(BFM Bourse) - Les titres des laboratoires européens chutent alors que les Etats-Unis prévoient d'annoncer des droits de douane "importants" sur les importations de produits pharmaceutiques, jusqu'alors exemptés. Sanofi accuse de loin la plus forte baisse du CAC 40, ce mercredi 9 avril.
La pression douanière monte d'un cran ce mercredi 9 avril. La nouvelle salve douanière appliquée à tous les autres pays vient d'entrer en vigueur, avec notamment un taux vertigineux de 104% de droits de douane pour la Chine.
Sur sa lancée, Donald Trump n'entend pas interrompre sa surenchère douanière de sitôt. Dans la nuit de mardi à mercredi, le président américain a déclaré qu'il comptait introduire "des droits de douane majeurs sur les produits pharmaceutiques", lors d'un dîner annuel organisé par le Comité national républicain du Congrès.
"Une fois que nous aurons fait cela, ils reviendront en masse dans notre pays, parce que nous sommes le plus grand marché", a ajouté Donald Trump. "L'avantage que nous avons sur tout le monde, c'est que nous sommes le grand marché", a-t-il poursuivi.
Ces dernières annonces illustrent encore plus l'imprévisibilité du dirigeant américain. Les produits pharmaceutiques étaient jusqu'alors exclus de la première série de mesures douanières "réciproques" annoncées mercredi 2 avril.
En Bourse, cette volte-face fait l'effet d'une bombe pour l'industrie pharmaceutique européenne. A Paris, Sanofi recule de 5,4% et accuse la plus forte baisse du CAC 40 ce mercredi matin. Or, le groupe français est très exposé au marché américain. Il avait réalisé 45% de son chiffre d'affaires aux Etats-Unis en 2023, sanofi.com/assets/dotcom/content-app/publications/financial/2024-Document-enregistrement-universel-2024.pdf">selon le document universel 2024 de la société.
Du côté de Londres, GSK redonne 5% tandis qu'Astrazeneca lâche près de 5,5%. Les titres des laboratoires pharmaceutiques suisses ne sont pas en reste, Roche et Novartis redonnent plus de 5%, tandis à Francfort, Sartorius redonne 3,8%, Bayer perd 3%, quand Merck redonne 2,7%
L’industrie indienne accuse aussi le coup alors que les Etats-Unis sont son plus grand marché. L'an dernier, l'Inde a exporté pour près de 13 milliards de dollars de médicaments, dont de nombreux génériques, rappelle le New York Times.
Ce coup de semonce s'est propagé à la Bourse indienne et surtout aux valeurs cotées de cette industrie. A la Bourse de Bombay, Glenmark redonne 6%, Ipca Laboratories cède 5,3%, la société de biotechnologies Biocon perdu 4,8% quand Auropharm et Tornpharm plient de plus de 3%.
Relocaliser la production vers les Etats-Unis
Donald Trump veut finalement mettre cette industrie au pas et l'inciter à ce que sa production soit relocalisée aux Etats-Unis. Par le passé, il avait déjà milité pour que "les entreprises pharmaceutiques reviennent (aux États-Unis), car si elles ne le font pas, elles devront payer une taxe importante", rappelait UBS dans une note publiée la semaine passée.
Le président américain n'a pas encore précisé l'ampleur des tarifs douaniers qu'il souhaite appliquer à cette catégorie de marchandises. La banque suisse avait déjà imaginé trois scénarios en cas d'annonces de ce type. Selon elle, Trump pourrait ajouter une série distincte de droits de douane ciblant spécifiquement l'industrie pharmaceutique, ou bien opter pour une approche progressive des droits de douane.
Dans le pire des cas, même si ce scénario lui apparait comme le moins probable, UBS envisage que Donald Trump puisse choisir d'agir sur les prix de transfert dans son "One, Big Beautiful (tax) Bill", une seule grande et belle loi fiscale). C'est-à-dire d'agir sur la taxation des prix entre sociétés d'un même groupe.
Dans un communiqué publié mardi, la Fédération européenne des associations et industries pharmaceutiques (EFPIA) a alerté la présidente de la Commission européenne du risque d'exode des industriels européens vers les États-Unis, avec la mise en place des droits de douane américains. .
"Les États-Unis devancent désormais l'Europe sur tous les critères de mesure des investisseurs, qu'il s'agisse de la disponibilité des capitaux, de la propriété intellectuelle, de la rapidité d'approbation ou des récompenses pour l'innovation", est-il indiqué dans le document de l'EFPIA.
"En plus de l'incertitude créée par la menace des droits de douane, il y a peu d'incitation à investir dans l'Union européenne et des facteurs importants de délocalisation vers les États-Unis", redoute aussi l'organisation professionnelle.
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