(BFM Bourse) - La présentation des ambitions stratégiques du nouveau directeur général est saluée de belle manière par le marché boursier mardi. En visant plus de 30% de marge opérationnelle, Paul Hudson fixe des objectifs particulièrement volontaristes - qu'il s'agit maintenant de délivrer.
Le cours de Sanofi terminera-t-il l'année à plus de 80 euros ? Le titre du plus grand laboratoire pharmaceutique français, héritier d'une série de plus de (selon la légende) 300 fusions-acquisitions, en hausse de 4,2% à 85,27 euros mardi vers 14h00 grâce à l'énonciation de ses nouveaux objectifs stratégiques, apparaît bien parti pour finir au-delà de ce niveau, ce qui constituerait une première depuis l'année... 2001.
Une époque où la société Sanofi-Synthélabo (elle-même issue du rapprochement des activités de santé humaine d'ELF et de L'Oréal) n'avait pas encore, sous l'égide de Jean-François Dehecq, fusionné avec Aventis (ex-Rhône-Poulenc) pour donner naissance à l'un des géants mondiaux de la pharmacie.
Comment s'explique une telle stagnation du cours à une échelle aussi longue, alors que les principaux indices sectoriels ont pour leur part progressé au cours des dernières années ? Il faut dire que si l'iconique fondateur du groupe l'a doté d'une taille critique, Sanofi peine depuis son départ -Jean-François Dehecq fut PDG jusqu'en 2006- à trouver le bon cap stratégique.
Son successeur immédiat, Gérard Le Fur s'est rapidement fourvoyé sur la piste d'un traitement anti-obésité, le rimonabant (qui aurait pris le nom commercial d'Acomplia), en s'entêtant à poursuivre le développement et les préparatifs de lancement malgré de nombreux signaux d'alerte, jusqu'à ce que le refus des autorités d'homologuer la molécule enterre ses ambitions et pousse l'ancien patron de la R&D vers la sortie, moins de deux ans après sa nomination comme directeur général.
Fin 2008, lui a succédé Chris Viehbacher, ancien cadre dirigeant de GSK réputé solide gestionnaire. Ce dernier a adopté une politique plus pragmatique en s'attaquant à la restructuration des activités de recherche et en accélérant l'internationalisation du groupe via le rachat en 2011 de la biotech américaine Genzyme pour plus de 20 milliards de dollars. Mais les ambitions personnelles du dirigeant germano-canadien ont irrité une partie des administrateurs du groupe français, à commencer par le président de l'époque Serge Weinberg, jusqu'à la soudaine révocation de Chris Viehbacher en octobre 2014 - malgré un bilan boursier très honorable puisque Sanofi avait rebondi de plus de 60% sous son mandat.
Le groupe s'est alors de nouveau choisi un patron français -mais avec un profil très international, passé par Pfizer puis Bayer- en la personne d'Olivier Brandicourt. Mais là où on reprochait à Chris Viehbacher d'être trop brusque, certains ont jugé l'action de son successeur pas assez décisive. Pourtant, il a largement repositionné le groupe via une opération d'échange d'actifs avec Boehringer Ingelheim (cession à l'allemand de la filiale vétérinaire Merial, en contrepartie d'un renforcement du pôle de médicaments sans ordonnance), l'arrêt de la joint-venture avec Merck dans les vaccins en Europe et la cession de l'activité de génériques dans les pays d'Europe occidentale, tout en posant de premiers relais dans les maladies rares via l'acquisition d'Ablynx et Bioverativ. Mais après plusieurs années de faible croissance de l'activité, dans un contexte d'érosion marquée des ventes d'antidiabétiques -un ancien point fort pourtant- et de morosité du cours, Olivier Brandicourt a été fermement prié d'aller profiter d'une retraite anticipée.
Poursuivant l'alternance de nationalités à la tête du groupe, c'est un britannique, Paul Hudson, en provenance de Novartis, qui a pris la direction générale depuis septembre. Sans y être nécessairement pour beaucoup, ce dernier bénéficie d'une conjoncture boursière plus favorable, qui se confirme avec la notable accélération du jour.
Sanofi vise un taux de marge opérationnelle "des activités" de 30% d'ici 2022
Lors d'une journée investisseurs symboliquement organisée dans les locaux de Sanofi aux Etats-Unis, à Cambridge, Massachusetts -l'un des deux grands pôles des biotechs avec la Californie- le nouveau directeur général a dévoilé sa stratégie "pour dynamiser l'innovation et la croissance" de l'entreprise. "Nous allons appuyer nos efforts sur une recherche scientifique de premier plan, des priorités clairement définies et surtout, une volonté de résultats", a résumé Paul Hudson.En chiffres, l'idée est de parvenir à un taux de marge opérationnelle "des activités" (une mesure de performance non normée au plan comptable, excluant notamment les charges de restructuration, les écarts d'acquisition et les dépréciations) de 30% d'ici à 2022, à comparer à 19,3% en 2018, et de plus de 32% en 2025, un objectif particulièrement ambitieux donc.
Arrêt des activités de recherche dans le diabète et les maladies cardiovasculaires
La firme chiffre également pour la première fois ses attentes en matière d'économies, via plusieurs initiatives de rationalisation des dépenses visant à économiser 2 milliards d'euros d'ici à 2022, à réinvestir dans les leviers de croissance à marge élevée. En particulier, le groupe officialise l'arrêt de ses activité de recherche dans le diabète, marché en perte de vitesse, et les maladies cardiovasculaires. Bien qu'ayant presque bouclé les essais cliniques, l'efpéglenatide ne sera pas lancé. A contrario, Sanofi veut se concentrer sur Dupixent, estimant que les ventes de l'anti-inflammatoire pourraient atteindre plus de 10 milliards d'euros à l'année en rythme de croisière, sur son pôle de vaccins, et sur une sélection de six projets principaux encore au stade cliniques. Les leviers sont plutôt à chercher dans les domaine de la cancérologie, de l'hématologie et de la neurologie, ainsi en termes géographiques sur le marché chinois.Le groupe envisage également de générer des flux de trésorerie supplémentaires "par la cession de certains actifs". Si la santé grand public (médicaments sans ordonnance) n'est pas citée explicitement comme mise en vente, le fait que cette entité deviennent autonome, dotée de capacités de production et de R&D propres, suggère bel et bien qu'elle pourrait être facilement filialisée et/ou revendue. Le reste des produits seront gérés au sein de trois grandes entités seulement : médecine de spécialité, vaccins et médecine générale, toujours pour plus d'efficacité.
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