(BFM Bourse) - Selon Bloomberg, le groupe de restauration collective français songerait à racheter cette société américaine de grande taille. Ce qui préoccupe les investisseurs.
À rebours d'un marché parisien en nette progression, Sodexo recule ce jeudi. Le titre du groupe de restauration collective recule de 3,4% en début d'après-midi après avoir plongé de plus de 7% en début de séance. De son côté, le SBF 120 avance de 1,4% au même moment.
Le repli est à lier aux informations de Bloomberg. L'agence de presse a rapporté dans la nuit de mercredi à jeudi que Sodexo envisageait depuis plusieurs mois un rachat du groupe américain Aramark, un important concurrent du groupe tricolore en Amérique du Nord.
Les sources proches du dossier citées par l'agence ajoutent qu'il n'y a "pas de certitudes que les délibérations mènent à une transaction".
Contacté par BFM Bourse, Sodexo n'a pas souhaité commenter ces informations.
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Des risques réglementaires
Aramark offre, comme Sodexo, des services de restauration collective et de "facilities management" (services de nettoyage, réparations d'ascenseurs, etc…) aux entreprises, aux hôpitaux ou encore aux écoles et universités.
Sa capitalisation boursière, de 9,8 milliards de dollars, est comparable à celle de Sodexo (11 milliards d'euros). Sur son dernier exercice, Aramark avait dégagé des revenus de 18,8 milliards de dollars, en croissance de 16% en données comparables. Sodexo avait lui publié des revenus de 20,2 milliards d'euros, en hausse de 17% en données comparables sur son exercice 2022-2023.
Un peu à l'image de Sodexo, qui a scindé son activité de titres restaurants et cadeaux Pluxee en février, Aramark a opéré une scission, avec l'introduction en Bourse l'an passé de son ex-filiale Vestis, spécialisée dans la fourniture et l'entretien de vêtements de travail.
"D'un point de vue stratégique, Sodexo a été à la traîne de la croissance nette de ses concurrents ces dernières années, de sorte qu'Aramark serait un moteur de croissance utile avec des synergies probablement significatives. Toutefois, compte tenu des parts de marché détenues, nous pensons que l'antitrust pourrait être un problème dans certaines régions", décortique Jefferies.
Des synergies négatives
L'établissement calcule qu'une opération permettrait à Sodexo de se renforcer en Amérique du Nord, un marché important et en forte croissance pour la restauration collective, avec un important mouvement d'externalisation des services de restauration. Le nouvel ensemble combiné aurait une exposition de 60% à ce marché, contre 46% pour Sodexo, estime-t-il.
La banque remarque néanmoins qu'au vu de la capitalisation boursière d'Aramark, Sodexo pourrait être contraint de financer le rachat à la fois avec un mélange important de dettes et de titres. Ce qui peut expliquer la crainte du marché.
De plus, Jefferies prévient que si un rapprochement devait être lancé, cela représenterait une opportunité pour un autre concurrent, le britannique Compass, qui pourrait gagner des parts de marché pendant que Sodexo se concentrerait sur l'intégration d'Aramark.
Royal Bank of Canada dresse un constat assez similaire. La banque juge que ce rapprochement permettrait à Sodexo de bénéficier "d'une répartition géographique et sectorielle plus attrayante, ainsi que d'un 'pricing power' accru". "Cependant, les antagonismes (des synergies négatives, NDLR) et les obstacles antitrust constituent un risque et les investisseurs ont généralement mal réagi aux fusions-acquisitions à grande échelle dans le secteur des services aux entreprises", prévient l'établissement canadien.
Parmi les "antagonismes" possibles, Royal Bank of Canada fait valoir que certains clients des deux groupes pourraient demander des renégociations de contrats ou choisir de relancer des appels d'offres. Elle évoque aussi de potentielles difficultés à conserver les employés en raison de différences culturelles.
"Nous pensons qu'il est peu probable que de nombreux actionnaires d'Aramark soient disposés à accepter du papier (des actions, NDLR) Sodexo en contrepartie d'une transaction, compte tenu de considérations juridictionnelles et de gouvernance, ce qui rend plus probable une offre en cash (ou au moins une forte composante en cash), qui nécessiterait un financement", estime également la banque.
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