(BFM Bourse) - Les deux sociétés souffrent nettement à la Bourse de Paris ce lundi. Les prouesses dans l'IA de la société chinoise font craindre une remise en question des dépenses dans les data centers, un segment très porteur pour les deux sociétés.
La tech américaine prend peur et une partie du CAC 40 avec elle. Ce lundi 27 janvier, le contrat à terme sur le Nasdaq 100 souffre, chutant de 3,1% vers 10h20.
Les investisseurs s'inquiètent des prouesses de la start-up chinoise Deepseek, qui a développé des outils d'intelligence artificielle (IA) similaires au célèbre ChatGPT d'OpenAI, mais avec un coût a priori bien moindre. Son modèle R1, lancé le 20 janvier, fait notamment parler de lui.
"Deepseek R1 est l'une des percées les plus étonnantes et les plus impressionnantes que j'aie jamais vues", a déclaré vendredi sur X Marc Adreeseen, un spécialiste du capital-risque et de l'investissement dans la tech, par ailleurs soutien de Donald Trump.
Deepseek "a construit un chatbot moins cher et compétitif, avec moins de puces informatiques haut de gamme que les mastodontes américains comme Google et OpenAI", relève de son côté le New York Times.
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Les géants de la tech tremblent
L'application Deepseek a ravi ce week-end à ChatGPT son statut d'application la plus téléchargée depuis l'App Store. S'il est trop tôt pour savoir si Deepseek constitue un changement de paradigme dans l'IA, le marché se montre donc craintif.
"Les géants de la technologie commencent à trembler face à l’arrivée de la startup chinoise d’intelligence artificielle Deepseek, qui pourrait remettre en cause la domination technologique des États-Unis et les valorisations élevées d'entreprises telles que Nvidia", écrit John Plassard, conseiller en investissement chez Mirabaud dans sa note matinale.
"L'innovation de Deepseek pourrait remettre en question la logique qui sous-tend les investissements colossaux des entreprises américaines dans l'IA", note pour sa part Stephen Innes, de Spi AM.
Les data centers, un segment important pour Legrand et Schneider
Ces craintes se propagent à Schneider Electric et Legrand, qui chutent respectivement de 7,5% et 6,5% et accusent de très loin les deux plus fortes baisses du CAC 40.
"La logique est que la percée de Deepseek viendrait remettre en cause les investissements dans l'IA et dans les data centers, segment sur lequel Schneider Electric et Legrand sont bien exposés", explique un analyste.
Schneider Electric et Legrand conçoivent des logiciels, produits et services pour les data centers, notamment pour optimiser l'efficacité énergétique de ces structures très énergivores.
Selon une présentation de fin 2023, les data centers représentaient environ 19% des commandes de Schneider Electric. Cette proportion a vocation à augmenter car la société anticipait une croissance annuelle du marché de plus de 10% d'ici à 2027, nettement plus que dans ses autres segments. Pour Legrand, Barclays évaluait dans une récente note son exposition aux data centers à environ 20% de ses revenus.
"Jusqu'à présent on racontait que pour développer l'IA il fallait équiper les data centers des puces plus puissantes de Nvidia, c'est-à-dire le GPU (processeurs graphiques, NDLR). Ce qui dégage plus de chaleur et nécessite davantage d'équipements électriques. Il convient aussi de rappeler que parmi les produits proposés par Legrand et Schneider figurent les produits de refroidissement du liquide", développe l'analyste précédemment mentionné.
"Si tout cela est remis en cause avec Deepseek, c'est pas beau", prévient l'analyste qui nuance toutefois: "il faut raison garder pour le moment".
"Les avancées de Deepseek semblent crédibles en raison de son potentiel à révolutionner les charges de travail de l'IA, ce qui pourrait avoir un impact significatif sur la demande de solutions de refroidissement haut de gamme" dans les data centers, abonde Jefferies dans une note consacrée au spécialiste suédois du traitement de l'air et de la climatisation, Munters. Munters plonge de 12% à Stockholm.
Soitec de son côté abandonne 6,6% à Paris. Le groupe de semi-conducteurs est exposé aux data centers via son segment "Edge & Cloud AI", qui représente 28% de ses revenus et a enregistré une croissance de 66% sur un an, sur le dernier trimestre publié par la société.
Plus largement, l'ensemble des groupes de semi-conducteurs souffrent en Europe, ce lundi. STMicroelectronics perd 2,8% à la Bourse de Paris. À Amsterdam, ASML s'effondre, perdant 9,4%.
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