier trimestre 2025. La France représentait, en 2024, un peu moins d'un quart des prises de commandes de Thales.

Rappelons que le secteur a le vent en poupe depuis le début de l'année. Thales gagne 82% depuis janvier quand Rheinmetall s'adjuge de son côté 217,7%.

Les groupes de défense ont été propulsés par les multiples annonces de hausses des budgets militaires en Europe. Sous la pression des États-Unis, qui sont désormais bien moins enclins à assurer la sécurité du Vieux continent, l'Europe a décidé de se réarmer. L'Allemagne a par exemple annoncé des centaines de milliards d'euros d'investissement dans la défense.

En juin, les pays membres de l'Otan se sont engagés à investir 5% par an de leur PIB dans les dépenses de défense d'ici à 2035, contre une précédente cible de 2%.

"Nous estimons que cet objectif de 5% d'ici à 2035 pourrait représenter une augmentation annuelle d'environ 2.000 milliards de dollars des dépenses de défense de l'Otan, soit un taux de croissance annuel moyen d'environ 8% entre 2024 et 2035", calculait Royal Bank of Canada.