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SBF 120

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Sbf 120 : Pourquoi les vendeurs à découvert ont fui la Bourse de Paris

dimanche 22 juin 2025 à 07h00
La Bourse de Paris a vu les

(BFM Bourse) - BFM Bourse a, une nouvelle fois, demandé à S&P Global Market Intelligence de classer les valeurs les plus "shortées" sur le deuxième indice le plus important de la place parisienne, c'est-à-dire le SBF 120. In fine, il apparaît surtout que les vendeurs à découvert ont calmé leurs ardeurs sur le marché parisien.

C'est une technique réservée aux investisseurs les plus avertis: la vente à découvert. Pour rappel, cette technique revient à miser non pas sur la hausse mais sur la chute d’une action. Elle consiste à emprunter (moyennant un loyer convenu) ladite action à un investisseur qui la détient et la vendre sur le champ, en tablant sur une baisse du cours qui permettra de la racheter moins chère au moment de la restituer à son propriétaire. Le vendeur à découvert empoche ainsi la différence.

C'est ce que l'on appelle "shorter" une action. Nous avions expliqué dans un précédent article pourquoi la vente à découvert est une stratégie à bannir absolument pour les particuliers.

Comme nous l'avons déjà fait à plusieurs reprises, nous nous sommes demandé quelles actions sont les plus "shortées" à la Bourse de Paris. Les données les plus fiables dans ce domaine sont compilées par S&P Global Market Intelligence, l’acteur de référence.

À la demande de BFM Bourse, le spécialiste des données appartenant à S&P a une nouvelle fois établi un classement sur le SBF 120, le deuxième plus grand indice de la Bourse de Paris. Pour construire ce classement, S&P Global Market Intelligence se base sur le pourcentage du capital en circulation d'une société qui est prêté. Précisons que ces données, affichées par l'infographie ci-dessous, ont été arrêtées le 16 juin dernier.

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Bien plus que la hiérarchie à proprement parler, un constat global ressort. Dans les deux précédents classements que nous avions publiés, en juin 2024 et juillet 2023, il fallait afficher des taux de respectivement 7,72% et 5,47% pour rentrer dans le "top 10" des valeurs les plus vendues à découvert. Sur cette édition, le chiffre tombe à….1,5%. Ce qui montre que les "short sellers" ont sacrément calmé leurs ardeurs.

Cette désertion des vendeurs à découvert reflète une tendance de fond dont nous avons parlé à de multiples reprises: la surperformance des marchés européens par rapport aux indices américains. Sur l'ensemble de 2025, le Stoxx Europe 600 prend 5,2% quand le S&P 500 ne gagne que 1,7%.

En raison des incertitudes provoquées par les atermoiements de Donald Trump sur les droits de douane ainsi que sur son projet de loi de budgétaire, les investisseurs se sont détournés des actifs américains, comme les actions. Ces mêmes opérateurs de marché ont réalloué leurs fonds vers des titres d'autres zones géographiques, notamment l'Europe.

"Au-delà de la France, les 'short-sellers' ont pu tout simplement abandonner l'Europe car c'est une position sur laquelle ils ont été 'squeezé', c’est-à-dire qu'ils ont de plus en plus enregistré de pertes, en raison des retours de flux acheteurs significatifs vers le Vieux continent. Il y a eu un regain d'appétit du marché pour l'Europe, notamment la France, qui pâtissait d'une prime de risque due à l'incertitude politique, et l'Italie", développe Vincent Juvyns, directeur de la stratégie d'investissement chez ING Belgium. "Il n'est plus de bon ton de 'shorter' l'Europe, et la France a fortiori'", conclut le stratégiste de marché.

Regain d'appétit des investisseurs pour l'Europe

Bank of America, dans sa dernière enquête réalisée auprès des gérants de fonds, relève que la différence entre les gérants qui surpondèrent les actions de la zone euro dans leurs portefeuilles et ceux qui les sous-pondèrent s'élève à environ +35%. Il s'agit du "meilleur" chiffre, devant toutes les grandes zones géographiques. Pour les États-Unis, le chiffre se situe à près de -40%, c'est-à-dire que les gérants ont en grande majorité une vue négative sur les actions du pays de l'oncle Sam.

Une autre dimension plus sectorielle peut jouer. Depuis le début de l'année, un des grands secteurs qui souffrent et qui pourraient éveiller l'appétit des vendeurs à découvert, reste le luxe. LVMH perd 29,2% depuis le 1er janvier et Kering cède 24,9%. Hermès limite la casse (-2,4%).

Or ces groupes possèdent un "flottant" faible, c'est-à-dire que la part des actions librement en circulation est très basse. Pour donner un ordre d'idée, ce flottant s'élève à moins de 50% chez LVMH et à moins de 33% pour Hermès. Cela réduit d'autant le nombre de titres qui peuvent être prêtés sur le marché. Par la simple loi de l'offre et de la demande, il coûte donc bien plus cher de "shorter" ces actions avec un faible flottant. D'autant que ces groupes "rachètent leurs propres actions", explique Vincent Juvyns.

Worldline en tête

Pour revenir au classement des actions les plus "shortées", Worldline occupe la première place avec un taux de titres prêtés de 9,7%. Le spécialiste des paiements a quelque peu le profil des sociétés susceptibles d'attirer les vendeurs à découvert. L'entreprise a enchaîné les lourds avertissements sur résultats depuis 2023.

Le spécialiste des paiements détient le peu enviable record de la plus forte chute sur une séance d'un groupe du CAC 40 (-59,24% le 25 octobre 2023) à la suite d'un de ces nombreux "profit warnings" (il y en aura un autre en juillet 2024 et encore un autre en septembre de la même année). Et les derniers résultats annuels ont, en plus, été décevants. Deutsche Bank veut toutefois croire que l'arrivée du nouveau directeur général, Pierre-Antoine Vacheron, marque "une nouvelle ère" pour la société. Contacté, Worldline a rappelé qu'il ne commentait son cours de Bourse.

Edenred, deuxième, avec 6,3%, est tombé en désamour auprès d'un marché qui l'a pourtant longtemps porté aux nues, au point que la société a rejoint le CAC 40 en 2023. Le titre chute de plus de 45% sur trois ans. "La société est malmenée par les shorts alors que la croissance est là est que la valorisation est aberrante", regrette un analyste. Contactée, l'entreprise a estimé que sa place dans le classement pouvait s'expliquer par la forte liquidité de son titre (plus de 95% de son capital est flottant) et par des logiques de gestion indicielle.

Le spécialiste des solutions de paiement dans le monde du travail a aussi indiqué son action était pénalisée "par des discussions en cours sur de potentielles évolutions réglementaires auxquelles Edenred est partie prenante mais dont l’issue et le timing n'étaient pas encore connus".

L'entreprise a effectivement souffert en Bourse de craintes sur de potentielles mesures négatives, comme un hypothétique plafonnement des commissions de titres restaurant en France, ou une évolution très défavorable de la réglementation au Brésil. À l'heure actuelle, ces mesures relèvent de spéculations non confirmées par les autorités locales. En revanche, en Italie, l'exécutif a effectivement mis en place un plafonnement des commissions de titres restaurant, qui sera effectif cette année.

Les autres membres du "top cinq" évoluent à des niveaux assez peu significatifs. L'opérateur de satellites luxembourgeois SES (5,3%) est troisième, suivi de la société de blanchisserie industrielle Elis (5,2%) et de l'exploitant aéroportuaire Groupe ADP (3,9%). Elis a expliqué des fonds spéculatifs réalisaient des arbitrages sur une obligation convertible en action nouvelles ou existantes (Oceane) en achetant ce titre de dette hybride tout en vendant concomitamment l'action existante. SES et ADP n'avaient pas répondu à une demande de commentaire à la date de rédaction de cet article.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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