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THALES

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Thales : Après une excellente année 2022, les groupes de défense peuvent-ils encore bondir en Bourse?

samedi 14 janvier 2023 à 07h00
Dassault Aviation a encore des atouts pour monter en Bourse

(BFM Bourse) - Dassault Aviation et Thales ont signé deux des trois plus fortes progressions du SBF 120 en 2022, portés par un regain d’intérêt pour le secteur. Mais que peut réserver l’année 2023 pour ces titres?

Alors que le millésime 2022 s’est avéré bien morne pour les marchés actions, avec un repli de 9,5% du CAC 40 l’an passé, un secteur a clairement tiré son épingle du jeu: la Défense. Deux des trois plus fortes hausses annuelles du SBF 120 ont ainsi été signées par les spécialistes du secteur : le fabricant du Rafale Dassault Aviation et le groupe de technologies Thales. Tous deux ont vu leur cours bondir respectivement de 66,5% et de 59,4% Thales arrivant d’ailleurs en tête du palmarès du CAC 40.

L’ensemble des titres européens ont connu des parcours similaires: le britannique BAE Systems a pris plus de 50%. Rheinmetall, un conglomérat industriel qui fournit des blindés à l’armée allemande a lui vu son cours être multiplié par plus de 2 à la Bourse de Francfort, porté par la décision du gouvernement allemand d’augmenter ses dépenses militaires avec le déblocage en février d’une enveloppe de 100 milliards d’euros.

"L’année 2022 était une année pour jouer la Défense en Bourse", souligne Jefferies. Le marché avait délaissé ces dernières années ces valeurs, perçues comme peu attrayantes pour les opérateurs sensibles aux thématiques ESG (les critères liés à l'environnement, le social et la gouvernance, c’est-à-dire les critères extra-financiers, cf. ci-dessous). Avec l’éclatement de la guerre en Ukraine, ces titres sont donc revenus dans le radar des investisseurs, ce qui a redynamisé des valorisations déprimées.

Vers une potentielle consolidation

Quid de 2023? "Après les fortes hausses de l’an passé, on pourrait assister une période de consolidation, avec des prises des bénéfices avant potentiellement une possible reprise en fin d’année. Cette phase de consolidation peut néanmoins représenter une opportunité pour les investisseurs de long terme", estime un intermédiaire financier.

Ce mouvement s’observe déjà: depuis le 1er janvier, Thales a redonné 5,4% et Dassault Aviation près de 4%, alors que le CAC 40 grimpe de 8,5%.

Thales a notamment pâti au cours des derniers mois de plusieurs dégradations de la part de bureaux d’études. JPMorgan avait abaissé dès novembre son opinion de "surpondérer" à "neutre". La banque américaine jugeait alors que le groupe avait mangé l’essentiel de son pain blanc en Bourse, saluant néanmoins la "très bonne gestion" de la direction.

La semaine dernière, Jefferies a dressé un constat similaire. Pour le bureau d’études, la réappréciation des multiples boursiers de Thales a atteint "son plein potentiel" et l’année 2023 risque de manquer de catalyseur pour l’action. Jefferies estime par ailleurs que la croissance organique du groupe devrait rester limitée à 5,5% cette année, avant une accélération à 7% puis 6% en 2024 puis 2025.

"Nous considérons toujours Thales comme une valeur refuge en cas de récession brutale, mais elle ne serait pas à l'abri des inquiétudes du marché concernant les budgets européens et la France en particulier", concède Jefferies.

"Il semble y avoir encore un peu de potentiel pour Thales si le groupe poursuit sa bonne exécution en matière de résultats, même si la division d’aéronautique civile est quelque peu pénalisée par les difficultés logistiques d’Airbus (client de Thales, NDLR)", nuance de son côté l’intermédiaire financier précédemment cité.

Le groupe dévoilera ses résultats et ses perspectives annuelles le 8 mars. A voir donc si la société parviendra à surprendre le marché.

Il faudra également surveiller si lors de la finalisation de la cession de son activité de signalisation ferroviaire, prévue lors de la deuxième partie de 2023, le groupe ne donnera pas davantage d’indications sur l’utilisation du produit de cette vente. Des mesures exceptionnelles de retour à l’actionnaire supplémentaire font partie des options.

Dassault vers de nouveaux contrats pour le Rafale

Pour Dassault Aviation, les bureaux d’études semblent relativement optimistes. Dix des treize analystes recensés par investing.com recommandent ainsi d’acheter l’action. Bernstein a initié sa couverture du titre à "surperformance" à la fin de l’année dernière, jugeant les perspectives prometteuses dans ses deux métiers, à savoir l’aviation militaire et les jets d’affaires.

A l’achat sur la valeur, Stifel considère que "des potentielles commandes importantes de Rafale pourraient stimuler davantage l’action cette année". Or, Dassault Aviation a plusieurs clients dans sa ligne de mire.

La Colombie avait présélectionné l’avion de chasse pour une potentielle commande de 16 exemplaires mais les deux parties n’avaient pu se mettre d’accord avant la fin de 2022. Reste à savoir si cela sera partie remise pour cette année.

Le plus important prospect reste l’Inde. Dassault a déjà glané en 2016 un premier contrat pour 36 Rafale "sur étagères". Mais cette première commande, passée en urgence, demeure nettement inférieure aux besoins réels des forces militaires indiennes qui ont ouvert deux appels d’offres supplémentaires, l’un pour l’armée de l’air et l’autre pour la marine. Dans ce dernier appel d’offres, le calendrier pourrait s’accélérer. Des essais ont été effectués en Inde et selon la presse locale, le Rafale serait désormais favori pour une potentielle commande de 26 avions qui pourrait être officialisée lors d’une visite diplomatique en mars.

L’Indonésie, elle , pourrait activer le solde de sa commande de 42 avions puisque Dassault Aviation n’a pour l’heure obtenu qu’un premier contrat ferme sur six avions. D’autres pays sont évoqués par la presse spécialisée, notamment l’Irak ou la Serbie. Contacté par BFM Bourse, Dassault Aviation n’a pas fait de commentaire sur ces potentiels nouveaux contrats.

De nouveaux contrats Rafale pourraient d'ailleurs quelque peu soutenir aussi le cours de Thales puisque les équipements du groupe représentent entre 20% et 25% de la valeur de l'avion de chasse.

Hormis les deux entreprises françaises, précisons que les analystes sont majoritairement à l’achat sur BAE Systems mais aussi sur Rheinmetall (10 sur 11, selon investing.com), malgré son envolée boursière de l’an passé.

Des obstacles ESG

Il est difficile d’évoquer le potentiel du secteur à plus long terme sans parler des considérations ESG des grands investisseurs dont beaucoup préfèrent encore éviter d’investir dans la Défense. Plusieurs projets à l’échelle européenne n’ont pas aidé. Platform for sustainable finance (PFS), une plateforme chargée de nourrir la réflexion de la Commission européenne, avait élaboré un premier rapport sur la taxonomie sociale fin 2021 qui excluait le secteur avant de faire machine arrière au début de 2022. La taxonomie sociale doit orienter les investisseurs vers les investissements durables d’un point de vu social, à la manière de la taxonomie environnementale. Mais contrairement à cette dernière, cette taxonomie sociale est plus complexe et controversée avec des critères moins objectifs. La Commission européenne n’a pas défini de calendrier pour l’adopter et précise à BFM Bourse que les rapports de PFS ne préjugent en rien de ses décisions.

De plus, EUEcolabel , un organisme sous la responsabilité de la Commission européenne, a envisagé en 2021 d’établir un écolabel européen– semblable à ceux des produits de consommation par exemple - sur les produits financiers qui exclurait les sociétés réalisant plus de 5% de leurs revenus dans la Défense.

Depuis, l’industrie est montée au créneau pour faire porter sa voix, qui semble avoir été entendue. "La Commission européenne et les états-membres ont, à plusieurs reprises, déclaré en 2022 qu’il fallait à la fois emmener l’économie vers la transition écologique, mais également financer l’industrie de Défense, sans qu’une de ces deux priorités se fasse au détriment de l’autre", explique Bertrand Delcaire, directeur des relations investisseurs chez Thales. "Pour cette raison, le secteur de la Défense est optimiste sur le fait que la mise en place de règles excluant la Défense des investissements durables n’aboutira pas ", poursuit-il.

"Toutefois, l’absence de soutien clair et explicite de la Commission européenne n’aide pas beaucoup l’industrie de Défense, car en Europe, trop de grands investisseurs institutionnels préfèrent encore rester à l’écart du de ce secteur", ajoute Bertrand Delcaire. "Même si progressivement des investisseurs se rendent compte qu’exclure la défense de leurs investissements ESG s’avère incohérent avec le besoin de protéger les nations européennes ", nuance-t-il.

"Il faut bien se rendre compte que le marché primaire du financement des PME et le marché secondaire des actions des sociétés cotées sont liés. Le manque d’attrait ESG des actions des grands groupes de Défense pénalise ainsi des entreprises bien plus petites", prévient-il.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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