(BFM Bourse) - Le propriétaire des marques Sandro, Maje, Claudie Pierlot et De Fursac bondit à la Bourse de Paris, soutenu par une note d'Oddo BHF qui relève son opinion de neutre à superformance, ainsi que son objectif de cours à 5,6 euros. Pour le bureau d'études, la lumière serait au bout du tunnel sur le dossier SMCP.
Dans un contexte marqué par une crise de la consommation, SMCP connaît un parcours boursier difficile. Le titre du "spécialiste du luxe accessible" cédait plus de 40% à la clôture de lundi en 2024, après avoir déjà concédé 43% l'an passé.
Outre ces considérations conjoncturelles, SMCP est plombé par les incertitudes concernant une recomposition de son capital, un long et complexe feuilleton qui dure depuis de nombreuses années.
Or, pour Oddo BHF, la lumière serait au bout du tunnel pour le propriétaire des marques Sandro et Maje. Dans une note publiée ce mardi, le bureau d'études entrevoit une résolution cette année de ces "histoires actionnariales qui auront gâché l’equity story" (l'histoire boursière), avec des décisions de justice favorables aux créanciers de SMCP.
Une décision qui devrait soulager le titre
Rappelons qu'un groupe d'investisseurs (Glas) avait récupéré des parts importantes du capital de SMCP à l’automne 2021 (29% en direct et 8% confiés à un cabinet pour éviter de passer au-dessus du seuil de 30%). Ces investisseurs avaient alors reçu cette participation à la suite du défaut d'une filiale du groupe chinois Shandong Ruyi sur un emprunt de 250 millions d'euros. Or cette créance prenait la forme d'un emprunt obligataire échangeable en actions SMCP pour donc 37% du capital.
Les créanciers d'European TopSoho, réunis sous le "trustee" Glas (agissant pour le compte des créanciers, les fonds Blackrock, Carlyle, Anchorage, Boussard et Gavaudan) avaient ainsi récupéré 29% du capital pour se rembourser. Et non 37% pour rester sous le seuil des 30%, et éviter de déclencher une Offre publique d'achat (OPA). Glas a en effet nanti les 8% restants.
Or en novembre 2021, 16% du capital de SMCP avait été cédé dans "le plus grand secret" à Chenran Qiu, la fille de l'ancien actionnaire majoritaire de SMCP, pour un euro symbolique, alors que le titre cotait, ce jour-là, 7,75 euros. Les actions du spécialiste du "luxe accessible" sont logées dans une société basée aux Îles Vierges britanniques, appelée Dynamic Tresure Group.
Glas a ensuite porté l'affaire devant la justice commerciale britannique en vue de faire annuler la cession, jugeant cette vente "potentiellement illégale". Et selon un communiqué du 15 juillet, le jugement serait positif et Dynamic Tresure Group aurait eu l’obligation de rapatrier les actions au Luxembourg à European TopSoho le 26 juillet à 16h, rappelle le bureau d'études. Cette décision favorable de la justice britannique va accélérer le processus de recomposition du capital. Elle enlève "un poids majeur" et augmente "la spéculation sur le titre", souligne l’intermédiaire financier.
"Si les 16% venaient à être rapatriés au Luxembourg (ce qui devrait être le cas), alors ils pourraient probablement être saisis par Glas", ajoute Oddo BHF, qui estime que cette décision serait une "bonne nouvelle". La participation de 16% limite, selon le bureau d'études, la probabilité d’une OPA sur SMCP en rendant le seuil de squeeze-out (mécanisme de retrait obligatoire après une OPA avec un seuil clé de 90% en France, NDLR) "hors d’atteinte".
Des industriels du secteur (de type EPI ou Maus Frères) ou bien des fonds de PE (private equity) pourraient être des candidats potentiels, selon le bureau d'études.
A la Bourse de Paris, la note d'Oddo BHF relatant cette perspective d'un dénouement du processus de recomposition du capital du groupe relance SMCP en Bourse. Le titre du spécialiste du luxe accessible bondit de 12,7%, à 2,31 euros, après avoir rendu 7,3% vendredi à la suite de la publication de ses comptes semestriels.
Le désendettement pour relancer l'histoire boursière
Entre janvier et juin, le propriétaire des marques Sandro, Maje, Claudie Pierlot et De Fursac a annoncé un repli organique de 3,6% de ses ventes sur un an, à 585,3 millions d'euros. Le groupe a accusé le coup notamment en Asie-Pacifique, avec des ventes qui ont chuté de 20% en données comparables pour s'établir à 106 millions d'euros.
Le résultat opérationnel ajusté est tombé à 19 millions d'euros, contre 26 millions d'euros au premier semestre 2023. Le groupe a affiché une perte de 27,7 millions d'euros contre un bénéfice net de 14 millions d'euros un an auparavant. Le résultat net aurait été "à l'équilibre" sans les 30 millions d'euros de charges comptables, dont des dépréciations d'actifs liées à la fermeture d'une partie du réseau en Chine, explique la société.
"Le secteur du textile, en particulier celui qui n’est ni très abordable, ni de luxe souffre, et SMCP, avec son positionnement de 'luxe accessible' ne fait pas exception", rappelle Oddo BHF.
Alors pour affronter ces vents contraires, le spécialiste de la mode a dévoilé un plan destiné à relancer sa dynamique de croissance et de rentabilité. Isabelle Guichot, la directrice générale de SMCP, a détaillé les points cardinaux de ce programme de reconquête, qui se base sur un renforcement de la désirabilité des marques du groupe, une optimisation de la gestion des coûts, et la poursuite d'une gestion "disciplinée" du flux de trésorerie et de l'endettement.
Pour le bureau d'études, ce plan va lui permettre de passer la crise du secteur du textile, avec un "point bas en 2024" et un flux de trésorerie libre à 0, selon lui. Le désendettement du groupe est l'autre facteur pouvant contribuer à soutenir l'histoire boursière de SMCP, avec la cession de l’une ou des deux marques mineures du groupe.
Oddo BHF pense en particulier à la marque Fursac, qui avait été rachetée 95 millions d'euros, il y a un peu moins de 5 ans (septembre 2019), et dont les progrès "ne sont plus quantifiés publiquement" et dont les chiffres sont mélangés avec Claudie Pierlot, note aussi le bureau d'études.
"Une cession pourrait rapporter 45-60 millions d'euros pour Fursac et 100-120 millions d'euros pour Claudie Pierlot soit un total de 145-180 millions d'euros pour les deux", estime l’intermédiaire financier.
En résumé, Oddo BHF pointe une "décorrélation manifeste entre la valorisation et les fondamentaux", même sans tenir compte de la dimension spéculative sur le titre qui s'avère, selon le bureau d'études "de plus en plus crédible".
"Le titre affiche une décote par rapport à ses pairs de 50% à 80%. Hors décote ou spéculation 'actionnariale', le cours devrait se situer, selon nous, à 5,6 euros (moyenne multiples + DCF) reflétant une décote plus faible sur les pairs, liée à la taille, la liquidité et au levier d’endettement", note le bureau d'études, qui relève son opinion à surperformance, avec un objectif de cours lui aussi nettement revalorisé à 5,6 euros contre 3,5 euros précédemment.
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