(BFM Bourse) - Le constructeur automobile électrique a publié des résultats inférieurs aux attentes au titre du quatrième trimestre 2023 et a prévenu que la croissance de ses livraisons de véhicules serait plus faible en 2024 que celle de l'an passé, en raison du lancement d'un véhicule de nouvelle génération dans sa gigafactory du Texas.

Tesla va-t-elle être débarquée des "sept magnifiques" (Apple, Amazon, Alphabet, Meta, Microsoft, Nvidia, Tesla) de Wall Street ? Ces méga-capitalisations de la tech, qui ont porté quasiment à elles seules Wall Street, l'an passé, connaissent des fortunes diverses en Bourses depuis le début de l'année.

Mais, parmi elles, seule Tesla affiche une baisse, qui s'avère d'ailleurs très marquée (-16,4%), en raison de nombreux soucis, telles que des nouvelles baisses de prix, une concurrence féroce en Chine, ou encore l'arrêt de la production sur son site de Berlin.

Plusieurs analystes, notamment Wells Fargo, redoutent que le groupe pâtisse d'une croissance en chute libre, en raison du niveau élevé des taux d'intérêts mais aussi d'une demande pour les véhicules électriques qui s'essoufflent.

Les chiffres et les annonces publiés mercredi soir par Tesla ne vont clairement pas les inciter à changer de braquet. D'ailleurs l'actions Tesla a plongé de 6% dans les échanges post-marché à Wall Street, à la suite de la livraison de ses résultats du quatrième trimestre.

Une marge qui plonge

"Tesla a publié des résultats pour le quatrième trimestre qui n'ont pas été à la hauteur des estimations de Wall Street et a présenté des perspectives de production pessimistes pour l'ensemble de l'année, ce qui a entraîné une nouvelle baisse de l'action et a poursuivi la spirale négative du fabricant de véhicules électriques (VE) qui a commencé au début de l'année", résume Stephen Innes de Spi Asset Management.

Au quatrième trimestre, les revenus de Tesla ont progressé de 3% sur un an à 25,167 milliards de dollars tandis que ceux de l'automobile ont augmenté de 1% à 21,56 milliards de dollars. Donnée très suivie à Wall Street, le bénéfice net par action a atteint 70 cents, plongeant de 40% sur un an.

Selon Bloomberg, les analystes attendaient un chiffre d'affaires de 25,9 milliards de dollars et un bénéfice par action de 73 cents.

En raison des nombreuses baisses de prix passées par Tesla depuis la fin de 2022 pour protéger ses volumes face à une concurrence acharnée, notamment du chinois BYD qui l'a doublé sur le dernière trimestre 2023 en termes de véhicules électriques vendus, la rentabilité fond. La marge opérationnelle s'est inscrite à 8,2% au quatrième trimestre contre 16% un an plus tôt et s'établit d'ailleurs à 9,2% sur l'ensemble de l'année.

Coup de frein sur la croissance

Mais la déception la plus retentissante se trouve probablement davantage dans les perspectives données par la société. Tesla n'a, contrairement à ses habitudes, pas donnée de cible de livraisons pour 2024.

"En 2024, le taux de croissance des volumes de nos véhicules pourrait être sensiblement inférieur au taux de croissance atteint en 2023, car nos équipes travaillent au lancement du véhicule de nouvelle génération dans notre Gigafactory Texas", a prévenu Tesla.

L'an dernier, Tesla a livré 1,808 million de véhicules ce qui traduisait une croissance de 38% par rapport à 2022, assez loin des 50% par an qui constitue l'objectif de moyen terme du groupe. Pour 2024, si Tesla n'a pas donc pas donné de cible, le consensus attend entre 2,1 millions et 2,2 millions d'unités écoulées, selon Dan Ives, analyste chez Wedbush, soit une croissance de seulement 17% à 22%.

Cité par Reuters, Elon Musk a prévenu les analystes que la montée en cadence de la production du véhicule de nouvelle génération poserait certaines difficultés. Le dirigeant a indiqué que cette opération nécessiterait "une quantité considérable de nouvelles technologies de fabrication révolutionnaires". Ce qui laisse entendre que le rajeunissement de la gamme de Tesla, susceptible de booster sa croissance, prendra du temps.

"Je suis souvent optimiste au regard des délais. Mais notre calendrier actuel montre que nous commencerons la production vers la fin de 2025, quelque part au second semestre", a-t-il ajouté.

La fin d'une ère

"Ce que nous avons retenu de la conférence sur les résultats de Tesla, c'est la réorientation stratégique de l'entreprise vers le développement et la montée en puissance du nouveau SUV abordable, tout en se concentrant sur la réduction des coûts de ses véhicules existants. Il s'agit d'un changement par rapport à la stratégie 2023, qui consistait à réduire les prix pour générer une forte croissance des volumes", a exposé Seth Goldstein, analyste chez Morningstar, dans une note.

"Tesla signale que l'époque d'une croissance de 50% ou même de 30% à 40% d'une année sur l'autre ne se produira pas en 2024", a déclaré le même expert, dans une interview à Bloomberg. "À un certain moment, on ne peut plus baisser les prix", a-t-il ajouté.

A voir toutefois si le constructeur ne va pas encore sabrer ses tarifs quand bien même il ne semble plus faire de la croissance l'alpha et l'omega de sa stratégie cette année. "Je ne pense pas que la baisse des prix soit achevée, en grande partie parce que la demande de véhicule électrique est toujours faible", indique à Reuters Jesse Cohen.

"Jusqu'à récemment, les tendances d'adoption des véhicules électriques tant en Europe qu'aux États-Unis ont été largement déterminées par la demande. Cependant, à mesure que l'offre de véhicules électriques augmentent et que les avantages économiques de la possession de ces mêmes véhicules deviennent moins convaincants, la dynamique de l'offre et de la demande semble changer. Cela représente un risque pour les prix et la rentabilité à moyen terme du secteur", expliquait récemment Goldman Sachs dans une note.