(BFM Bourse) - La banque allemande a abaissé son conseil sur l'action à "conserver" contre "acheter" précédemment et a réduit drastiquement son objectif de cours. Elle emboîte le pas à UBS.

Dur de convaincre le marché de sa résilience face à l'émergence de l'intelligence artificielle (IA) générative, celle au cœur de ChatGPT, pour Teleperformance.

Le spécialiste de la relation client externalisée, qui accuse la plus forte baisse du CAC 40 depuis le début de l'année, est dans l'œil du cyclone des investisseurs depuis le début de l'année. Si d'autres raisons expliquent la baisse de son action, telles que des publications décevantes sur la croissance et une acquisition mal reçue (le luxembourgeois Majorel), le marché s'inquiète aussi et peut-être principalement des répercussions que peut avoir l'IA générative sur le modèle d'activité de l'entreprise.

La société, elle, assure que ce phénomène technologique sera positif pour elle, notamment via une amélioration de sa productivité. La société possède d'ailleurs son propre outil "TEP genAI". Mais la perception des investisseurs est difficile à modifier.

Et ce lundi Deutsche Bank s'est ajouté à la liste des intermédiaires financiers qui font part de leurs inquiétudes sur ce sujet.

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Pression sur les prix

La banque allemande a révisé son opinion sur Teleperformance, passant "d'acheter" à "conserver" tout en sabrant son objectif de cours à 130 euros contre 290 euros. Ce qui pèse une nouvelle fois sur l'action Teleperformance qui recule de 1,9% ce lundi à 117 euros vers 10h accusant le plus fort repli du CAC 40.

La banque allemande relativise la portée à court terme de l'IA générative. "L'IA générative est encore une technologie naissante et il faudra du temps pour lancer l'automatisation à grande échelle des volumes, les principaux obstacles à l'adoption à grande échelle devant rester en place au cours des prochains trimestres", écrit-elle dans un résumé de sa note.

Mais à plus long terme, "nous pensons qu'une automatisation à grande échelle est susceptible d'entraîner un environnement opérationnel turbulent et une forte pression sur les prix à moyen terme, entraînant une croissance du chiffre d'affaires nettement plus lente et une rentabilité plus faible pour Teleperformance par rapport à la dernière décennie".

Ce constat est raccord avec celui qui a été effectué la semaine dernière par UBS. La banque helvétique avait révisé à la baisse ses perspectives de croissance et de rentabilité pour le groupe, en raison de la pression sur les prix exercée par l'émergence de l'IA générative. Pour elle, les outils issus de cette technologie vont accélérer la déflation qui s'observe sur les tarifs des prestations de services de relation client externalisée. En conséquence, elle table sur une croissance en données comparables de moyen terme de 4,5% par an, contre 9% sur les dix dernières années.

Une valorisation à la casse

De son côté, Morgan Stanley jugeait dès le mois de mai que l'essor de l'IA générative pourrait obérer le potentiel de croissance de Teleperformance. La banque estimait que le développement de ces technologies pourrait signifier "que la composition de l'activité va changer et, à ce stade, le résultat probable semble être une croissance légèrement plus faible avec une marge plus élevée".

Reste, pour les investisseurs les plus optimistes, que la valorisation actuelle de Teleperformance s'avère clairement bon marché, au point peut-être d'exagérer les craintes sur l'IA.

"Nous continuons de penser que le principal frein à la valorisation de Teleperformance est la crainte d'une perturbation de l'IA et que le cours actuel de l'action ne tient pas compte du potentiel de Teleperformance à continuer à s'adapter, à capitaliser sur les nouveaux flux de revenus générés par l'IA et à bénéficier d'une pénétration accrue de l'externalisation et de gains de parts de marché organiques", expliquait ainsi la semaine dernière Royal Bank of Canada, qui a un conseil à "surperformer" sur le titre, équivalent d'achat.