(BFM Bourse) - Le groupe automobile annonce une profonde refonte de son état-major, et officialise le départ à la retraite de Carlos Tavares son emblématique directeur-général à l'issue de son mandat, soit en janvier 2026. Stellantis recule à la Bourse de Paris.
Stellantis traverse une zone de turbulences. Fin septembre, le groupe automobile a émis un lourd avertissement sur résultats. La société est confrontée à d'importantes difficultés sur son marché le plus important, l'Amérique du Nord, où Stellantis peine à réduire ses stocks.
Pour l'exercice 2024, le groupe table désormais sur une marge opérationnelle courante entre 5,5% et 7%, alors qu'il anticipait auparavant un taux au moins égal à 10%. De plus, la société a indiqué prévoir un flux de trésorerie libre industriel négatif allant de -5 milliards à -10 milliards d'euros alors qu'elle comptait auparavant générer un cash-flow positif.
C'était l'avertissement de trop pour le constructeur automobile issu de la fusion entre Fiat Chrysler Automobiles et Peugeot SA qui a perdu une grande partie de son crédit auprès du marché.
Dans une note de réaction à ce retentissant avertissement sur résultats, Oddo BHF avait perdu "foi/confiance" dans Stellantis. Le bureau considérait que ce nouvel ajustement des objectifs soulevait soulève donc trop de questions sur la gouvernance à la tête du groupe pour qu'un retournement de situation puisse se produire rapidement et confirme que l'approche conflictuelle adoptée avec toutes les parties prenantes (employés, concessionnaires, fournisseurs, gouvernements et maintenant même investisseurs) n'était pas la bonne".
Un départ à la retraite acté
La société franco-italo-américaine a donc annoncé ce vendredi une décision radicale pour restaurer sa crédibilité auprès des investisseurs. Et cela passe par un remaniement d'ampleur de son état-major. Et Stellantis met aussi un point final aux spéculations quant à l'avenir de Carlos Tavares à ses manettes.
Le constructeur automobile a acté dans la nuit de jeudi à vendredi, le départ à la retraite de Carlos Tavares en janvier 2026, à la fin de son mandat. La société issue de la fusion de Fiat Chrysler et Peugeot SA en janvier 2021 a également confirmé que le processus formel d’identification de son successeur était "engagé". "Ce processus est géré par un comité spécial du conseil d’Administration présidé par John Elkann et qui achèvera ses travaux au quatrième trimestre de 2025", précise Stellantis.
La question d'un départ à la retraite de Carlos Tavares commençait à être sur toutes les lèvres. Et le principal intéressé avait d'ailleurs plus ou moins glissé cette idée la semaine passée à l'occasion d'un déplacement à l'usine historique de Peugeot, à Sochaux.
"En 2026, la personne qui vous répond aura 68 ans, c'est un âge raisonnable pour prendre sa retraite. C'est l'option", avait déclaré Carlos Tavares en réponse à une question de BFM Business lors de ce déplacement.
D'ailleurs Stellantis commençait déjà à réfléchir à l'après-Carlos Tavares. Le groupe automobile franco-italo-américain avait indiqué fin septembre avoir lancé un processus de succession, comme il est "normal" de le faire dans un groupe de cette importance.
C'est donc la fin annoncée de l'aventure de Carlos Tavares chez Stellantis. Le dirigeant avait fait ses débuts chez Peugeot SA en 2014. Sa méthode fondée sur la rationalisation du nombre de modèles (trop nombreux à l'époque où il prend les commandes), l'accent sur le pricing power (pouvoir de fixation des prix) lui a permis de relancer PSA, mais aussi de redresser en un temps record Opel-Vauxhall, racheté en 2017. C'est aussi cette méthode qui a permis d'extraire au plus vite les synergies de la fusion entre Fiat Chrysler et PSA au sommet de sa gloire fin 2019.
Des changements à effet immédiat
Outre le départ à la retraite annoncé de Carlos Tavares, la société souhaite être plus efficace dans son organisation en vue de traverser un "environnement mondial turbulent". Stellantis explique ainsi vouloir se recentrer sur ses "principales priorités opérationnelles et de s’attaquer avec détermination aux défis mondiaux auxquels le secteur automobile est confronté".
Dans cette optique, le groupe franco-italo-américain a aussi acté des changements organisationnels ciblés qui entrent "en vigueur immédiatement" au sein de son équipe managériale.
La directrice financière Natalie Knight, arrivée à ce poste à la mi-2023, a été débarquée. Elle est remplacée par Doug Ostermann, qui était jusqu'alors directeur des opérations en Chine. Jean-Michel Imparato occupe désormais la direction de la région Europe à la place d'Uwe Hochgeschurtz.
Antonio Filosa est nommé directeur des opérations en Amérique du Nord, en complément de son sa fonction actuelle de directeur de la marque Jeep. Il succès à Carlos Zarlenga dont le prochain poste fera l’objet d’une nouvelle annonce.
Stellantis a également décidé de rattacher la gestion de ses approvisionnements à la direction industrielle, et plus à celle des achats "pour davantage de performance commerciale".
A la Bourse de Paris, Stellantis évolue en baisse de 2,4%, vers 10h30 après l'annonce de ce remaniement à la tête du constructeur automobile. Ce qui porte à 43% le repli de l'action Stellantis sur l'ensemble de 2024, le deuxième plus important du CAC 40, derrière STMicroelectronics. Et dire qu'en 2023 le constructeur avait signé la meilleure performance de l'indice parisien (+59%).
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